Ah le joli scandale que voilà ! Finalement, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a décidé de retirer Louis-Ferdinand Céline du calendrier des célébrations nationales de 2011. Il a en effet estimé que « déposer une gerbe aux pieds de Céline au nom des valeurs de la République, pour l’instant, et pour toujours je crois, ce n’est pas possible ».
Ah le joli scandale que voilà ! Finalement, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a décidé de retirer Louis-Ferdinand Céline du calendrier des célébrations nationales de 2011. Il a en effet estimé que « déposer une gerbe aux pieds de Céline au nom des valeurs de la République, pour l’instant, et pour toujours je crois, ce n’est pas possible ».
(…)
Depuis le recul de Frédéric Mitterrand, après que Serge Klarsfeld – notamment – se soit indigné, je sens l’énervement qui monte.
Ce qui est scandaleux, c’est d’avoir retiré Céline de la fameuse liste.
En déjà, les amalgames sortent des sous-bois.
De l’extrême droite à l’extrême gauche, on prend plus ou moins de gants pour expliquer que les mêmes qui font censurer Céline feraient mieux de s’indigner de la situation des palestiniens dans la Bande de Gaza. Pas besoin de vous faire un dessin.
Encore quelques heures et la « concurrence des mémoires » va rouler sur le tapis.
Des juifs se plaignent ?
L’état obtempère.
Mais, pour l’esclavage la France n’en fera jamais autant ! Je vois venir mon Dieudonné gros comme un camion.
D’autres, un peu plus fins, iront gratter dans la liste des célébrés qui le restent – célébrés -, pour y trouver d’autres salauds qui ont d’autres torts…
Et ils trouveront.
Et ils s’indigneront.
Ces polémiques sont vaines.
Et surtout les arguments utilisés ne sont pas les bons.
Céline n’était pas simplement un antisémite délirant.
C’était un raciste et un salaud.
Il suffit de lire sa correspondance (Céline, Lettres, La Pléiade, Gallimard) pour apprécier sa haine de l’autre.
Voici une lettre envoyée, en mai 1942, à un auteur, André Coeuroy, qui lui avait fait parvenir un livre sur le jazz*
Dans cette lettre Céline dégueule sur les « nègres » et sur les « youtres » et leur « grand programme » : « Enculez l’aryen ». J’aurais plutôt écrit « Enculer l’aryen », mais c’est du Céline…
Passons sur le « bougnoulisme » et sa préférence pour les « marches militaires allemandes », en mai 1942.
Les 2000 pages du recueil de la Pléiade ruisselle de la haine de ces lettres indignes.
Surtout, Céline savait parfaitement ce qu’il faisait en les envoyant à d’autres auteurs ou à des journalistes.
Comme l’écrit Henri Godard, dans la préface de ces Lettres, « …pendant l’occupation, ses correspondants sont souvent des journalistes dont il sait (il les autorise parfois expressément) qu’ils publieront les lettres dont il les gratifie » (p XIII).
Il faut être clair.
Il n’est pas question d’interdire ses écrits.
Je regrette qu’on ne puisse plus trouver certains de ses pamphlets, que des textes restent censurés. Bannis.
Je suis pour que chacun puisse lire Céline.
Qu’il figure dans les livres et les programmes scolaires.
D’ailleurs il a les honneurs – mérités – de la Pléiade.
Mais j’aurais été choqué qu’il soit célébré, parmi « ceux dont la vie, l’œuvre, la conduite morale, les valeurs qu’ils symbolisent sont, aujourd’hui, reconnues comme remarquables » (voir le texte intégral de la préface d’Alain Corbin pour le document de la célébration 2011).
Le même Henri Godard qui préface les Lettres avait rédigé, pour l’occasion, un texte (il en subsiste la trace ici), visant à justifier la célébration de Céline.
Il y écrivait notamment ceci : « Sous ce double aspect, de styliste et de romancier capable de donner un visage à son époque, Céline, cinquante ans après sa mort, émerge comme un des grands créateurs de son temps. Or ce temps est celui où la création artistique est devenue une valeur que nous reconnaissons, même là où elle ne coïncide pas avec nos valeurs morales, voire les contredit. En commémorant Céline, nous nous inscrivons dans la ligne de cette reconnaissance, qui est l’un des acquis du XXe siècle ».
D’accord.
Mais Céline, l’écrivain, l’immense auteur, n’est pas dissociable de Céline le raciste, le salaud, l’indigne.
Et c’est le même Henri Godard, qui s’indigne, aujourd’hui, du retrait de Céline de la liste, qui l’écrivait, dès la première page de sa préface aux Lettres : « Mais ses lettres, elles ne sont pas prises dans le réseau des forces qui gouvernent un projet littéraire : elles peuvent nous aider à serrer de plus près l’énigme. Elles ont en effet beaucoup à nous apprendre sur ces deux figures indissociables, d’écrivain exceptionnel et d’individu qui, passé un certain moment, s’est laissé sans réserve envahir et dominer par la passion raciste ».
« Ces deux figures indissociables« …
Célébrer l’écrivain, et oublier l’homme ?
Impossible.
* Merci à André Bercoff qui m’a conseillé de me plonger dans ces Lettres.
« Céline n’était pas simplement un antisémite délirant.
C’était un raciste et un salaud ».
Il manque quelque chose à ce portrait (justifié historiquement et incontestable, mais réducteur)…
C’était un écrivain de génie…
Il eût été bon de le préciser… Pour un portrait complet..
Tu as mal lu. « L’immense auteur »…
J’ai juste une question, juste pour savoir si je suis le seul à penser comme ça.
On retire Céline des commémorations, très bien. C’était un antisémite notoire et nous devons tous condamner ça. Si on le retire lui, pour ses propos envers le peuple juif, devons nous commémorer Jules Ferry? En effet ce dernier n’est ni plus ni moins que le théoricien de la colonisation.
Entre Celine et Ferry, lequel a été le plus nocif pour l’humanité?
Moi je me pose juste cette question, et faute de réponse(s) j’en viens à me dire que toute cette histoire de commémorations n’est qu’hypocrisie.
Evidemment, Guy, évidemment. Il a suffi qu’une seule voix vocifère pour qu’en 48 h le ministère de la Culture, sans aucun débat, jette Céline dans les poubelles de l’Histoire officielle. Cela aurait ravi le docteur Destouches et l’aurait conforté dans ses obsessions. Reste l’écrivain, immense. Et c’est l’essentiel.
issamdry vous me lisez bien mal. « Propos envers le peuple juif » écrivez-vous. Non des écrits vulgairement racistes contre les nègres, les youtres, le bougnoulisme, etc.
Entièrement d’accord.
Je suis abasourdi de voir que certains veuillent célébrer « la vie, l’œuvre, la conduite morale, les valeurs » d’un Celine qui seraient « reconnues comme remarquables ».
Une partie de l’oeuvre littéraire de Celine et son influence littéraire, je veux bien.
Mais le reste …
La vie de Celine, la conduite morale de Céline, (avant et pendant l’occupation, à Sigmaringen, au Danemark, etc.),là, faudrait quand même voir à arrêter de déconner.
De plus et je l’ai déjà dit, ceux qui crient aujourd’hui à la censure de Celine oublient que ses livres sont en vente libre.
Ils ne sont pas censurés, même ces lettres immondes dont vous nous gratifiez d’un exemple remarquable.
Seuls les pamphlets antisémites n’ont pas été republiés, même en édition savante/didactique/ critique. Mais simplement parce que Lucette Destouches, la veuve de Celine l’a toujours interdit et c’est elle qui détient les droit « ‘moraux » (si on peut appliquer ce mot à ce sale type).
A ce que je sais, la veuve est toujours vivante (y’a qu’à demander à M.E. Nabe)
En conclusion je conseille à tous la lecture de deux livres :
– « Céline en chemise brune » de Hans- Erich Kaminski Kaminski (écrit en … 1938!!! ) réédité par Mille et une nuits en 1997.
– « Céline ou D’une gêne persistante à l’égard de la fascination exercée par Louis Destouches sur papier Bible », de Jean Piere MARTIN Éditions José Corti, 1997
Par ailleurs , il semble qu’Henri Godard n’en est pas à son premier essai de réhabilitation de Celine (« Henri Godard, dans le Monde du 16 mai 1997, comme un certain nombre de personnes, cherche à dissocier l’œuvre littéraire des activités de l’homme public en expliquant que Céline est un grand écrivain », source http://bit.ly/dUCIAd )
Perseverare diabolicum.
Arf !
Zgur_
C’est cela. Enfonçons les portes ouvertes.Faisons jouer les extraits, les raccourcis. C’est aussi une maladie du siècle. Catalogons, enfermons dans des tiroirs. N’essayons surtout pas de comprendre. Mon dieu ! Il n’y a pas un écrivain génial et un bonhomme ignoble. Il y a juste un être humain, un seul qui a écrit de magnifiques romans, qui a construit une oeuvre, qui a été antisémite comme bon nombre de ses contemporains, qui a hurlé avec talent et horreur. C’est aussi ça qu’on lui reproche, le talent. Il n’ y a pas non plus à l’excuser. Il faut TOUT relire, il faut TOUT savoir. C’est aussi cela l’humanité, avec le pire et le meilleur. Ca peut aider à comprendre bien des choses ou simplement à se poser de vraies quesions.
Cette polémique n’a aucune importance, elle a juste permis à un ministre de se ridiculiser et à d’autres d’hurler aux loups. « Mais ça sert à pas grand chose ».
Avant d’être qui que ce soit on naît et on est homme ou femme,et si on est un salaud raciste…
C’est le principe même de ces célébrations officielles qui est à supprimer !!!
Le Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, bien empêtré dans cette histoire, n’empêchera pas ceux qui aiment Céline de le « célébrer » (?) : par exemple,
Carla Bruni indiquait, dans VSD… (oui, oui VSD !) que Céline « était dans la poésie » et le comparait à…. Houellebecq (re oui, oui Houellebecq !!!) car ces deux là donnent « dans le romantisme et la douceur » au point d’aboutir à quelque chose de «presque intolérable de beauté».
« On peut aimer Céline sans être antisémite, comme on peut aimer Proust sans être homosexuel ! » glissait Sarkozy à propos de Céline, son « écrivain préféré », à quelques journalistes qui l’accompagnaient en Inde, en 2008 et à qui ses collaborateurs ont offert un autographe de l’écrivain pour son 53e anniversaire, en janvier 2008.
En 1996, déjà, Sarkozy confiait à L’Officiel Hommes : « Tenez, prenez Céline. Voilà un homme qui n’était qu’un médiocre médecin de banlieue. Un jour, il écrit Voyage au bout de la nuit. Cela me fascine ! Cette action qui consiste à donner plus, ce ressort qui vous pousse à vous surpasser, à créer et agir par passion. Tout est là ! » De qui parlait-il ? d’un modèle ?
Serge Klarsfield souhaitait, in fine, l’arbitrage du même Sarkozy, admirateur déclaré de LF Céline…
Frédéric Mitterrand quant à lui n’a certainement pas le talent d’un de ces illustres prédécesseurs qui déclarait à propos de Céline : « même si s’est un pauvre
type, c’est certainement un grand écrivain… » (Malraux, entre ici…..)
Plusieurs remarques: dès qu’on touche à Céline, il convient comme le fait Guy avec pertinence, de ne pas céder à la tentation rassurante de dissocier l’homme et l’écrivain. Ou bien l’écrivain « d’avant » les pamphlets, de celui qu’il est à partir de leur publication. La meilleure biographie, celle de Muray, insiste bien là-dessus. C’est le même homme. Un génie ET une ordure. Une ordure géniale? En même temps, beaucoup jugent le Céline infréquentable à partir de textes qu’ils n’ont dans 99% pas lus. C’est ton mérite, Guy, de donner par exemple à lire cette lettre où sa haine dégueule à chaque ligne. La plupart des défenseurs ET des contempteurs de Céline n’en savent le plus souvent rien. Il semble que peu de gens se posent la question qui me taraudent depuis que j’ai parcouru les 3 « textes maudits » auxquels Zgur fait allusion, puisque je les ai « par devers moi ». Il me semble que l’auteur y fait preuve moins de racisme que d’un délire absolu de persécution. C’est l’écriture d’un paranoiaque, probablement défoncé par ailleurs (ether? morphine?), voire d’un psychopathe. Le délire y est constant, et par ailleurs, – et je ne dis pas ça pour minimiser son caractère antisémite- au moins autant marqué par l’obsession du complot maçonnique, totalement présent dans les 3 textes. Textes d’un niveau littéraire par ailleurs assez affligeant. C’est tout le problème avec Céline. Je prends le pari que la plupart des gens qui le vénèrent n’ont lu que le Voyage. Je défie quiconque a peu près équilibré de lire « Guignols Band » entièrement, ou alors faut m’expliquer sous l’emprise de quelle substance. Je crois que bien des fans de Céline soient en réalité dans une « posture » d’équilibristes, qui veulent se montrer habiles à ne pas tomber du mauvais côté… Et c’est ce que révèle cette polémique. Je pense qu’on pouvait tout à fait inscrire Céline aux célébrations pour en profiter, dégonfler la baudruche, saluer les 2 romans immenses que sont le Voyage et Mort à Crédit, raconter l’histoire, faire oeuvre de pédagogie sur l’antisémitisme sournois d’aujourd’hui et triomphant des années d’occupation. On pouvait en somme faire les deux. Ou alors ne rien faire du tout comme ce sera finalement le cas? La seule chose qui me gêne dans cette affaire, c’est qu’encore une fois c’est sous la pression d’une association que se prend la décision. C’est la preuve d’une société immature dès lors qu’il s’agit d’assumer son passé à la lumière du présent, et de ne pas savoir avancer autrement que dans la repentance ou le « black-out ».
Et au fait, qui donc osera un jour rappeler les écrits du jeune jean jaurès antisémite? Comment se fait il que la gauche bien pensante ne se penche jamais sur les miasmes de cette icône-là?
Je suis de ceux, en résumé, qui pensent qu’on ne lutte jamais mieux contre l’antisémitisme qu’en le regardant en face, en le laissant exprimer son insondable bêtise et méchanceté, et que c’est ainsi seulement qu’on le fait reculer. Si la veuve Destouches s’oppose à la publication des 3 pamphlets qui du coup circulent sous le manteau, c’est d’abord parce qu’elle SAIT ceci: ces trois textes qu’on imagine sulfureux sont en réalité d’une insondable, immense, abyssale CONNERIE. Le « mythe » Céline en prend un sérieux coup. Les 50 ans eussent été une bonne façon d’en finir avec ce délire de psychopathe.
Il faut tout relire, absolument d’accord.
Par ailleurs je suis contre les célébrations ce qui règlerait le problème.
Chacun a le droit d’apprécier le génie de l’écrivain mais on ne peut pas dissocier l’homme de l’auteur, comme l’écrit Henri Godard qui aurait dû relire sa préface avant de grimper au lustre.
Enfin, dans un début de siècle où l’indignation est à la mode, comment les mêmes qui chantent – à juste titre – les louanges d’Hessel, peuvent-ils reprocher à d’autres de s’indigner ?
Joli sujet non ?
Patrick Lozès sort du corps de Guy.
J’avoue etre toujours etonne, meme decu, de retrouver cette propension a presenter le « cas Celine » comme enigmatique. Tout le monde, enfin je crois, a pu constater (en soi ou chez les autres) qu’il etait tout a fait possible d’avoir des reflexions tres justes (ou tres belles?) sur certaines problematiques et se laisser aller a des melanges miserables et pathetiques d’emotions et de pensees sur d’autres themes.
Dans son cas, l’ensemble nauseabond est plutot vaste… De plus
« mort a credit » nous fourni a peu pres la structuration de cette asymetrie. Bref, pourquoi ne pas plutot s’interroger sur cette volonte a croire en un mystere specifique?
Ah ah ah ah lovely
Pas lu les commentaires, la flemme, c’est dimanche :p
Frederic Mitterrand ferait mieux de réfléchir de temps en temps. Son geste, qui s’inscrit dans une période post débat sur l’identité nationale quoi qu’on en dise, est, pour rester polie, d’une maladresse abyssale. Voire complètement con.
Je crois que la seule façon de négocier avec Céline, c’est de commémorer l’oeuvre. En rester à ses livres. Peut-on séparer la correspondance de Céline et ses romans ? Je pense que c’est possible. Commémorer l’écrivain, c’est forcément évoquer l’homme et là, je coince complet. Donc, reste comme seule option, l’oeuvre qui est qualifiée de « géniale » par le plus grand nombre.
Il y a ce billet intéressant parce qu’il y a un point de vue clair à ce sujet.
Pourquoi L.-F. Céline n’est pas un classique : http://voixhaute.com/spip/spip.php?article660
La seule question est « pourquoi la République s’emmerderait-elle à célébrer ceux qui l’ont toujours vomie » ? Laissons Céline à sa haine paranoïaque et certainement malade et gardons pour la République des figures qui l’honorent. Et puis arrêtons avec les célébrations et organisons plutôt des débats, c’est une forme qui convient mieux à la république.
La verve littéraire du crache-venin Céline, son débit en rafales de mitraille, son dégueulis permanent ont été largement soutenus et nourris par l’époque.
Edité aux N.E.F en 1940 avec en 4ème de couv, la réclame pour son pote Montandon « Comment reconnaître le Juif ? » avec planches illustrées ( le même ethno s’étant indigné de l’esclavage en Abyssinie et du génocide des indiens aux États-Unis) le toubib écrivain est aussi un cas d’école qui s’est penché sur la Pulsion de mort et ne s’en est jamais relevé. Et il fascine, émeut et dégoûte comme tout bon tordu excessif.
Si on pleure avec Bardamu, concernant la vacuité littéraire, j’acquiesce avec Mossieur_Resse :du souffre supposé de bon nombre de textes céliniens on ne trouve qu’une vague odeur d’étron sec ou de vomi bilieux sur fond persécutoire. Dans ses romans, la forme emballe sans aucun doute, mais le fond pue à jamais. Cette odeur de merde n’appartenant pas qu’à Louis-Ferdinand mais à l’humanité égarée toute entière. A célébrer non, mais à faire connaître,pour notre édification, en situant l’homme dans son contexte (guerres, colonies,carabinat avec identification à Semmelweis,autres zozos publiant et au pouvoir bien après 45).
A vous bien cordialement !
Je vas me déguster un ti’Houellebecq crachotant sur l’auvergnat du coin.
L’Oeuvre, l’homme mais aussi le contexte. Nous jugeons un ensemble avec 70 ans d’histoire et de conscience en plus sans trop regarder quel était l’état du bien pensant en vogue. Je suis donc assez en accord avec « Mossieur_Resse » pour une action de reconnaissance d’une oeuvre avec le contexte historique.
Publier l’intégralité de Céline : Evidemment, il faut le faire.
Commémorer Celine ? Je suis tiraillé et je l’ai déjà écrit une fois :
« – Soit vous considérez que le ministère de la culture, doit célébrer la culture, sans distinction de bien et de mal et qu’il faut rappeller que Céline est pour beaucoup, le meilleur écrivain du XXième siècle.
– Soit vous considérez que le ministère de la culture, ça reste un ministère, garant des institutions et que le rôle d’un état démocratique n’est pas de célébrer quelqu’un ayant eu des actions hostiles envers cette même démocratie. »
On pourrait retourner la question des heures durant. Comme d’habitude, ce sont les gens qui gueulent le plus fort (les associations, les mecs sur le plateau de Ruquier ou d’Ardisson) qui mèneront le débat.
Sic 🙁
jamais pu lire cet « immense »écrivain.Le génie n’a de sens qu’au travers du quotidien de l’homme.A quoi bon être génial si l’on ne respecte pas l’Autre?.L’oubli est sa seule récompense.Car nous,nous devons pas oublier cette période.
Position radicale et peu « culturelle » certes mais mon ignorance de ce type conforte mon souhait de vivre au coté de tous les autres damnés par l’idéologie ambiante.
Ben justement il n’y a pas longtemps, même tout de suite, concernant la Tunisie et l’ensemble des ses habitants annexés en 1860 et des, par la république française très maçonnique, au nom des très hautes valeurs républicaines, et surtout celui de la Tunisie pleine, pour la valeur, tellement précieuse dans la pré-industrialisation naissante, soufflée in extremis à l’Espagne et surtout l’Italie, grâce à la fourniture d’autres quidams terre incluse à l’Angleterre. Quelques chiffres de la grande république française 1850 1920. Extermination de 10 millions de congolais, pile poil le même chiffre pour les congolais du roi Léopold de Belgique.1 200 000 algériens on va dire de 1860 à 1962 pour être très sympa, pas du tout historique mais sympa pour 200 000 soldats français du contingent morts au combat dans les départements français d’ Algérie entre 1950 à 1962, pour caler les chiffres. Alors bien sûr on ne peut reconnaître et glorifier Céline. Mais allons au bout de notre indignation. Refusons de glorifier et reconnaître la totalité des français de pouvoir et de lâcheté. Alors avouons- le. Il est plus simple de ne plus fêter les anniversaires. Cependant Céline écrivait ce que pensaient la moitié des français de l’époque mais que les français, ou à peu près français, eux pratiquaient. C’était un bon moyen de vider la poche de pus.
Parler de Céline est un bon moyen….. un moyen indispensable.
Allons-nous fêter l’anniversaire de Nicolas Sarkozy et son discours de Dakar?
« Il faut tout relire, absolument d’accord. »,écrivez-vous.
Non Guy, désolé, mais je ne crois pas qu’il faille tout relire d’une infâme crapule qui a traîné avec jouissance ses bottes dans les égouts du nazisme et l’a fait savoir jusqu’à notre nausée. Pour savoir ce que sont la merde et le dégueulis, nul besoin de se rouler dedans à journée faite.
Cela écrit, cette polémique est parfaitement ridicule et juste propre à faire se trémousser les trouducumondains (copyright Desproges, je crois). Laissons-les à leurs marottes.
J’allais oublier: quand je vois la repro de la lettre dans La Pléiade, en amateur de belle typo, je me dis que ça fait carrément chier de sacrifier du papier-bible et du Garamont à une telle ordure.
Merci pour la lettre, qu’on n’a pas l’occasion de lire sinon.
Est-ce normal que perdure cette façon élitiste de voir les œuvres que sont les volumes de la pléiade?
Que certains écrits paraissent uniquement sous cette forme confidentielle…, c’est bof.
J’ai lu Céline il y a trop longtemps et je n’ai pas envie d’y aller voir à nouveau, mais comment est-ce possible que rien ne transpire de cette paranoïa? Que le reste de son œuvre soit indemne de cette maladie?
Sa thèse de médecine, qui parlait d’un médecin ayant raison contre l’institution sans avoir les moyens de le prouver, pour cause qu’on avait pas encore inventé le microscope, sa thèse même porte en elle les germes de la paranoïa, de l’individu dans le vrai et victime d’un complot.
Et pas son œuvre? Bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre.
C’est où qu’on signe ?
Bravo.
(bien que cela semble effarent de devoir expliquer une telle évidence)
Ce qui me fait rire (jaune) dans tout ça, c’est que Céline aurait cracher sur cette célébration
Bizarre, effectivement! Ce cas Céline. Écrire comme il le fait, même si c’est un don, ne peut se faire sans intelligence parallèle.
Or comment, pourquoi écrire cette page, comme tant d’autres pages, puisqu’il savait que le nazisme serait battu? les attentas contre hitler pour sauver l’Allemagne ont débutés début 1942.
Tout est dit et bien dit.
Un nom c’est un Tout, c’est un homme. On ne célèbre pas l’oeuvre de Céline, on célèbre Céline .. et là .. sorry, mais il n’y a rien à célébrer, ni en 2011 ni plus tard.
Ah mais je n’avais pas lu toute l’info! (lien figaro)
Y a donc un comité de 500 connards qui projetait de célébrer cette ordure (bien-que-génie-littéraire), et il a fallu que ce soit Klarsfeld qui s’en offusque pour…
Pays de merde.
Je me trompe peut-être, Photine, mais je pense que vous vous avez tort. Il me semble que Céline a toujours vécu dans une immense frustration de ne pas être célébré officiellement et de savoir qu’il ne le serait sans doute jamais. Blessé par exemple dès « le voyage », de n’avoir eu que le prix Renaudot et non le Goncourt qu’il estimait mériter.
Et-ce que je me trompe?
Je finirai en enfonçant une porte ouverte. Céline, un type infâme, haineux, paranoïaque et d’une incommensurable mauvaise foi… mais quel écrivain, quel écrivain!!!
Et ça reste vrai, qu’on puisse ou non dissocier l’homme minable de l’écrivain.
Si il avait été un minable écrivain il n’aurait pas d’outre tombe créé de récurrentes, inlassables polémiques
Je suis pour que les œuvres soient premières sur l’auteur, mais je dois avouer, qu’avec Céline que le concept pour peu qu’il soit interrogé plus avant, est difficile à tenir, tant l’homme est abject.
Hier j’ai lu des articles y compris celui de LUnità, un a retenu mon attention celui de P. Assouline
http://passouline.blog.lemonde.fr/
Je comprends que l’on soit choqué, mais je n’arrive pas à avoir une position claire et tranchée.
Une question idiote : qui a décrété que LF Céline est un « génie », « le plus grand écrivain français du XXe siècle », ou encore « le plus grand avec Proust » ?
Qui a ce pouvoir pour nous conduire ensuite à dire que « ça reste vrai » ?
Un grand médecin aussi, quand il écrit dans « La presse médicale » ? http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ferdinand_C%C3%A9line#La_formation_de_l.27.C3.A9crivain
Peut-on vraiment dissocier le fond de la forme ?
« Une question idiote : qui a décrété que LF Céline est un “génie”, “le plus grand écrivain français du XXe siècle”, ou encore “le plus grand avec Proust” ? »
C’est simple : lisez toute la littérature, depuis le Moyen-Age jusqu’à la fin du XXe siècle. Voyez les ruptures, les continuités. Regardez quels auteurs ont introduit ces ruptures et ont lancé d’autres pistes, d’autres possibles. Proust et Céline au XXe siècle. Personne n’a décrété quoi que ce soit. Les lecteurs se font une idée tous seuls (encore faut-il avoir un peu lu). Les écrivains qui ont écrit à partir de là aussi. « Ça reste vrai » parce que ces deux auteurs ont bouleversé la littérature après eux. Personne ne peut plus écrire après eux comme on a écrit avant eux.
Ça vous gêne que ce soit un salaud. Eh oui! Fallait bien ça, pour ne pas être récupéré par les conformistes.
Quant à dissocier le fond de la forme… Poser la question, s’agissant de littérature, c’est d’un niais! Comme si Céline était seulement forme.
Maintenant, Guy n’a pas vraiment répondu à Issamdri qui lui demandait: « devons nous commémorer Jules Ferry? En effet ce dernier n’est ni plus ni moins que le théoricien de la colonisation. »
Et Jean-Jaurès, qui était tout aussi antisémiste que Céline (mais moins délirant), encore considéré comme un grand homme aujourd’hui?
Je ne comprends pas pourquoi Céline doit subir un traitement différent de ces deux-là, pourquoi il serait plus salaud. Pour moi, mais c’est sans doute très politiquement incorrect, un salaud, c’est d’abord celui qui se comporte en salaud, dont les actes sont dégueulasses, avant celui qui déverse des insanités, si abjectes soient-elles.
J’ai lu un commentaire (pas ici) qui faisait un amalgame entre Hitler et Céline. On en est là.
Je l’avais dit que c’était une question idiote, chère carole.
Vous avez lu toute la littérature, depuis le Moyen-Age jusqu’à la fin du XXe siècle ? Chapeau bas !
Sinon, vous avez apprécié à leur juste valeur les écrits de Céline dans la presse médicale ?
Une citation de Céline sans commentaires: »Le juif ne s’assimile jamais, il singe, salope, et déteste. Il ne peut se livrer qu’à un mimétisme grossier sans prolongement possible. Le juif, dont les nerfs africains sont toujours plus ou moins de zinc, ne possède qu’un réseau de sensibilité fort vulgaire, nullement relevé dans la série humaine comme tout ce qui provient des pays chauds. Il est précoce, il est bâclé. Il n’est pas fait pour s’élever beaucoup spirituellement, pour aller très loin : l’extrême rareté des poètes juifs, tous d’ailleurs resuceurs de lyrisme aryen.
Le juif, né rusé, n’est pas sensible. Il ne sauve les apparences qu’à coup de pitreries, simulacres, grimaces, imitations, parodies, poses, cinégéïsme, photographies, bluff, arrogance. Dans sa viande même pour l’émouvoir il ne possède qu’un système nerveux de nègre des plus rudimentaire, c’est-à-dire un équilibre de rustre.
Le juif nègre métissé dégénéré en s’efforçant à l’art européen, mutile, massacre, et n’ajoute rien. Il est forcé un jour ou l’autre de revenir à l’art nègre, ne l`oublions pas. L’infériorité biologique du nègre ou du demi-nègre, dans nos climats, est évidente: système nerveux expédié, rançon de la précocité, il ne peut aller bien loin. L’adolescence nègre est extrêmement brève, un nègre est fini à quatre ans. »
Céline : « Bagatelle pour un massacre », Robert Denoël, décembre1937
Je ne commémore pas davantage Jules Ferry. Commémorer, célébrer sont des termes qui me sont… Étrangers !
Au fait…
« Ça vous gêne que ce soit un salaud. Eh oui! Fallait bien ça, pour ne pas être récupéré par les conformistes. »
Je ne sais pas si cette phrase-là m’est aussi adressée… Elle se veut d’une implacable universalité, qui me laisse sur le cul.
Moi, ça ne me gêne pas que Céline soit un salaud, c’est un fait, et une réalité sur laquelle je n’ai aucune prise, voyez-vous.
Avant d’être récupéré par les conformistes (ceux d’aujourd’hui, vous voulez dire ? c’est qui ?), il a co-construit le sinistre conformisme de son époque à lui.
Il fallait bien quoi, carole ? Qu’il soit un parfait psychopathe pour que son génie soit inconstestable ?
Je me sentais bien seul et j’ai donc été heureux de vous découvrir. Votre article est cité ici: http://voixhaute.com/spip/spip.php?article660
Et De Gaulle, qui parlait de bougnoules, de bicots, de nègres et de youpins, faut-il le mettre au ban de la République qu’il nous a légué?
C’est à Frédéric Mitterrand que j’aimerais poser la question.
Elle est volontairement provocatrice, mais allez donc sur ce site plutôt bien fait, scrupuleusement documenté, qui fait aussi état des propos de Marguerite Duras, d’André Gide, de Jean Giraudoux et de bien d’autres encore.
« Enquêtes bretonnes sur les mythes français »
http://www.contreculture.org/
@ Pat. Ouais, j’ai pas mal lu, mais pas tout. Suffisamment pour me faire une opinion sur Céline et Proust, ainsi que sur les Lumières éternellement fêtées (bien souvent malgré les écrits pas toujours très lumineux des auteurs).
Et non, je ne suis pas allée voir les écrits médicaux de Céline en leur totalité, seulement quelques extraits, mais je n’ignore pas ses « trafics » avec la réalité, si c’est bien de cela que vous voulez parler.
Fallait bien ça, pour montrer que la nature humaine est bien plus complexe que les grilles avec lesquelles on l’appréhende. Et d’accord, j’aurais dû dire : ça vous gêne que Céline soit considéré comme un écrivain – comment dire… majeur? Qu’il ait révolutionné la littérature? Que ce psychopathe ait révolutionné la littérature?
Mais je suis plutôt satisfaite de la décision de Mitterrand, d’abord parce que les manifestations qui seront organisées autour de Céline cette année vont peut-être être plus sereines. La foire d’empoigne que l’on vit en ce moment aurait été réactualisée à chaque colloque.
Et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit : je ne défends pas l’idée qu’il faut que la République française « célèbre » ou « commémore » l’homme. Ça me semble aussi stupide que de célébrer l’homme Montaigne ou l’homme Descartes (et évidemment plus encore pour Céline). En revanche, que l’on dise qu’il fait partie du patrimoine français, cela ne me choque pas.
Juste une dernière chose : la légion d’honneur, la plus haute distinction honorifique française. Je ne sais pas, moi, elle n’est pas censée être un hommage de la République française pour « mérites éminents »? (après tout, il y a eu des débats lors de son instauration pour savoir si elle allait ou non rompre l’égalité des citoyens). Ne devriez-vous pas vous indigner autant en voyant certains hommes et femmes distingués par la France?
Mais bon, si on ne doit célébrer ou commémorer personne, la question est réglée.
Frédéric Mitterrand supprime Céline de son calendrier de «Célébrations nationales»
Le choix de Céline était un choix imbécile et irresponsable car Céline n’est pas un auteur que l’on peut célébrer comme l’on célèbrerait Hugo, Giono, Pagnol, Simenon…
Faire le choix d’inclure Céline à une telle célébration, c’est faire preuve d’un manque de discernement indigne d’un ministre de la République, et qui plus est, ministre de la culture qui, jour après jour, s’avère être un très mauvais « politique » (méconnaissances des symboles et de leur utilisation) ; un Frédéric Mitterrand maladroit, inconstant, incohérent, et finalement bien superficiel.
***
Non ! Céline n’est pas un auteur comme les autres ; son racisme, son anti-sémitisme, sa haine de l’humanité interdisent toute tentative de normalisation, voire de banalisation, d’une oeuvre qui, aussi originale soit-elle, impose un devoir de vigilance (« oeuvre originale » dans le sens de… œuvre sans précédent, si on oublie un moment celle du Marquis de Sade… mais dans un tout autre domaine : celui des moeurs, de la sexualité et du pouvoir).
Auteur d’exception, Céline ne convient pas une telle célébration même si son œuvre mérite bien mieux qu’une célébration qui le rangerait parmi d’autres figures littéraires qui ne pourront jamais prétendre à un tel régime d’exception dans ce vaste champ d’investigation de nos démons les plus intimes et les plus obsessionnels qu’est aussi la littérature.
Relire Céline, mais à fond! Complètement et définitivement… jusqu’à l’os, jusqu’au sang et jusqu’à la merde! Le sang et la merde, Céline l’hémorroïde faite homme, le pus en guise de foutre, et l’aigreur de boutiquier en guise de haine. Et alors fini, basta, terminé, liquidé le Génie littéraire… aux chiottes la petite musique célinienne… les fameux trois petits points, qui ne disent que l’impuissance du bon docteur à finir ses phrases… à circonscrire sa pensée … à juguler ses vomissements. Point final.
Bon, sérieusement, proser à la manière de Céline, n’est finalement pas plus difficile que de poser à la manière de Houellebecq, non? Parce que, au fond (et sur la forme aussi d’ailleurs) la seule bonne question n’est pas de savoir si l’homme condamne l’œuvre ou si l’œuvre « rédempte » l’homme, mais bien de savoir si l’œuvre mérite d’être consacrée Œuvre. Or si l’on relit Céline, bien serein, tranquillou et décontrasté, mais tout Céline, les pamphlets ( Beaux draps et Bagatelles sont dispos sur le Net pas net en trois clics) la correspondance, mais aussi le Voyage et Mort à crédit, puis les Châteaux et Guignol’s band, voire Rigodon, alors l’évidence survient: ce que l’on pouvait prendre, adolescent, pour un formidable cri de révolte, le Voyage, n’est qu’un rôt acre et long d’un tout petit bonhomme teigneux et mal en vie, incapable d’être le littérateur qu’il se rêve (d’où son amertume de non-Goncourt) et, surtout, d’être l’homme qu’il se croit par moment. Et la fameuse misère de la condition humaine dont on dit souvent qu’il en en a été le plus grand dénonciateur, et bien cette misère humaine, n’est que sa propre misère, intellectuelle, qui ne lui permet pas de penser plus haut que son trou du cul, et sexuelle, aussi, plus branleur que branlé, au figuré comme au propre, puisqu’il est bien connu que non content d’être le fumier que l’on sait, il passera un bon moment de son temps à se pognoter en matant les petites danseuses de Lucette.
Mais il faudrait une thèse (une fou thèse, plutôt, d’ailleurs !) pour, enfin, dégonfler la baudruche, pour en finir avec les cuistres et les profs de gauche qui se gargarisent avec « l’amour c’est l’infini à la portée des caniches » (comme ils le font d’ailleurs avec « Longtemps je me suis couché de bonne heure ») et encensent le Génie (sans bouillir) de Céline. Et du coup le problème de l’Homme, de l’Œuvre et de ses Pompes pourrait enfin se résoudre élégamment, sans autodafé ni censure. Juste en tirant la chasse.
PS : Guy, regardez bien, sur le Net pas net que j’évoquais plus haut, qui sont les thuriféraires de L.F. Céline. J’en connais quelques uns, dont un, avec qui je me suis pris le bec il y a quelques temps, qui n’hésitent pas à louer, au nom de la Littérature et de la Pensée Réunies, Maurras, Bloy, Céline et Rebatet, allant même, pour celui dont je parle, jusqu’à publier de longues citations de Bagatelles ou de Décombres pour que l’on puisse « juger sur pièces ». L’homme est, de plus, habile scribouillard qui manie la rhétorique avec un art consommé du sophisme caché.
Je suis choqué dans ce débat de voir que tout le monde tranche aisément sur la question de savoir si l’œuvre est indissociable ou non de l’homme. Le rôle de l’écrivain, n’est-ce pas précisément de sublimer la doxa ? Oui Céline est un salaud je suis d’accord, mais on reste au premier degré de toute réflexion sur l’art, et son oeuvre est une oeuvre d’art ! (Une vie, une oeuvre… c’est une critique? institutionnalisée ?)
Au-delà de la question de la célébration, si les valeurs de la république se jaugent à l’aune des universaux de la pensée politique bien pensante,certifiée par les humanistes (on peut rajouter, quelles sont ces valeurs morales?), célébrons plutôt des hommes politiques ou des écrivains humanistes et universalistes bien pensants, mais par pitié ne célébrons pas juste une partie des vrais artistes, n’en célébrons aucun.
Quoi que l’on pense de la décision de Mitterrand, il a dit une, et même deux grosses conneries pour la justifier. D’après lui « Céline est un excellent écrivain mais un parfait salaud ».
D’abord, dire simplement que c’était un excellent écrivain alors qu’on a affaire à un des plus grands écrivains du siècle, c’est mesquin, c’est bas, c’est minable. Ensuite, comment un ministre de la Culture peut associer la littérature et la morale ? Ce « mais » est de trop. Il aurait dû dire : « Céline était un excellent écrivain ET un parfait salaud. Parce qu’on sait bien que la littérature n’a rien à voir avec la morale. Sinon, si la condition des œuvres était d’être morales, c’est la moitié des bibliothèques qu’il faudrait supprimer.
Par ailleurs, je suis d’accord avec Guy, il faudrait pouvoir accéder à tous les écrits de Céline. Parce qu’il y a tout de même des questions à se poser à propos de sa logorrhée délirante concernant les juifs. À l’entendre, tous les malfaisants étaient juifs, même ceux qui ne l’étaient pas. Au point que les pires des antisémites ne voulaient pas être confondus avec Céline, qui, pour eux, déshonorait l’antisémitisme. Pour Gide, c’était tellement gros ce qu’écrivait Céline, qu’on ne pouvait pas prendre son antisémitisme au sérieux et que ses pamphlets n’étaient qu’une immense provocation pour montrer l’hypocrisie de la société.
Je me demande, pour ma part, s’il ne faudrait pas aussi prendre en compte le fait qu’il a été trépané en 14-18.
Comme je ne l’aurais jamais aussi bien écrit que lui, je le laisse l’écrire pour moi
http://www.bbec.lautre.net/www/spip_truks-en-vrak/spip.php?article806
Oui le retrait de Céline du calendrier des commémorations est une imbécillité, pire une censure aussi inadmissible que celles dont eu à souffrir stéphane Hessel et Leila Shahid
Supprimons donc de nos mémoires : « Voltaire : anti-sémite ; Rousseau : abandonne ses enfants ; Diderot : dépravé sexuel ; Sade… : no comment ; Molière : incestueux ; Gide : pédophile etc etc etc…. »
Continuons ainsi et nos enfants n’auront en héritage littéraire que Houellebecq, Marc lévy, Bernard Werber et PPDA
Personne ne peut accepter tels quels ses écrits, ce serait la démonstration d’un esprit foncièrement raciste.
Hurler au génie de son écriture me paraît faire preuve de manque de goût et de bien peu de personnalité. Les errements de son style sont à l’image de ses errements moraux et intellectuels. Une faute d’orthographe par ici, une erreur de style par là, des romans ennuyeux et à la trame abracadabrantesque (Merci à M Galouzeau de Villepin qui avait soufflé ce mot à Chirac). Rien de génial en somme.
Par le passé, il a été si adulé par les racistes POUR LE FOND (et non pour la forme) qu’il est devenu une institution qu’on n’imagine pas pouvoir un jour dégommer.
Je ne le censurerais pas, mais je crois que ses livres ne peuvent tomber dans aucune main sans un sérieux avertissement.
D’un pur point de vue stylistique, le texte en photo est magnifique… Ca me suffit, quel que soit le fond… (Et c’est vraiment horrible ce qu’il dit mais bon le traiter de salaud, non…) Si l’on devait etre d’accord avec ce que les artistes avaient vraiment à dire pour les apprécier, on n’en apprécierait vraiment aucun, il y a toujours quelque chose avec lequel on ne sera pas d’accord, si l’on prend le temps de chercher… Et puis, Céline a-t-il tué? Pensez-vous même qu’il ait convaincu quelqu’un de penser comme lui? L’outrance ne converti jamais, ou si peu, la propagande quotidien, elle, si! Et c’est bien elle qui est dansgereuse! TF1, tous ces spots publicitaires décérbrants, c’est bien pire que les propos de n’importe quel écrivain. Tout simplement parce que cela nous matraque ce qu’il faut penser en permanence, pas Céline!
Ah! Et au fait, Céline n’est qu’une pale copie française de DH Lawrence… Si vous voulez vous indigner, être abasourdi par une mauvaise foi intellectuelle, être écoueré par une haine qui justifie le fascisme, allez le lire, c’est bien plus beau (et en VO, sinon ça ne vaut pas la peine…)
Je n’ai pas laissé de com parce que j’avais honte
d’avouer que je ne trouvais pas Céline ni un génie ni un grand écrivain.
en matière de vomitorium, je préfère largement Bukowski
Voilà c’est fait
sinon pourquoi ne pas faire un lot Céline Daudet ?
http://goo.gl/SwsIm
je suis vraiment d’accord avec le commentaire de monsieur_resse…a-t-on jamais examiné ses écrits sous l’angle de la psychiâtrie? je crois qu’en toute époque il aurait déliré sur les têtes de turc du moment, peu importe lequelles…
j’ai un vrai problème avec ces censures diverses et avariées: ici on censure une exposition ou une pièce parce que telle ou telle communauté pourrait être offusquée, là on enlève une cigarette d’une photo, on veut interdire la vente de Tintin au Congo, on enlève le mot « nègre » d’un livre de Mark Twain…c’est tellement facile d’interdire plutôt que d’accompagner d’explications. en quoi aurait-ce été impossible d’inclure Céline et de dire, ce type était abject pour telle et telle raison et nous l’incluons pour l’oeuvre « voyage au bout de la nuit » parce que c’est une oeuvre majeure de la littérature française???
Cher Guy Birenbaum
« Ces polémiques sont vaines. »
vous savez-donc lesquelles sont vaines et lesquelles sont utiles/importantes ? Chapeau…
On vous entend à propos de beaucoup de sujets, de « buzz », de polémiques… c’est même votre métier. Ne pensez-vous pas parfois, qu’en fait c’est TOUT ce que vous faites, avec les autres « blogueurs » et « influenceurs » et « chroniqueurs » qui êtes vain ? Vos twits et buzz constants, d’un sujet à l’autre, sans mémoire, sans perspective… Comment pouvez-vous décréter qu’un sujet, qu’un débat est vain et l’autre non ? A quel objectif doit répondre une polémique pour ne pas être vaine ?
merci de votre éclairage
Bravo, Birenbaum, pas mieux et chapeau bas.
Je regrette qu’aucun Belge ne se soit jamais plaint de la célébration nationale de Charles Baudelaire. Pauvres Belges!
Tobias. Ce billet historique et sourcé vous montre tout le contraire de ce que vous me reprochez. Il ne manque à mon sens ni de mémoire, ni de perspective. Et je ne décrète rien. Je donne mon opinion qu’on a tout à fait le droit de contester.
Vous avez tout fait raison Monsieur Birenbaum.
Sauf que, si le docteur Destouches était plutôt de grande taille, il n’était pas « immense » pour autant.