Hop…
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n°18 Christophe Trivalle
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n°18 Christophe Trivalle
Tout a commencé avec une tribune de Gérard Miller publiée dans Le monde, titrée "Jamais autant de juifs français n'ont perdu à ce point leur boussole morale". Pour moi, rien n'allait dans cette expression "juifs français". Reprenant l'écrit fulgurant de mon regretté...
Gloire aux FTP-MOI !
Monsieur,
Mon beau-père serait content de vous entendre.
S’il était comme au départ.
Et s’il était là, déjà.
Dans le service, ils vont se rappeler du 25 décembre 2010.
Le beau-père a fugué.
Ce n’est pas tant de ne pas encore avoir pu remettre la main dessus qui gêne les employés de l’étage (le n°5).
Même si ça les peine, ils disent que c’est moche que le beau-père finisse dans un fossé (*).
Mais en même temps, ajoutent-ils.
Non, le plus embêtant, c’est que, dans le service, des têtes vont tomber. Alors qu’ils sont déjà juste juste en effectifs.
Ils disent que c’est décourageant à la fin.
Mon beau-père serait content de vous entendre.
S’il était comme au départ.
Eh bien, admettons : ce n’est pas Noël tous les jours.
S’il était comme au départ, quand il a été admis dans le service.
Lui, il était contre, ce qui peut se comprendre après tout.
De ne plus savoir où il avait garé sa voiture, de ne pas être fichu de se souvenir du menu du déjeuner, le beau-père, il ne trouvait pas ça catastrophique.
Surtout, ça ne l’empêchait pas de profiter de sa maison –au passage, c’est dans le canapé qu’il campait le plus souvent– et de son jardin, d’autant qu’à partir d’un moment, ça lui arrivait d’être agréablement surpris de le trouver là et il remerciait la municipalité d’avoir pensé à faire un parc devant chez lui.
Bref.
Quand il est arrivé dans le service, le beau-père n’était pas bien content.
Ce n’est pas du personnel dont il se plaignait.
Enfin, pas au début.
Après, si.
Mais quand ma femme présentait des excuses en son nom, les employés disaient que c’était normal dans son cas.
Peut-être qu’ils répondaient ça pour que Solange ne se fasse pas du mauvais sang, peut-être qu’ils voulaient qu’elle comprenne qu’on n’est pas responsable des bêtises que font de ses parents.
Donc, au début, le beau-père n’était pas bien content et le personnel n’avait rien à y voir.
Non, il pleurait sur lui.
C’est drôle, hein ?
A 88 ans, se mettre à chialer.
Et puis bien, avec ça.
Moi je trouve que c’est beau d’arriver à 88 ans.
D’ailleurs, au beau-père, je le lui ai dit.
Je ne sais pas si c’est une coïncidence, mais je crois que c’est dans ces eaux-là qu’il ne m’a plus parlé.
En même temps, ses jérémiades, ça commençait à bien faire.
Et à 1 733,70 € par mois l’hôtel, on peut être correct quand même. Et qui complète je vous le demande car ses 905 € de pension, c’est loin de faire l’addition.
Mais de la part du beau-père, ça ne m’étonne guère, entre lui et moi, le courant n’est jamais trop passé.
Bref.
Donc, il pleurait sur lui.
Surtout au moment de la toilette.
Comme s’il ne fallait pas se laver dans la vie.
Après, il a eu de ces idées, je vous jure.
Ils l’ont retrouvé un jour avec le cordon de la sonnette autour du cou.
Il voulait s’étrangler.
Dans le service, ils lui ont dit qu’il ne fallait pas faire ça, je les ai trouvés gentils parce que s’ils n’avaient que des clients pareils, ils seraient servis. C’est ce que je leur ai dit. En ajoutant, après tout, vous n’êtes pas tant que ça.
Ça, pas sûr qu’ils aient entendu car ils ont simplement répondu : « Vous savez Monsieur, si, ils sont tous comme ça comme vous dites ».
Mon beau-père serait donc content de vous entendre.
S’il était comme au départ.
Aussi préoccupé de sa petite personne, il aurait cru que vous lui parliez à lui et aux employés de son étage quand il s’entendait bien avec.
Je me demande si je ne vais pas leur dire aux employés, pour votre vidéo.
Oui, je crois que je vais le faire.
Avant, j’attends qu’on ait retrouvé le beau-père dans le fossé.
Parce que je ne sais pas quelles têtes vont tomber.
Ça ne sert à rien d’en parler à quelqu’un qui est viré.
Comme si c’était de sa faute.
Maurice.
(*) Pour avancer cette hypothèse, ils se fondent sur des statistiques et ils regrettent d’avoir eu l’idée, un jour, de les établir.
@Fabienne
… il pleurait sur lui….
….mais je crois que c’est dans ces eaux-là qu’il ne m’a plus parlé.
Tout est dit.
Les parents doivent vieillir et mourir auprès de leurs enfants….Dans un monde civilisé
Bonnes fêtes à vous, votre beau- père et les autres beaux- vieux
Un témoignage terrible !
La triste réalité au quotidien !
Respect.
@Fabienne
Très beau texte plein de vérités.
J’ai même eu peur que vous parliez de mon service…
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