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Vendredi 13

noirRepartir de 2012… Repartir de 2012…

En pleine campagne présidentielle, Mohammed Merah lance « Tu tues mes frères, je te tue » au parachutiste Imad Ibn Ziaten avant de l’abattre. Puis il il assassine deux autres militaires à Montauban. C’est ensuite le massacre de l’école juive Ozar Hatorah. Les victimes de Merah sont donc des militaires et des juifs…

Trois ans plus tard, en janvier dernier, les 17 personnes qui sont tuées par les frères Kouachi et par Amedy Coulibaly se trouvent à proximité du journal ou dans Charlie Hebdo ; il y a aussi la policière de Montrouge et les clients de l’Hyper Cacher. Les victimes des Kouachi et de Coulibaly sont donc des journalistes, des dessinateurs ou des « proches » de Charlie Hebdo ; et puis des policiers et des juifs… (je ne sais pas comment prendre en compte l’assassinat perpétré dans l’Isère).

Depuis vendredi 13, ceux qui se pensaient moins concernés, hors empathie, par ces événements ont soudainement compris, je l’espère, qu’ils étaient aussi des cibles. En plein Paris comme, évidemment, au Stade de France, incarnation du brassage social, tant le football draine tous les publics.

Bien sûr, le 11 janvier, il y a eu une énorme émotion collective nationale ; des millions de #jesuischarlie dans nos rues (j’en étais). Mais ce consensus émotionnel a vite volé en éclat. Surtout beaucoup croyaient encore, ou espéraient encore peut-être, même un peu naïvement, qu’ils n’étaient pas visés, eux-aussi. Un journaliste de l’Obs, Julien Martin, a d’ailleurs l’honnêteté – j’ai failli « dire » la candeur – de l’écrire. Parlant du tueur qui a visé « son café », le Carillon, vendredi, Martin écrit « En janvier dernier, il fallait être journaliste, juif ou policier pour être tué. Aujourd’hui, tout le monde est menacé. Y compris quand on est musulman, si on ne vit pas comme IL (le tueur) l’entend. La peur doit être généralisée« . D’abord, le journaliste se trompe concernant les musulmans, ils sont les premières victimes de Daech. Pour le reste, évidemment, désormais, chaque français doit comprendre qu’il est une cible. Plus nécessaire d’être journaliste, dessinateur, policier, militaire, juif, musulman… Pas davantage d’appartenir à cette opportune « génération Bataclan« , cette « jeunesse qui trinque« , mise en avant par Libération, le 16 novembre à la « une » ; imaginez juste ici, un instant que, par malheur, les terroristes du Stade de France se soient fait sauter dans l’enceinte de Saint-Denis…

Eh oui, mes camarades…

Désormais, nous sommes tous visés. L’attentat avorté du Thalys, grâce au courage de passagers, le montrait déjà. Dès lors que des « Français innocents » – plus des cibles particulières – sont morts ou atteints ; si j’ose méchamment parodier la sinistre déclaration de Raymond Barre, lors de l’attentat de la synagogue de Copernic, en 1980.

Pour finir par l’Histoire, cet élargissement, cette extension des cibles n’a rien de nouveau.

En 1985, en 1986, en 1995 (pour parler d’Histoire contemporaine) notre pays a déjà connu des attentats visant tous les Français. Chacun d’entre-nous savait alors que le danger, la mort rodaient partout, frappant indistinctement : dans nos magasins, dans nos galeries commerciales, dans nos trains, dans nos RER, dans nos poubelles de rue, dans nos sanisettes. Le temps long, toujours…

En s’attaquant, à leur tour, au peuple de Paris, en tentant d’élargir leurs cibles jusqu’à la pluralité « nationale » du Stade de France, les terroristes du vendredi 13 modifient probablement les perceptions et les représentations de nombre de nos concitoyens. C’est probablement la nouvelle la plus importante de l’année.

 

6 Commentaires

  1. Si je comprends bien, moi qui suis juif, athée, blogueur régulier et chroniqueur occasionnel sur Marianne, et pilier des terrasses de café, je suis mal barré ?

  2. Elie , t’as intérêt à eviter la Belgique

  3. Parce que dans Tous nous sommes Un , Unique.
    Nous avons dans la lutte comme toujours pour la liberté, la responsabilité de défendre la volonté de vivre dans la République qui en France et seulement en France propose cette belle mais difficile idéal. Nous sommes atteint dans nos valeurs celle ici qui nous propose de vivre ensemble quelque soit nos origines, nos croyances nos mœurs…nos idéologies, nos désirs. Egalité Fraternité LIBERTE

    Pour moi ces assassins nous posent la vrais question celle du modèle dans lequel je suis née, sa singularité et la place qu’il me donne dans la société. Somme nous en capacité de le défendre au risque de nos vie de notre légèreté ?

    Il me donne dans la détresse une force inouïe la résistante que se suis, ne posera pas les armes
    La réponse est oui sans aucune hésitation.

    Merci Guy vousme-nous manquez ici dans votre épicerie

  4. J’en connais qui se frottent les mains. On va modifier la constitution, on va faire des lois d’exception « permanentes », on va renforcer le flicage et les procédures extra-judiciaires. C’est pain béni de laisser un appareil policier à ceux qui ne sont pas tout à fait républicains et qui ont toutes les chances d’arriver au pouvoir demain. Merci les socialos, doit penser la fille de son père.

  5. Il est vrai que les attentas précédents me paraissaient lointains, et je me sens en sécurité ici, en tout cas plus qu’en Syrie.
    Mais le pire coup après les attaques du 13 nov, fut hier. J’ai vu mon cousin sur la liste des terroristes suicidaires des attaques de Beirut. Je pleure encore. Mais je ne sais pas pourquoi. Peut être que le conflit me suis. Je ne sais pas quoi faire.

  6. je n’en peux plus de pleurer….
    Pourtant, mon fils, qui était au concert du Bataclan, est sain et sauf. Mais dans quel état…..
    Il n’arrive pas à raconter ce qu’il a vu, ce qu’il a senti, ce qu’il a ressenti.
    Il s’en remettra; bien sûr, mais cela sera long.

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