Les journalistes politiques devraient être les premiers à guetter et pointer les conflits d’intérêts. Mais ils sont parfois bien mal placés pour remplir ce rôle…
Les journalistes politiques devraient être les premiers à guetter et pointer les conflits d’intérêts. Mais ils sont parfois bien mal placés pour remplir ce rôle…
(…)
Je lisais tôt ce matin une interview grandiose – comme il se doit – du président de l’Assemblée nationale, dans Le Figaro.
Bernard Accoyer commence par défendre, comme il se doit, Éric Woerth.
Il y a, selon lui, des « rumeurs non vérifiées et démenties en amalgames », des « procès d’intention ». Pire, même, « une nouvelle fois la France est entrée dans une de ces ères de suspicion, de dénonciations particulièrement désolantes ». Bref, de « tristes manœuvres. Alors même que toutes les voix des intéressés ont démenti ces prétendues révélations. Comme l’a dit le chef de l’État, il faut revenir à la vérité, aux réalités, aux priorités ». Et tout ça pourquoi, je vous le demande ? Parce que « la cible de cette polémique sans fondement est Éric Woerth, le ministre en charge d’une réforme essentielle, qui est une priorité nationale : les retraites ».
On connait la chanson.
Malgré ces fortes dénégations concernant le cas Woerth, le Président de l’Assemblée se prononce, paradoxalement, pour que la lutte contre les conflits d’intérêts devienne une priorité gouvernementale :
Question : « Nicolas Sarkozy a annoncé la création d’une commission pluraliste sur la notion de conflit d’intérêts. Qu’en pensez-vous ? »
Réponse d’Accoyer : « Je soutiens totalement cette initiative très importante. La France a incontestablement un retard en ce domaine par rapport aux autres démocraties. Sont concernés les ministres, les élus et un certain nombre de fonctionnaires de haut niveau ».
Relance (sauvage, la relance…) : « Le Parlement doit-il participer à cette réflexion ? »
Réponse : « Oui. Mais les élus ne peuvent pas seuls trancher cette question dans la mesure où ils sont eux aussi concernés. On l’a encore vu au cours de cette session, lors des discussions sur la suppression de la taxe professionnelle et sur la réforme des collectivités territoriales. Les parlementaires et élus locaux sont souvent partagés entre la défense des ressources des collectivités locales et l’exigence nationale d’une réforme du millefeuille territorial.
J’allais me réjouir de la détermination du Président de l’Assemblée, car effectivement, dans notre pays, le conflit d’intérêts est permanent.
J’ai alors glissé, doucement, jusqu’aux noms des journalistes décidés qui avaient réalisé cet entretien.
Là, je n’ai pas pu m’empêcher de pouffer.
Entendons nous bien, il n’y a strictement rien de personnel dans ce qui va suivre.
Juste un constat clinique qui montre que beaucoup de nos journalistes politiques ne VOIENT MÊME PAS ce que l’on nomme un conflit d’intérêts.
L’interview a été réalisée par Sophie Huet et Philippe Goulliaud.
Je n’ai rien contre eux.
Je ne les connais pas.
MAIS…
Sophie Huet est la présidente, depuis 2006, de l’Association des journalistes parlementaires.
Il faut savoir que les présidents en titre de l’Assemblée nationale et du Sénat sont traditionnellement désignés comme présidents d’honneur de cette association, quelle que soit leur appartenance politique. Et que l’association a son siège au Palais Bourbon.
Disons que c’est un tout petit peu gênant, mais que ce n’est pas trop grave.
MAIS…
Le 14 juillet dernier, Sophie Huet est devenue officier de la Légion d’Honneur…
Comment, à quel titre, un(e) journaliste politique en activité peut-il/elle simplement concevoir d’être décoré(e) ???
Je n’ai pas la réponse à cette question.
Si Madame Sophie Huet a sauvé, récemment, un bébé phoque de la noyade (ou du réchauffement) dans la Seine, qui coule face à l’Assemblée nationale et pas très loin du Sénat, je m’incline.
Mieux, je m’excuse. Et je me fustige.
Mais sincèrement, j’en doute…
Je crains malheureusement que cette décoration – une de plus – octroyée à un(e) journaliste ne soit qu’un symptôme – un de plus – du conflit d’intérêts permanent qui gangrène notre démocratie.
Quant à l’interview de Bernard Accoyer par la même Sophie Huet, c’est la petite cerise sur le gâteau.
Elle illustre juste la schizophrénie d’une journaliste (parmi tant d’autres…) qui, questionnant un élu sur les conflits d’intérêts, ne se rend même pas compte qu’elle nage dedans… Jusqu’au cou.
Oh le joli ruban !
Nous sommes bien dans une ère propagandiste où les rétributions et gratifications s’apparenteraient dans d’autres pays à de la corruption.
C’est ce que dans la novlangue de « 1984 » on appelle la doublepensée (doublethink), discipline mentale dans laquelle nos Glorieux Leaders sont malheureusement passés maître.
On ne sait si Eric Woerth parviendra à surnager, mais pour le Figaro, il aura réussi à plonger au niveau du nouveau France soir.
Encore une fois vous touchez juste.
Les dommages (et intérêts) dus à Sarkozy, le mariage d’intérêt entre DSK et Aubry, le centre d’intérêt de Bayrou, …
Y en a marre de ces intérêts qui s’opposent.
Ca y est, le Week-end est fini ?
On va avoir pour une semaine de « Eric Woerth est innocent, tout cela n’est que mensonge, allégation sans preuves et patati et patata !! »
Rien à voir avec le produit mis en tête de gondole (excellent comme d’hab), j’aime votre oeuf pondu.
J’ai pris une grande tarte dans la gueule.
Parce que je suis une femme et que comme beaucoup d’entre elles, j’ai vécu la même chose. Et la boule s’installe au creux de votre ventre: colère, peur, rage, sensation de la proie que l’on traque…
Même des semaines, des mois, des années après, la brulure reste vivace.
Je refuse cependant de cacher mes jambes, de porter des cols roulés en été, de cacher ma féminité.
Ce sont eux les pervers, la femme n’a pas à se cacher.
Et tant bien même elle le ferait, cela n’empêcherait pas ces porcs de se frotter.
Décidement, vos oeufs sont bien plus étonnants que « the best of cocos »: le seul, l’unique « Kinder surprise ».
Quand 2 femmes journalistes refusent la décoration
« Rien, dans mon parcours professionnel, ne justifie pareille distinction. Je pense en outre que, pour exercer librement sa fonction, un journaliste politique doit rester à l’écart des honneurs. Pour ces raisons, je me vois dans l’obligation de refuser cette distinction »
C’est chez ACRIMED http://www.acrimed.org/article3413.html
Pour P. Gouillaud la médaille c’est en 2007
moi aussi , j’ai bien apprécié cet oeuf du jour ;))…mais il paraît que finalement « la cocotte » est arrivée la première, avant l’oeuf, c’est pour ça , ça fait des jalouses et des jaloux!!!
Ecoutez cet enregistrement pirate hallucinant :
Ci-dessous, Patrice de Maistre, le 23 avril 2010, à propos du conflit d’intérêts de Florence Woerth :
« Je me suis trompé quand je l’ai engagée. C’est-à-dire qu’en fait, avoir la femme d’un ministre comme ça, ce n’est pas un plus, c’est un moins. Je me suis trompé. Pourquoi ? Parce que comme vous êtes la femme la plus riche de France, le fait que vous ayiez une femme de ministre chez nous, tous les journaux, tous les trucs disent : « Oui, tout est mélangé, etc. » Bon. J’avoue que quand je l’ai fait, son mari était ministre des Finances (du Budget, NDLR), il m’a demandé de le faire. Je l’ai fait pour lui faire plaisir. »
http://www.mediapart.fr/journal/france/280610/bettencourt-pourquoi-eric-woerth-ne-dit-pas-la-verite
Voilà qui me réconcilie avec toi, même si je me doutes que tu n’en as rien à f…
Enfin un billet qui ose, qui se risque, qui fait avancer le schmilblick, comme je les aime. Dans l’état de société qui est le nôtre, l’indépendance de la presse, comme celle de la justice, sont des sujets cruciaux qui m’interpelllent particulièrement en ce moment. content de voir que tu y mets toi aussi ton petit grain de sel.
« L’horreur des honneurs en tout genre figure en bonne place parmi les motifs de refus. L’écrivain Marcel Aymé eut à ce propos les mots suivants: «[…] pour ne plus me trouver dans le cas d’avoir à refuser d’aussi désirables faveurs, ce qui me cause nécessairement une grande peine, je les prierais qu’ils voulussent bien, leur Légion d’honneur, se la carrer dans le train, comme aussi leurs plaisirs élyséens.»
🙂
« L’organiste Jean Guillou refuse la Légion d’honneur »
http://www.liberation.fr/culture/0101647765-l-organiste-jean-guillou-refuse-la-legion-d-honneur
Mr Birenbaum,
Je ne saurais que vous conseiller de faire attention, vous avez déjà réussi à être d’accord avec Mme Morano sur le salaire des journalistes. A trop taper sur votre corporation cela va mal finir !
Personnellement politichiens, Journalistes, Medef tout cela est égal à ce que Mr Fela appelait avec sérieux :
V.I.P. – Vagabond In Power
http://www.youtube.com/watch?v=l__IRDnC9m0&feature=related
Normad.soul, je n sais si cela à changé mais il y a peu il fallait la demander!! Genre , Je sollicite votre haute bienveillance dans cet honneur que je veux mien et par cet insigne….. bla bla bla…… en plus d’être parrainé. Parce qu’il fut un temps, où les refus étaient légion. Et cela faisait mauvais genre, on savait tout de suite où se trouvaient les carpettes et autres lieux où satisfaire ses besoins animaliers. C’est que la légion d’honneur vous fait passer du simple manant à celui de citoyen et tout le respect qui lui est dû.
Quand vous aurez compris que je ne suis pas journaliste…
La Légion d’Honneur n’a aucune valeur, ni aucun mérite… si ce n’est pour flatter l’Ego des membres du Premier Cercle et leur entourage, des journaleux&Cie de Paris.
@ ceriselibertaire
Les deux journalistes dont tu cites, ont eu toute mon admiration et m’ont redonné un brin d’espoir en ce pays et dans le journalisme français. De part ce geste, noble et humble, elles ont (sans le savoir) redoré auprès de leurs compatriotes à l’étranger le blason de leur profession et des valeurs incommensurables liées à l’histoire de la France.
Bref.
Il ne faut pas oublié que pour la promotion de la nouvelle année, leurs noms ont été proposés par R.Karoutchi… cela a été l’un des revers (parmi tant d’autres… qui allaient notamment advenir..) de RK lorsqu’elles ont refusé et l’ont exprimé dans la presse (en particulier dans Le Monde, si ma mémoire est bonne).
@ BA
Un des W. a reconnu avoir sous-estimé le conflit d’intérêts. LOL
Honnêtement, les Woerth me font vraiment pitié.
Mais en même temps, si Patrick B. (le parrain de JS) se considère comme » l’homme le plus honnête du monde » (dixit)… cela me m’étonne guère qu’Eric W. se considère comme « un homme d’honneur ».
Cela me fait bien rire. RFLMAO
PS :
@ BA la liste de ton lien est intéressante. Je ne suis pas surprise d’y voir Elkabach..
Le soir du second tour de la dernière élection présidentielle, ce « journaliste » faisait les questions et les réponses :
Elk. : ‘Pensez-vous que NS ferai un bon pdt de l’Europe ?’
Elk. : ‘Oui’
…
C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase, en ce qui me concernait.
Bonjour et merci d’avoir cité Slovar dans les sources de cet article.
@ Slovar. C’est normal.
Tout à fait d’accord avec Guy
Tout à fait d’accord avec Guy
Interview de Jacques Bouveresse par Sylvain Bourmeau – Mediapart – Jacques Bouveresse refuse la Légion d’honneur pour ne pas se «retrouver en bien mauvaise compagnie»
http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/310710/jacques-bouveresse-refuse-la-legion-dhonneur-pour-ne-pas-se-retrouver-e
Professeur au Collège, titulaire de la Chaire de philosophie du langage et de la connaissance, Jacques Bouveresse a pris sa retraite de l’enseignement en cette fin d’année universitaire. Quelques jours plus tard, l’un de ses amis et collaborateur l’informe que son nom est cité parmi les «promus» du 14 juillet de la Légion d’honneur. Jacques Bouveresse n’avait pas été informé et, aussitôt, il décide d’écrire à Valérie Pécresse, à l’origine de ce qu’il prend comme une très mauvaise nouvelle, pour lui signifier son refus (lire sa lettre ici). On ne peut manquer de rapprocher, par contraste, cet épisode d’un autre: celui de la remise de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre par Eric Woerth. L’occasion pour Jacques Bouveresse de nous expliquer les raisons de son refus mais aussi de nous livrer ses commentaires sur l’affaire Bettencourt-Woerth.
(…)
Alain explique qu’il n’a jamais eu de sympathie pour «la partie de l’homme qui aime la guerre, les honneurs et le pouvoir» (ibid., p. 9). Je n’en ai jamais eu non plus et j’en ai, d’une certaine façon, encore moins aujourd’hui qu’autrefois. Ce n’est, du reste, sûrement pas une chose dont je pourrais être tenté de m’enorgueillir, parce que je n’ai réellement aucun effort à faire pour cela.
Dans le cas des honneurs, je suis simplement trop sensible à ce qu’Alain appelle «le creux et le ridicule» de la chose pour réussir à la prendre au sérieux; et je trouve que les occasions d’être ridicule sont déjà bien assez nombreuses sans cela (je parle ici, évidemment, à titre strictement personnel). Je n’aurais donc sûrement pas accepté l’«honneur» dont nous parlons s’il était venu d’un gouvernement de gauche, mais je suis évidemment encore bien moins disposé à l’accepter d’un gouvernement comme celui dont nous subissons actuellement la politique. Si ceux qui sont à l’origine de la décision de me le conférer souhaitaient me manifester une forme d’égard pour ce que la lettre de la ministre appelle «un parcours professionnel exemplaire et des mérites éminents», la meilleure façon de le faire aurait certainement été de continuer à oublier, autant que possible, mon existence.
(…)
Je ne sais pas si ceux qui nous gouvernent, considèrent désormais, contrairement à ce que je croyais, pour ma part, naïvement être l’usage, comme normal d’ignorer l’avis de ceux qu’ils prétendent honorer contre leur gré et de les mettre purement et simplement devant le fait accompli. Si c’est le cas, cela ne constitue malheureusement qu’une preuve supplémentaire du mépris avec lequel ils sont capables de traiter des gens pour lesquels ils n’ont en réalité aucune estime réelle
(…)
Je crois me rappeler que Nietzsche, dans Par-delà le bien et le mal, parle d’une sorte de «droit au mauvais caractère» qui doit être reconnu constitutivement au philosophe. C’est un droit que j’ai toujours revendiqué et n’ai jamais hésité à exercer. J’aurais préféré, naturellement, que l’on évite de me donner l’occasion de le faire une fois plus, ce qui, après tout, n’était pas tellement difficile pour des gens qui sont censés réfléchir un peu à ce qu’ils font.
Un interview de qualité à lire. Voici les autres questions posées :
• La ministre a-t-elle réagi à votre refus ?
• Il y a quelques mois le ministre Eric Woerth remettait la Légion d’honneur à l’employeur de son épouse, M. de Maistre. Que vous inspire aujourd’hui cette conception de l’honneur dans la République française?
• Quel regard le philosophe que vous êtes porte-t-il sur ce qu’on appelle désormais l’affaire Bettencourt-Woerth?
• Comment expliquer qu’une notion si évidente dans d’autres pays, le conflit d’intérêts, ne soit non seulement pas appliquée mais si mal comprise en France?
• L’une des questions majeures que pose l’affaire Bettencourt-Woerth aujourd’hui est celle de la non-indépendance de la justice. Qu’en pensez-vous?
• Comment avez-vous reçu les attaques violentes dont la presse a fait l’objet de la part du président de la République et de sa garde rapprochée?
AKAIK you’ve got the asnwer in one!
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