Un intéressant article des Échos (signé Cécile Cornudet) résume les difficultés auxquelles se trouvent confronté Nicolas Sarkozy, notamment à cause de la multiplication des scandales, petits et gros. Où il apparaît qu’internet énerve beaucoup l’entourage du Président…
Un intéressant article des Échos (signé Cécile Cornudet) résume les difficultés auxquelles se trouvent confronté Nicolas Sarkozy, notamment à cause de la multiplication des scandales, petits et gros. Où il apparaît qu’internet énerve beaucoup l’entourage du Président…
(…)
Bien sûr, tout n’est pas comparable.
Rien à voir entre les appartements de Christian Estrosi ou de Fadela Amara, le permis de construire d’Alain Joyandet, les cigares de Christian Blanc, la mission de Christine Boutin ou la mise en cause d’Eric Woerth et de son épouse, dans l’affaire Bettencourt. Et je parle même pas des suites possibles des révélations sur l’attentat de Karachi…
Mais cette multiplication d’affaires, de polémiques, de scandales, plus ou moins graves, créent un « climat ».
Et, au sommet de l’État, on cherche comment sortir de cette « seringue ».
Car, ni la visite médiatique des ses appartements par Monsieur Estrosi, ni le renoncement à ses émoluments de Christine Boutin, en plein 20 heure, ni l’admonestation de François Fillon, exigeant de Christian Blanc qu’il rembourse sur « ses deniers personnels la totalité de la dépense » liée à ses cigares, ne suffisent.
L’Elysée, qui le sait, voudrait donc riposter, apprend-on, légèrement amusé, sur le registre de la défense de la « République irréprochable ».
C’est pas gagné…
En tout cas, les Échos annoncent que « les dépenses vont être chassées et les dérives sanctionnées ».
La première mesure, annoncée hier, est la suppression – surprise – de la garden-party du 14 Juillet.
Et le chef de l’Etat devrait même présenter, la semaine prochaine, toute une série de mesures de réduction du train de vie de l’État.
Au delà de cette contre-attaque, que l’on jugera lorsqu’elle aura eu lieu, le plus intéressant se situe dans la conclusion de l’article des Échos.
On y apprend qu’une fois encore, internet est montré du doigt :
« Donner des signaux forts, mais éviter de s’auto-flageller : telle est la ligne que cherche l’exécutif, qui refuse plus que tout de porter seul le chapeau de ces dérives. Le chef de l’Etat s’inquiète devant ses visiteurs du ‘populisme ambiant’. Ses proches n’hésitent pas à montrer du doigt Internet et la ‘tyrannie de la transparence’. ‘Avec Internet, Mitterrand n’aurait pas tenu six mois’, assure un responsable UMP« .
Je regrette d’abord que ce soit malheureusement, une fois de plus, sous le sceau de l’anonymat – cet anonymat que journalistes et politiques reprochent si souvent à internet – qu’une déclaration si pertinente soit balancée.
S’agit-il là de propos si graves qu’on doive protéger leur auteur ?
Je ne crois pas du tout.
Et je vais même jusqu’à penser que cet anonyme « responsable UMP » a en partie raison.
S’il aurait, très probablement tenu, bien plus de six mois, François Mitterrand aurait quand même eu pas mal de difficultés à diriger le pays, pendant quatorze ans d’affilée, quand on revisite le nombre de polémiques et d’affaires troubles qui ont scandé et secoué ses deux mandats (je vous laisse votre « droit d’inventaire », comme disait l’Autre…)
N’évoquons que ce qui concerne la vie privée du Président.
Pardon…
Je veux dire sa vie publique, puisque nous parlons de pratiques, secrètes, financées par l’argent public, celui du contribuable.
Je suis persuadé qu’avec internet jamais François Mitterrand n’aurait pu cacher sa double vie aussi longtemps.
Ni évidemment sa maladie.
Qui elle non plus n’avait rien de privé : l’état de santé du Président est une information.
Je me revois encore, à Tolbiac, jeune étudiant en droit, totalement incrédule – j’avais 20 ans… – apprenant, dès la fin de l’année 1981 (dans mon lointain souvenir), par un pote de fac, que son père, médecin fort connu, soignait, avec d’autres, le Président de la République, atteint d’un cancer…
Évidemment je ne l’ai pas cru. Et j’avais tort.
Ah si j’avais déjà blogué…
Mais il ne faut pas se limiter aux septennats Mitterrand, comme le fait notre anonyme « responsable UMP ».
Jacques Chirac n’aurait, lui non plus, pas pu présider deux mandats, presque tranquillement.
Ses innombrables casseroles n’auraient pas toutes fait « Psccchittt », si internet avait déjà eu une telle portée.
En même temps, je ne suis pas un doux rêveur.
Je connais la puissance du pouvoir, des médias de masse et notamment de la télévision (même si l’apparition des chaînes d’informations en continu contribue à changer la donne).
La « Ligue des Justiciers » des quelques médias qui croient aux enquêtes (Le Canard en tête), des sites internet appartenant à des médias (faites vous même votre « bouquet »), des indépendants du net (Mediapart, Rue89, Bakchich, Arrêt sur images, Slate…), le relais de leurs enquêtes et révélations par des blogueurs, indépendants, responsables, et enfin financés, n’est pas encore pour tout de suite…
À vous de reconnaître Plenel, Schneidermann, Haski et les autres…
Parce que les enquêtes coûtent cher.
Et que si le net est un territoire illimité et concurrentiel, le financement du journalisme d’investigation n’y est pas assuré.
Alors, bien sûr, je comprends l’inquiétude du pouvoir.
Mais à la question « Nicolas Sarkozy sera-t-il le premier Président vaincu par/à cause de/grâce à internet ? », je ne connais pas la réponse…
Video Killed the Radio Star chantaient les Buggles en 1979.
Will Internet Kill the TV Star ?
That is the question.
BRP, y’a le Guy, il arrête pas de dire du mal de Mitterand !
Il est clair qu’Internet est une plaie pour l’oligarchie ne pouvant s’empêcher d’être malhonnête. Il va falloir composer avec, car avec Internet vient aussi la véritable démocratie. Cela ferait-il peur à nos élus ?
Ils sont gentils à l’UMP avec leur avis sur la longévité de Mitterrand revue à la baisse si le Net avait été de son époque.
Est-ce le seul argument plausible pour justifier les dérives du résident élyséen et son équipe en perdition?
Chacun appréciera..
Est-ce vraiment Internet qui permet que les affaires de Nico et ses amis soient mises rapidement sur la place publique?
Je n’en suis pas persuadé.
Il se comporterait normalement et non comme un Jesse James de pacotille, nul doute qu’il n’y aurait pas matière à scandales.
Mais son grand besoin de reconnaissance, d’être adulé, de se sentir indispensable, d’écraser ceux qui ne pensent pas comme lui ou qui font mine de lui faire de l’ombre l’empêchent d’être dans la vraie vie.
Il s’est construit un monde irréel aux méthodes dignes du temps de la prohibition et quand quelque fois il consent, pour l’image médiatique, à redescendre sur terre il en est tout catastrophé et ne supporte pas qu’un quidam ose utiliser ses propres méthodes !
Pourtant, il devrait être satisfait : « ensemble tout devient possible » quand même…
Il me fait penser à un de ces « chefaillons » que l’on a pu rencontrer dans sa carrière professionnelle.
Tellement incompétents, ayant atteint le seuil de Peter depuis tout petit déjà, ils se comportent toujours comme des bambins égoïstes, coléreux qui, grâce un pouvoir obtenu en général par fourberies, sème la peur autour d’eux et écrasent les concurrents potentiels.
Internet ou pas, ces gens-là, dont le charisme n’est pas le trait de caractère le plus étonnant, finissent par tomber dès qu’ils ont engrangé la rancune.
« Avec Mitterrand, Internet n’aurait pas tenu six mois… ».
On avait ça à l’époque :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Minitel_1.JPG
et on savait le vendre !
« l’état de santé du Président est une information. »
Ah oui ?
Alors à propos, le bulletin de santé de Nicolas Sarkozy est toujours retenu en otage depuis son élection.
Souvenons-nous de son hospitalisation secrète fin 2007 pour un « phlegmon ». cf http://zgur.20minutes-blogs.fr/archive/2008/01/09/le-cancer-de-sarkozy1.html
Ou de son célèbre malaise « vagal ».
Alors sur ce sujet non plus, Sarkozy ne fait pas mieux que Mitterrand. Mais, ça, on commence à en avoir l’habitude.
Arf !
Zgur
Le raisonnement de l’UMP est vieux comme le monde: dans l’Antiquité, quand un messager apportait une mauvaise nouvelle, on le mettait à mort. Le pouvoir actuel voudrait maintenant faire la même chose avec le net: plutôt museler le réseau qu’avouer ses propres turpitudes.
Les politiques se demandent comment enrayer le « populisme ambiant » qui fait tant peur à Sarko? D’abord en évitant de recourir à ce genre de raisonnements biaisés et en assumant leurs erreurs. A mon avis, on peut toujours attendre…
S’il y avait eu internet à l’époque, Mitterrand se serait fait interviewer par Yves Morousi via twitter, Daniel Balavoine aurait fait un blog « je suis le porte parole de la jeunesse et je dis des gros mots », de Grossouvre et Beregovoy se seraient contenté de supprimer leurs comptes Facebook et Jack Lang aurait imposé aux FAI le prix unique de la connexion…..
Mais tant qu’à se faire un trip SF, c’est au début des 70’s qu’il aurait fallu qu’internet existe (comme ça on aurait pu voir sur youporn des sextapes des soirées pompidoliennes)
On peut toujours tout supposer !
Avec la bombe atomique, l’homme des cavernes n’aurait pas vécu 23 ans (je suppose que c’était l’espérance de vie de l’époque)!
Je ne trouve pas du tout que l’exégèse umpiste soit pertinente pour deux centimes d’Euro. Internet s’avère être, pour l’instant, un élément perçu comme perturbateur (et sans doute l’est-il assez) de notre monde de 2010. Si l’on se transporte dans les années 1980, ce n’est pas d’Internet qu’il faut parler mais de tout autre élément dont l’impact perturbateur pourrait être relativement équivalent à celui d’Internet aujourd’hui. Et j’insiste sur le relativement !
Quand on a dit ça, on peut ajouter dans les années 1980 il y a eu le développement des radios FM…
Il y a bien des choses qui ont l’air pertinentes mais qui n’ont que l’air. Sans doute l’air suffit-il à faire bouffer les girouettes. L’inconsistance n’est cependant pas le propre de l’homme…
Rien à voir :
http://www.lepost.fr/article/2010/06/25/2129301_un-journaliste-de-france-3-ile-de-france-gifle-par-le-service-d-ordre-de-n-sarkozy.html
Tout dépend de la place de le cerveau pour emmagasiner le flux continuel de l’information. De même que chacun de vos post arrête l’intérêt du précédent, chaque scandale étouffe le précédent. Ainsi il est facile de gérer les scandales les uns après les autres.
A l’époque des partouzes pompidoliennes, des diamants giscardiens et autres mazarinades mitterrandiennes, le sentiment de partage de la richesse et des
efforts entre l’ensemble des citoyens n’était pas le même. A tort ou à raison.
Je ne sache pas que Marie-Antoinette ait eu à se plaindre d’internet. Ses histoires de collier et de brioche ont pourtant allumé une révolution qui sauf erreur de ma part, avait largement germé dans la crise agricole de 1788. Sa majesté Sarko, sa Merteuil et leur cour feraient bien de s’en souvenir.
Si seulement ce pouvait être vrai que le Net arrive à réduire au silence et surtout à l’absence ce si mauvais président…..
Il est évident qu’à l’approche des présidentielles la grande lessive a commencé.
Sur France inter avec la suppressions des chroniques de Porte et Guillon, sur la tv du service public avec la prochaine nomination du President par le President, avec l’intervention de l’Elysée dans la réprise du « monde » et les incertitudes concernant la survie du post.fr (nid de bloggeurs par définition) , avec le projet de loi sur l’anonymat des bloggeurs, avec la demande par la justice du retrait sous contrainte des enregistrement Bettencourt sur le site Médiapart (atteinte à la liberté d’informer)….to be continued!
Espérons que les français auront de la mémoire.
Un post intéressant est le suivant:
Quand les médias établis se réveilleront il sera trop tard
http://pisani.blog.lemonde.fr/2010/06/06/quand-les-medias-etablis-se-reveilleront-il-sera-trop-tard/
Il est question de HuffPo, qui a commencé sur Internet, avec des blogueurs influents et la présentation d’articles provenant d’autres sites (agrégation). La qualité a été jugée moindre.
Mais elle a grandi avec le temps et le trafic de HuffPo, et sa qualité, commence à faire de l’ombre à NYT.
Bref, même si je n’envisage pas sous peu la création en France d’une « Ligue des Justiciers », preuve en est que de nouveaux médias peuvent se créer sur Internet, et suivre une qualité croissante.
Les cartes peuvent être encore rebattues.
Oui, mais. Il leur manque une chose de Mitterrand.
l’intelligence!
Il me semble que Mitterand n’ai jamais insulté un de ses concitoyen-administré !!!
C’était une autre époque ou les hommes qui avaient le sens de l’honneur se faisaient seppuku…
Euh, si on prend en exemple la dernière polémique qui concernait un Mitterrand et a enflé sur le Net s’est réglé à la télé et n’a abouti à… Aucune démission.
Dans le même esprit, Jean Sarkozy n’est peut-être pas président de l’Epad grâce à Internet, mais il fait quand même partie de son Conseil d’Administration, ce qui est plutôt costaud pour un jeune homme qui n’a même pas une licence de droit.
Autrement dit, le Web a cette formidable capacité à sortir des infos poil-à-gratter et à faire débattre tout le monde dessus. Mais dans les faits, il faut reconnaître que la plupart de ces scandales finissent par retomber comme des soufflés ou par déboucher sur des compromis surtout satisfaisants pour ceux qui ont été pris la main dans le pot de confiture. De ce coté-là, Internet n’a rien changé, et il ne faut pas se laisser leurrer non plus.
D’ailleurs, de toutes les polémiques que vous citez plus haut, les politiques impliqués joueront le temps et risquent de se faire oublier aussi vite qu’ils ont été pointés du doigt. Et de son temps, François Mitterrand aurait certainement fait pareil.
Pour conclure, le vieil adage « une info chasse l’autre » se vérifie encore plus sur le Net. Et c’est pas près de changer.
Bah non ! Sans le net JS serait président de l’Epad et ç n’a rien à voir !
Tout celà n’explique toujours pas la présence de Louis Sarkozy sur les lieux de l’interpellation de « l’insulteur » lors de la visite du Père-Président dans le 93. Formation individuelle ??? La vidéo semble difficile à revoir
Avec Internet, les choses deviennent connues mais les politiques n’agissent pas différemment. Pour moi la preuve ce sont les affaires ClearStream et Hortefeux. Les politiques répondent qu’ils n’ont des comptes à rendre que lors des élections et que pendant la période de leur mandat c’est « circulez, il n’y a rien à voir ».