Voici une excellente enquête de l’Ifop pour Marianne et Europe 1…
Voici une excellente enquête de l’Ifop publiée pour Marianne et Europe 1…
(…)
Comme je suis particulièrement sensible aux résultats des sondages, j’ai décidé de l’éplucher.
L’enquête menée sur un échantillon de 2006 personnes concerne, selon la « une » de l’hebdomadaire, « ces millions de français qui ne veulent plus voter ».
Voici sa fiche technique fournie par l’Ifop.
Notez en préalable que c’est une enquête par Internet et qu’elle a été réalisée du 18 au 22 février, ce qui est un peu loin et donc sa publication cette semaine seulement est un peu… tardive.
J’ai décidé de m’intéresser à une question posée : celle de la mesure des « abstentionnistes » à la prochaine présidentielle.
Je suis donc allé fouiller dans Marianne papier, sur le site de Marianne et dans les entrailles de l’IFOP (j’ai récupéré de mon côté un PDF de l’enquête).
Ma lecture commence avec ce tableau de l’Ifop que publie le site de Marianne (tableau 6, ici), mais pas l’hebdo…
Les ennuis commencent avec la suite de ce tableau.
L’Ifop a décidé de demander aux 12% d' »abstentionnistes » – (6% + 6% ci-dessus) – pour quel candidat ils voteraient si, malgré tout, ils étaient « obligés de voter »…
Au passage, drôle de question puisque personne n’est « obligé de voter » en France…
Mais bon, passons…
Forcément, ça m’intéresse et vous aussi.
Et ça intéresse aussi bigrement Marianne papier qui en fait le premier tableau publié…
Et patatras !
C’est Marine Le Pen qui sort loin devant tous les autres candidats !
27 % !!!
Au passage encore, notez que seule Martine Aubry est testée pour le Parti socialiste, mais ni DSK, ni François Hollande, ce qui nous rappelle une autre enquête qui fit scandale, il y a peu…
Comme ça m’intéresse vraiment, je me livre à un calcul tout simple, une règle de trois, si Marine Le Pen séduit apparemment 27% des 12% d' »abstentionnistes », en vrai, ça fait combien de personnes ?
Sachant que Marianne papier nous dit qu’il s’agit d’un échantillon de 240 personnes ?
Eh bien c’est simple 27 % de 240 personnes = 64,8 personnes.
Bon mettons 65 personnes pour arranger tout le monde…
Donc 65 « abstentionnistes » sur 240 voteraient Marine Le Pen s’ils étaient « obligés de voter ».
Bien.
Comme je suis consciencieux je vérifie dans mon PDF de l’Ifop…
Et là, je remarque que, bizarrement, pour exactement le même tableau, dans le PDF de l’Ifop (qui n’est pas celui pas celui mis en lien sur le site), l’effectif est de… 241 personnes.
Bon c’est pas grave, un « abstentionniste » en plus ou en moins, ça ne va pas chercher trop loin, ne chipotons pas me direz-vous.
OK.
En revanche quand je vais sur le site de Marianne (Tableau 7 ici), où exactement le même tableau de l’Ifop est repris, il y a un vrai souci…
Je tombe sur 128 personnes !!!
C’est le haut de ce tableau…
Là je ne pige plus.
Comment le même tableau, avec les mêmes %, peut-il être dans Marianne papier sur une base de 240 personnes, dans le premier PDF de l’Ifop, que j’ai récupéré de mon côté, sur une base de 241 personnes, alors que sur le site de l’hebdo, l’effectif concerne cette fois 128 personnes, comme sur le PDF de l’Ifop que fournit le site en lien ?
Bizarre non ?
L’erreur vient de l’Ifop qui fournit deux PDF différents avec deux tableaux contenant un effectif différent.
Ifop 241 « abstentionnistes »
Ifop 128 « abstentionnistes »
Au passage, et ça n’enlève rien à l’intérêt du reste de l’enquête, mais 241, 240 ou 128 « abstentionnistes », ce n’est franchement pas bien lourd au regard de l’intérêt de la question posée (d’ailleurs l’Ifop évoque avec honnêteté « la faiblesse des effectifs de répondants »).
Cette petite démonstration sans aucune prétention nous montre simplement que les conditions de réalisation des sondages et de production des résultats, restent pour le moins confuses.
Une loi sur la transparence des sondages s’impose évidemment ( l’Ifop va dans le bon sens puisque l’entreprise fournit désormais ses marges d’erreur dans un tableau…)
Alors 241, 240 ou 128 « abstentionnistes » ?
Marianne ou Marianne 2 ? (ils devraient vraiment se parler ceux là…).
Encore un effort messieurs les sondeurs !
Merci pour ce boulot…
Ouh là là ! Trop compliqué pour moi ! Ah, ces intellectuels! …
Oui merci de t’être donné cette peine. Ne manque plus que quelques « éclaircissements » de la part de l’IFOP.
Le problème 240/241 n’est en fait qu’un problème d’arrondi, a priori dû à Marianne. Le problème des 128/241 est à la fois un problème d’arrondi et de dénomination de la population : 128 est en effet sûrement l’effectif de l’un des deux sous-ensembles ayant répondu « Non ».
Effectivement, cela peut paraître peu clair, mais transformer un problème de présentation en un argument sur l’opacité des sondages, la marche me semble haute…
12% de 2600, ça nous en fait 312.
Si tout est ajusté dans les données brutes, à quoi bon repartir des chiffres? On montre juste que tout est ajusté à la pelleteuse. On n’est pas en train d’ajuster la longueur d’un piscine olympique des 5 cm lui manquants…
Quand le marchand de sondage a dit « je vous mets le reste de ma poignée d’abstentionnistes? » on lui a dit: « oh non, ça ira, on mange pas beaucoup le soir ».
Moi, c’est le tableau 6 qui me paraît d’emblée incohérent. Il doit me manquer une clé de compréhension (?).
Pourriez-vous mettre en ligne le PDF de l’IFOP ?
2006 et pas 2600…l’erreur est moins grande lorsqu’on utilise les bonnes données.
Non Prom la marche n’est pas haute. Vous faites semblant ou vous bossez dans un « » institut « » ?
Merci Prom.
Je n’ose plus rien dire…
Mais si,
10 paramètres pris en compte, croisés entre eux, et la population française votante entièrement contenue dans 2006 personnes?
On n’arriverait même pas à savoir le nombre de personnes ayant les cheveux courts ou longs en fonction du sexe et de la couleur blonde ou brune par cette méthode de mesure sur 3000 individus…
Entendons-nous bien… Mon but n’est pas de défendre à tout prix les sondages :où ai-je écrit que ces résultats étaient d’une fiabilité à toute épreuve? Nulle part! Au contraire, j’aurais plutôt tendance à rejoindre votre opinion.
Cependant, je me contentais simplement d’exprimer qu’à mon sens, le problème n’était pas ici le sondage et sa méthode mais simplement 2 points de présentations anecdotiques dus à la simplification des résultats, sans laquelle ils deviennent totalement imbuvables.
Et pour répondre à Guy, je ne bosse pas dans un institut, j’essayais seulement de rétablir ce qui me semble être une conclusion quelque peu hâtive…
(Le smiley est totalement involontaire)
@poisson : çà sort d’ou « 2600 »? moi j’ai vu 2006 … ou alors j’ai rien compris ?
ouais c’est çà j’ai rien compris
ou alors trop bien
il fût un temps ou j’adorais les mathématiques ( …) mais j’ai toujours détesté la partie statistique, trop aléatoire, trop « humain »
Comment ça, un problème d’arrondi ?
Là où vous devriez me suivre Prom c’est sur la méthode suivie (Internet), les « candidats » oubliés, la bêtise de la question posée (on ne peut pas « obliger » à voter)… Quand vous rajoutez à tous ces biais, l’erreur relevée (une paille…) que reste-t-il de valide ?
« Au passage encore, notez que seule Martine Aubry est testée pour le Parti socialiste, mais ni DSK, ni François Hollande, ce qui nous rappelle une autre enquête qui fit scandale, il y a peu… »
Ni Ségolène Royal ! Marrant mais ce black out des médias ne choque personne, pourtant là il y aurait à dire… Pourquoi ce traitement si particulier de l’ancienne candidate à la présidentielle ? Experts, chroniqueurs spécialisés de nos plateaux radio/tv, ignorent systématiquement Royal dans leurs pronostics pour 2012, pourtant elle est parmi les noms cités la seule candidate déclarée. Mais même si vous, vous vous y mettez…
C’est parfaitement exact. Ni Montebourg, ni Valls…
Effectivement, l’absence de candidats potentiels et la question tronque les résultats; l’utilisation d’Internet, je vois moins bien…
Il n’en reste que la majorité de votre billet porte bel et bien sur la question des chiffres, qui n’a selon moi pas lieu d’être, si ce n’est pour la résoudre en 2 lignes et passer à des arguments plus consistants, tels que ceux cités ci-dessus!
Regardez la ligne jaune consacrée aux sondages, dans l’épicerie et vous verrez les patrons de TNS et CSA expliquer que la méthode n’est pas fiable et qu’ils se refusent à l’utiliser en matière d’intentions de votes. Et je maintiens que l’erreur 240 241 128 est très ennuyeuse : si j’étais le média qui a publié deux tableaux différents, je serais furieux vis à vis de mes lecteurs. Et si j’étais l’Ifop je viendrais vite expliquer ici quel est le bon chiffre car entre 128 et 240/241 il y a bien trop d’écart pour expliquer que c’est la faute de frappe d’un stagiaire, voyez-vous…
En admettant de mettre Montebourg et Royal sur un plan d’égalité quant à leur « potentiel électoral » pourquoi pas, mais pour ce qui concerne Valls il a envoyé suffisamment de signaux pour indiquer qu’il se rallierait à la candidature de DSK.
Encore une fois rappelons que Royal est la seule « grosse candidate » socialiste déclarée parmi les noms avancés. Et pourtant, j’insiste, il semblerait qu’une oligarchie médiatico-sond agière (ça y est les gros mots) ait choisi de tenter d’effacer en l’ignorant, la perspective Royal de l’inconscient collectif
Le média n’a-t-il pas comme devoir de vérifier ces chiffres et de demander en amont une explication à l’Ifop?
Et 128 et 241 ne se réfèrent pas à la même population : 241 « Non », 128 « Non probablement pas » ou « Non certainement pas », les pourcentages correspondent, je vous laisse vérifier.
De toute façon, le fait que l’Ifop invalide ces résultats à la ligne suivante ne rend-il pas inutile toute discussion à ce sujet? Après tout, libre à Marianne de publier des résultats qu’on lui présente comme non significatifs….
Bah voilà… On est bien d’accord… CQFD
Entre l’éventualité d’un 21 avril à l’envers, la possibilité d’une catastrophe nucléaire à Fukushima et la probabilité de frappes aériennes, j’en peux plus d’attendre moi. En tout cas M. Birenbaum je trouve que c’est sympa de vous être donné tant de mal à faire tous ces calculs.
En voilà des méthodes !
Résumons-nous. Un hebdomadaire passe commande d’un sondage politique qui devra illustrer des éléments de sa ligne éditoriale et contribuera à conforter les opinions de son lectorat.
Afin d’aboutir aux résultats souhaités et donc de satisfaire son client, l’institut de sondage élabore les questions les plus adéquates et les pose, dans un ordre précis, à un échantillon de personnes sélectionnées plus ou moins important en nombre (ce qui dépend aussi du budget alloué, je suppose).
Il y a bien quelques erreurs au gré des tableaux du document final, mais, bah, des erreurs, qui n’en fait pas ? (leur nombre dépend aussi du budget alloué, je suppose)
Les réponses obtenues (les « données brutes ») sont ensuite corrigées, et affectées de divers coefficients multiplicateurs ajustés de façon à se rapprocher davantage des résultats espérés.
L’institut de sondage, par conscience professionnelle, précise que l’échantillon est trop faible pour être représentatif, mais puisque certains des résultats sont conformes à ce qui était attendu, ils sont publiés et mis en valeur par le magazine.
La faute est donc partagée entre les journalistes paresseux, influençables et convenus (mal rétribués ?), et l’institut de sondage (mal rétribué ?) qui se contente de faire a minima un travail bâclé mais pas frauduleux.
Morin à 0% !
C’est simple, tu fais un sondage chez les abstentionnistes avec cette question :
Si malgré tout, vous étiez obligé de voter Hervé Morin, pour qui voteriez-vous ?
le gars il fait quand même 0…
HS
http://www.politis.fr/Ce-N-Etait-Dieu-Merci-Qu-Un,13477.html
Oui, pour le moins confuses,
et on se demande bien pourquoi ?
Quels rôles veulent jouer les sondeurs, comment sommes nous arrivés à ce que les sondages soient devenus plus important que la parole des hommes politiques.
On nous dit que les français se détournent de la politique, qu’ils pensent en gros que droite gauche c’est pareil, tous « pourris », moi je pense qu’ils ne sont pas plus pourris et pas moins qu’hier, mais qu’on les aide bien à le penser et les sondeurs sont de drôles d’animaux qui jouent bizarrement avec les principes de la démocratie, et la déontologie si déontologie il y a.
Les sondeurs comme une certaine frange (j’ai pas écrit fange ), de notre mondillo politique est lui aussi bien décomplexé.
PS : combien coûte un sondage ?
juste pour pinailler et parce qu’avant mon 1er café je suis de mauvaise compagnie, ne devrait on pas dire/écrire médium plutôt que média quand il ne s’agit que d’un seul moyen de diffusion ‘malgré la définition du Larousse qui admet les 2 expressions)
Juste une remarque en passant 12% serait une bonne nouvelle pour la démocratie.
Et le fait de vouloir obliger les abstentionnistes d’exprimer un choix ,une question me vient/comment on été traité les gens refusant de se prononcer?
Mais nous sommes sur un sondage fait par internet ou comment faut il comprendre « questionnaire auto administré »?
Cher Guy,
J’ai lu ton papier. Pour ce qui est des aspects techniques, tu te reporteras à l’IFOP, qui me parait être un institut sérieux.
L’échantillon de cette question ne concerne effectivement que les gens ayant affiché leur intention de ne pas voter en 2012. Cet échantillon est effectivement très faible et l’IFOP en a prévenu ses lecteurs, d’où l’absence de tris croisés et d’où le fait que nous avons choisi, éditorialement, de ne pas trop mettre en avant cette question. Contrairement à ce qui est écrit sur le site (il y a une faute de frappe dans le doc de l’IFOP), l’échantillon est de 240 personnes comme il est indiqué dans Marianne papier. Il n’est donc pas nul. Le seul intérêt de cette question est évident et il m’étonne qu’un politologue aussi aguerri que toi ne le voit pas : contrairement à ce que disent beaucoup de commentateurs, l’électorat frontiste n’est pas forcément celui qui se mobilise le plus et Marine Le Pen dispose, hélas, de réserves de voix chez les abstentionnistes.
Voilà tout.
Maintenant tu es libre, comme les commissaires Joffrin, Aphatie et consorts d’intégrer ce dossier – très lourd – dans le procès à charge qui m’est instruit ces derniers temps et visant à me désigner à mon employeur et à l’opinion comme un dangereux « agent de décontamination du FN ». Moi, ça me rappelle la chanson d’un autre Guy (Béart) : »il a dit la vérité il doit être exécuté ». Ca m’étonne quand même de ta part.
J’ai consacré un billet à la réponse de Philippe Cohen
http://guybirenbaum.com/20110320/marine-le-pen-dispose-helas-de-reserves-de-voix-chez-les-abstentionnistes/
Si les abstentionnistes s’abstiennent aussi de répondre aux sondages, où va-t’on ?