Lorsqu’un politique est gêné au entournures, il hurle au populisme. Démonstration…
Lorsqu’un politique est gêné au entournures, il hurle au populisme. Démonstration…
(…)
Suite à ma simple mise en relation des velléités de Charles Amédée de Courson d’augmenter les PV et de son propre itinéraire, en matière de conduite automobile (au demeurant déjà bien connu), le député, contacté par Le Post, assume et contre-attaque.
« Mes excès de vitesse n’ont strictement rien à voir avec le débat sur le prix des amendes pour stationnement payant non acquitté. Je ne suis pas un modèle de vertu en matière de vitesse mais le prix du stationnement est un tout autre problème« , explique-t-il. « Je ne suis pas hypocrite, j’assume totalement mon comportement et je paie mes amendes, moi« . « Ces articles sont populistes (…). Et je dirais ‘que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre‘ », conclut Charles-Amédée de Courson.
Amusantes réactions.
Je me réjouis, d’abord, de voir, qu’exactement comme je l’avais anticipé hier, c’est bien sur le registre du péché que Charles-Amédée situe son propos et son action : « Et je dirais ‘que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre‘ »…
C’est beau comme du Jésus. Mais ce n’est pas le sujet !
L’accusation de « populisme » est-elle plus traditionnelle et plus décevante.
Dès qu’un politique est critiqué pour des pratiques indélicates (euphémisme…) son premier réflexe est de hurler au populisme ou à l’antiparlementarisme.
Comme si critiquer un élu, parmi tant d’autres, revenait à critiquer tous les élus, les institutions, la démocratie, la République !
Il faut être un peu sérieux.
Si plaider pour qu’un élu soit cohérent, intègre est une marque de populisme, alors oui, je suis populiste !
Ce que j’ai voulu montrer, hier, c’est qu’il ne me semble pas responsable de jouer les « père-fouettard », quand on n’est pas, soi-même, exemplaire, vertueux.
Faut-il rappeler à monsieur de Courson – qui n’est donc « pas un modèle de vertu en matière de vitesse »… – que la lutte contre l’insécurité et la mortalité routières sont des enjeux que nos politiques les plus éminents ont largement mis en avant, ces dernières années ? Qu’on nous a même parlé de « grande cause nationale » ?
Certes, probablement, la baisse du nombre de morts sur les routes, rapporte-t-elle moins que l’argent des PV (cela reste à mesurer…).
Mais sur une échelle des valeurs (juridiques pas judéo-chrétiennes !), monsieur de Courson peut-il contester qu’un récidiviste des excès de vitesse (et de grande vitesse) est bien plus dangereux et bien plus nocif pour la société, qu’un pauvre gars qui ne paye pas toutes ses contraventions ?
Alors, je ne connais pas monsieur de Courson et je me réjouis qu’il « assume totalement son comportement », mais puisqu’il feint de ne pas avoir compris le sens de mon étonnement, je vais enfoncer le clou.
Comme élu, comme responsable, comme législateur, monsieur de Courson, avant de nous donner la moindre leçon, sur quelque sujet que ce soit, devrait simplement commencer par respecter les lois de notre pays.
Une histoire de décence.
« Démagogie est le mot qu’emploient les démocrates quand la démocratie leur fait peur » (Nicolas Gomez Davila)
On pourra désormais y ajouter « populisme »
C’est comme un sénateur dont je repecterais l’anonymat, qui déclare, tout fier, ne rien comprendre à internet. Arguant que grâce sa secrétaire qui se tape tout le boulot, il n’a pas besoin de s’y intéresser. Mais qui nous pond des propositions de lois sur le sujet. Peut-être a-t-il demander son avis à sa secretaire?
Pour réemployer une réplique célèbre de Michel Audiard:
« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. »
En homme courageux, il dit haut et fort ce qu’il pense.
Rétablissement de la peine de mort, interdiction de l’IVG et autres fortes convictions l’habitent.
Dans tous ses combats, Charles-Amédée de Courson s’engage à fond.
A fond la caisse…
La vertu ne colle pas avec le métier de politicien. D’ailleurs je déplore toujours que la politique soit un métier. S’il y avait une obligation de vertu pour faire de la politique, la première serait de ne pas y chercher un moyen d’enrichissement ou même de subsistance sociale. Mais la je fais du populisme profond. Ce monsieur a pourtant une réaction saine vis-à-vis des risées émises sur le décalage entre ses propositions et ses travers. Il est un bon représentant de notre pays en cela. Il est commun de vouloir l’existence de lois et d’en faire un hobbies que de les contourner, que ce soit dans nos petits comportements routiers de tous les jours ou en matière fiscale.
Je souriais dans ma jeunesse de voir dans la vitrine d’un vendeur de vélomoteurs, des kit de gonflage de moteur. Il y avait, à côté du kit, une indication : Vente autorisée, utilisation interdite.
Il y a chez les marchands de voitures, des véhicules qui ne demandent qu’à enfreindre les limites de vitesse, il y des propriétaires de chien qui préfèrent les pitt bull. Il y a des campagnes publicitaires très onéreuses décriant le tabac et des recettes fiscales qui feraient mal si elle ne rentraient plus grâce au tabac. Imaginons un monde vertueux, sans voitures ou utilisée modérément, sans tabac, sans alcool et même sans infractions routières, notre fiscalité en prendrait un sacré coup. Nous avons quand même bien un mécanisme fiscal basé sur la punition et non sur la vertu.
Si j’ai bien compris le précédent article, Charles-Amédée devrait plutôt s’appeler de Course !
http://tinyurl.com/67j7vy
Cher Guy, comment pouvez-vous faire du populisme quand vous n’êtes leader d’aucun parti ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Populisme_%28politique%29
C’est proprement impossible !
Pour ma part, je suis ravie d’apprendre que Monsieur de Courson paye ses amendes avec mes impôts…
>>Certes, probablement, la baisse du nombre de morts sur les routes, rapporte-t-elle moins que l’argent des PV (cela reste à mesurer…).<<<
Les morts c’est une chose, mais combien coûtent tous les accidentés, gravement blessés nécessitant opération et longue rééducation ? Et quid du coût de ceux qui restent handicapés à vie ?
Une vraie baisse des accidents de la route permettrait certainement de belles économies à la sécu et donc à l’Etat…
Monsieur Birenbaum,
Je suis moi-même un élu. Le peuple m’a fait député.
Ici, on peut déposer un commentaire en restant anonyme. Aussi, je me sens un peu comme à confesse.
J’ai tué ma femme. Mon geste était prémédité. Francine m’a poussé à bout, soyez-en sûr.
Son tempérament nerveux était notoire. Il a d’ailleurs facilité l’exercice, qui, je vous le promets, n’a rien de bien plaisant. J’ai maquillé son assassinat en suicide. Et l’affaire est, de fait, restée dans le sac.
Nul doute, j’ai péché.
Maintenant, ai-je péché en tant que député ou en tant qu’homme ? Moi seul, je peux le dire et je ne m’en prive pas : c’est l’homme tapi en moi qui a étranglé Francine, nerveuse, peut-être, mais aussi fieffée salope. Je vous le jure, Monsieur, le député n’y était pour rien.
Le député s’emporte pour d’autres causes (reprenez celle d’Amédée si un exemple peut vous aider). Et le député ne s’emporte pas autant, croyez-moi (Amédée sacrifierait-il pas sa femme pour une histoire de PV, je ne vous le demande même pas).
L’homme n’est pas le député.
A savoir si l’homme inspire le député.
A savoir si le député prend en compte l’homme qu’il est, dès qu’il n’est pas député.
Je pense que non.
Quelle audace, pensez-vous et la colère vous étrangle (attention, cela n’a pas porté chance à Francine).
Aussi, je vous dis comment je maintiens ce « non ».
J’ai assassiné Francine en 1978 (ou 1979 ?).
En 1981, j’ai voté pour l’abolition de la peine de mort. Je fus de ceux qui ont fait la loi qui instaure que personne ne peut assassiner un homme, quoi que ses crimes en aient parfois donné l’idée.
Une loi qui interdit que, froidement, on puisse décider à son tour d’assassiner, comme si l’on avait mis la main sur une raison supérieure, qui exempte, en agissant ainsi, d’être soi aussi un assassin. En croyant qu’il suffise d’y mettre la forme : au nom de l’émotion pour les proches de la victime. Or, si l’empathie est un partage, ce n’est pas se mettre « à la place » de ceux pour lesquels on l’éprouve. Autrement dit, condamner à mort au nom d’une émotion empruntée (aux proches de la victime) n’est pas du joli.
Avoir enfreint la loi en tant qu’homme ne m’a pas empêché d’avoir le sens de l’intérêt public. En 1981, être un assassin depuis 1978 (1979 ?) ne m’a pas égaré : la société ne se grandissait pas, à mes yeux, en organisant l’assassinat. C’est que j’avais fait la part des choses : l’homme tapi en moi devait rester à sa place, encombré de ses petites préoccupations privées ; le député que l’on m’avait demandé d’être avait charge d’âmes, seulement en partie c’est vrai, puisque le député ne marche pas tout seul, il marche en assemblée.
Et vous voudriez qu’Amédée fasse, lui, le rapport entre l’homme qu’il est et le député que le peuple a fait ?
Amédée a trouvé le mot juste : vous faites le populiste, Monsieur. Vous « vous réclamez des aspirations profondes du peuple, vous optez pour la défense des torts qui lui sont faits » (M.Larousse).
Aujourd’hui, le peuple hurle « A bas l’augmentation des PV ». On lui fait tort, donc vous le soutenez.
Si j’avais marché dans la voie que vous avez choisie, je n’aurais pas voté l’abolition de la peine de mort. Quand le peuple hurlait « A mort », moi, j’ai assumé qu’il soit déçu.
Quand le peuple voulait la tête de l’accusé, auriez-vous, vous aussi, réclamé qu’on l’entame par là ?
Mais vous n’êtes pas député, Monsieur, vous vous consacrez donc à l’homme que vous êtes. Comme la masse, vous vous passionnez pour vos petites préoccupations.
Quand Amédée n’a pas la tête à ça, quand il a des intérêts bien supérieurs.
Que ces intérêts supérieurs ne puissent pas s’inspirer de sa sphère privée (à croire d’ailleurs que la maréchaussée l’a dans son viseur, il y aurait beaucoup à dire sur la série de coïncidences qui ont surgi sur sa route) ne fait aucun doute.
Car ce serait croire que j’ai voté pour que l’on épargne la vie des assassins car il y avait eu Francine, ou plutôt, parce qu’il n’y avait plus de Francine. Admettez que ce serait injuste.
Grégoire
Député
Guy,
Le qualificatif de « populiste » est effectivement malvenu, et pour tout dire incorrect. En effet il eut suffit à Mr de Courson d’indiquer que vous ne fûtes que sophiste, et sophiste relativement basique, puisque selon les règles de la rhétorique, l’argument ad hominem circumstantiæ, qui est celui dont vous avez usé dans votre billet initial, est vraiment la plus rustique des variations sophistes.
C’est dommage, parce que le PV à 22 balles, c’est un vrai sujet de société, qui mériterait des rhéteurs de haut vol.
Le plus drôlatique, bon drôle comme dans la chanson de Mitchell, – C’est un drôle – du monde politique français est qu’il fonctionne à l’envers. Jamais n’existera le fait que ce sont eux qui ont sollicité notre mandat, qui ferait que le mandataire, lui, par contrat doit exécuter les ordres du peuple, comme dans toute société démocratique de base, mais nous qui les avons imploré, tel les dieux de la cuisse, de nous guider dans le sournois chemin du rêve incendié.
Ah ben tiens j’ai croisé Harry Potter, il s’est fait refaire le ratelier comme n’importe quel casté de dilemme. c’est vrai que la politique ça fout les jetons.
Grégoire, plus de trente ans de dépitation, à mon avis vous n’avez que trop servi. Surtout à l’époque où ne doit exister que la loi du mandat unique et l’élection à deux mandats consécutifs ou pas.
Une honte comme tant d’autres. il y a 25 ans il y avait à l’assemblée 1 élu de 40 ans pour 1 élu de soixante et un peu plus. ce jourd’hui pour 1 élu de quarante ans 9 élus de plus de soixante ans. Et que dire des sénateurs! Les conseillers, Séguela, Minc, sont les benjamins de l’équipe entre la Rolex au mont blanc et la magnéto pour faire le courant de l’ordinateur.
pour parler du futur il vaut bien mieux apporter notre mandat à ceux qui ont une chance de le connaître.
Je n’ai jamais péché par excès de vitesse (si c’est possible, ‘suis lent de nature) mais je n’en jetterai pas pour autant la pierre à l’Amédée. D’abord parce que ça manque d’ambition, comme fanfaronnade : Berlusconi, lui, avait pris une cathédrale non sollicitée dans la figure. Quoiqu’on pense de lui, ça vous classe un homme quand même. Ensuite, non-violent viscéral, même l’Entarteur belge me révulse. Enfin, la première pierre si je me souviens bien était destinée à la femme adultère. Un message subliminal, Charlie?
Vous allumez CAdeCO (dont je découvre l’existence pour ma part) sur ses grands excès de vitesse, vous avez raison, ce n’est pas bien. Reconnaissons lui le mérite de payer ses amendes (et ses retraits de points, je suppose ?), attitude assez rare dans le monde des élus et ministres.
D’autres puissants commettent des fautes et restent apparamment à l’abri de l’immunité diplomatique :
http://nicerugby.blog.lemonde.fr/2010/06/03/marie-a-tout-prix%E2%80%A6/
L’article est pas mal mais je trouve quand même la petite tirade finale légèrement… démago ! De manière générale, je trouve que quand on commence à faire de la « morale » l’alpha et l’omega de l’action politique, c’est justement qu’on n’a plus grand chose de « politique » à proposer. J’ai tendance à me méfier des vertueux auto-proclamés…