10 mai 81 ?
10 mai 81 ?
(…)
Rien.
Ou presque.
J’avais à peine 20 ans (je suis né en août 61).
Je revois Mougeotte et Elkabbach qui font la gueule avant 20 heures.
Le portrait de Mitterrand qui apparaît.
La joie des parents.
Le coup de fil à mon grand frère qui songe à s’exiler en Suisse et attend l’arrivée des chars Russes.
Un peu de soirée électorale à la télévision (aucun souvenir).
La pluie qui se met à tomber.
Et puis rien.
La fac, le lendemain ?
Aucun souvenir.
…
Je n’ai pas voté Mitterrand.
Ni au premier tour.
Ni le 10 mai 81.
Je ne votais pas.
Je n’ai pas davantage voté après.
Ni en 88, ni en 95, encore moins en 2002 (et surtout pas au second tour !).
Ni à aucun autre scrutin entre les présidentielles.
Pas davantage pour ou contre Maastricht.
C’est l’Internet, je veux dire mes lecteurs, qui m’ont convaincu de voter en 2007.
Pour Ségolène Royal.
…
Trente ans après, je ne crois pas que la politique peut « changer la vie ».
Je n’y croyais pas davantage à 20 ans, sinon, j’aurais voté dès que j’en avais le droit.
…
Ce qui compte dans nos vies ?
Pas les dates historiques.
Ni des faits politiques.
Mais des moments personnels, intimes.
Des gens, des mots, des images, des odeurs et les lieux qui vont avec.
…
La poupée en haut dans l’épicerie
L’atelier
L’Austin d’A.
Les épaules de papa au Quartier Latin
La prof particulière, madame Tannières, les après-midi de Tournoi des V Nations
Les cyclistes sur le tapis du salon
James West et puis Emma Peel
Le parc du lycée
La balle dans le Musée Rodin
Le dessus de lit jaune
Mémé
Bretagne 27 45
Rémi, Sylvain, Laurent, Manu…
Paul & John
Adriano Panatta
Les coccinelles sur les tentes
Le bac
Airport (Motors)
Une balle de match qui roule du bon côté sur la terre battue du court n°3
Une goutte de sueur qui perle
Ma batterie
Mon Alfa Romeo Giulia 1600 beige
Le petit jardin de Saint-François Xavier
Le parc du lycée
La forêt
La Sorbonne
Bastien
Le sud
Le TGV orange
La fac de Montpellier
L’avion
Un cri
Un canapé vide
Nico & Lau
Une main sur un genou
Un aéroport vide
Napoli Napoli
En bas des Twins
Une salle d’attente
Un sourire
Une toute petite main dans la tienne
La plage
Une IRM
Un cimetière au dessus de la mer
Des ami(e)s qui manquent
…
Le reste ?
Les dates « historiques » ?
Celles où chacun – se – raconte qu’il se souvient précisément de ce qu’il faisait ?
Nos bouées de sauvetage.
la politique c’est l’école gratuite, c’est les soins pour tous c’est la fin de la peine de mort etc etc….alors ça change nos vie mais on oublie comment c’était avant…
désolée car j’aime bien votre billet
mais ce qui fait de nous des hommes et des femmes c’es évidemment quand nous avons pu étudier, nous soigner, manger,
c’est toute cette culture, nos amous des choses, nos premiers amours, et la beauté du monde quand la vie nous épargne….
Bonne journée GBirenbaum.
Jolie photo ! ;0)
Sinon même pas peur des chars russes sur les Champs-E lysées ?
Mwarf !
Zgur_
J’aime beaucoup ce texte.
la musique « des histoires sans paroles »
Texte très joli, très touchant… (qui relativise bien des choses).
Bienvenue à l’armée rouge, le premier guide pratique du collabo! premier ausweiss pour le kremlin. Il est de mai 84. Les éditeurs ne ‘faisaient’ pas encore l’événement. Il ne peut être plus récent, la chape tranquillement se pose. De la France, n’existe plus que le sens interdit.
Et tous les jours, le politique, son inconséquence ou son absence, façonne la marche supplémentaire nous menant au fond du puits comme dans n’importe quel roman de Conan Doyle.
10 mai 1981, la naissance de la pierre noire au fond du foie, bile de nos échecs.
C’est bien vrai, l’absence de politique, notre absence, ne sert à rien. Reste le centralisme d’état, ses bouffons, ses fous.
Mais bon, François Mitterrand fut le dernier à nous aimer. Puis les autres, les premiers à nous vendre.
Ce matin, je me suis demandée ce que tu allais bien trouver…?!!
Je ne suis pas déçue…
Très belle journée
Marion
Il manque une petite ZX bordeaux, loin, si loin dernière à peine visible dans ton rétroviseur, sur les routes de Toscane…
A très vite
C’était la première fois. Que je votais. Et la dernière. Peut-être vais-je y retourner l’an prochain. Mais il est fort possible que je rebrousse chemin. Comme à chaque échéance. Tant je crois itou qu’aucun politique ne peut changer la vie. Et puis, entre nous, cette présidentielle, c’est devenu un cirque, un égo-trip, ou tout comme. Les idées, les projets, oubliés.
On s’était bien pris le nez en amphi. Sur le père Mitterrand. Les poteaux y comprenait pas comment, pourquoi, enfin quoi, je ne lui avais pas donné ma voix. Question d’Histoire, d’éthique et autres détails fâcheux. Habile, il l’était, tribun ça oui aussi, mais pour le reste, j’étais pour le moins dubitatif. J’ai préféré Huguette. Et son PSU. Je sais même pas ce qu’elle est devenue… Mais ce que je sais, c’est que le socialisme français, à la Tonton, c’est de la fumée… Tout de même, y’avait des cadors, de vrais hommes de gauche dans cette bande, faudrait revoir les textes qu’ils pondaient à la fin des années soixante-dix, on n’était pas loin du Besancenot. Mais avec Mitterrand comme boss, c’était juste pas possible.
Ce n’est pas « le peuple de gauche » qui a gagné le 10 mai 1981, c’est François Mitterrand.
Si on voit votre vote de 2007, on peut dire que vous faisiez bien de ne jamais voter.
Googler Bernard Hanse…
(Pas taper, Guy. Et surtout pas avec une Alfa Roméo Giulia 1600 – veinard !)
je ne vais pas la jouer « vieux con » mais votre couplet -vote pas-vote-vote? est désespérant.Voter est un droit voire un devoir ,une preuve d’existence civique.D’autant que vous êtes lu et vu.et donc des responsabilités!!
Pour le reste,tout pareil a quelques différences(province,rugby,autobianchi….)p…. c’etait bien,
Votons car les autres y vont.
Je plussoie
La fac de Montpellier
La Sorbonne,
Ma première voiture
La petite main dans la mienne
et le vote pour Ségo
Eh bien, moi, le 10 mai 81, j’étais à la Bastille. Je me souviens de l’orage et des cris : « La pluie avec nous! » Ensuite, cap sur le quartier latin. Le Carrefour de l’Odéon était noir de monde. Scènes de liesse, sûrement disproportionnées, mais quel pied ! On buvait gratos dans les bars (il y en avait encore) et ça chantait : « Giscard est parti, dansons la samba! » Oui, ça fait partie des grands souvenirs.
Je n’étais pas mitterrandien, mais j’ai voté pour lui au second tour, bien sûr. D’ailleurs, on ne célébrait pas tant sa victoire que le départ de la droite. Pour ma génération (je suis né fin années 50), c’était dément.
Bien souvent j’éclate en sanglots quand Mémé apparaît dans vos billets intimistes.
Je lirai la suite plus tard…
Ah oui, très beau texte sinon.
Ça commençait bien : une poupée, un atelier, une Austin, les épaules de papa… Et pour finir : une IRM, un cimetière, les amis disparus. Ah, vous me filez le bourdon, tiens.
C’est malin, j’ai pleuré.
Merci pour les jours où j’ai ri
2ou3 fois aux éclats.
Quel talent!
Tu me manques aussi
A bientôt
Rémi
La seule fois où vous avez voté,Sarkozy est passé,vous savez ce qu’il vous reste à faire en 2012,hein Guy!!
on dirait un livre de gérard manset
Pour chambrer ou consoler le coup de fil au grand frère?
chambrer évidemment 😉
Il etait temps que vous vous interressiez a ce qui peu arriver aux autres. Vivre l’intant present ou revivre ses souvenirs n’a rien d’incompatible avec des pojections.
A propos de souvenirs , n’epprouvez vous pas de remords d’avoir calomnié Mr Woerth ? Ou bien pour vous les gens de droite sont des chiens à abattre sans sommations ?
A la fin de son livre « Je me souviens » Georges Perec expliquait ce qu’il recherchait en l’écrivant : «tenter de retrouver un souvenir presque oublié, inessentiel, banal, commun, sinon à tous, du moins à beaucoup»
Merci pour ce joli partage, ces fragments de vie, mythologie personnelle ou commune, loin d’une d’une histoire telle qu’en rêvent les historiens …
L’ombre des jambes 🙂 … Vous aviez pris celle de Peter Pan dans le tiroir, une ombre toute freluquette, à la place de la votre.
Vous parlez de dates marquantes individuelles, le 10 mai 81, c’est une date marquante au niveau politique, comme le retour de De Gaulle en 58… Comme la loi Taubira… du 10 mai 2001 ! http://0z.fr/TrZJd
Ouh là là
10 ans en 1981
Culture familiale : je n’ai jamais osé ne pas aller voter (ceux qui aimeraient tant pouvoir voter – et ceux qui ont dû lutter pour que je puisse voter)… et je n’arrive pas à ne pas m’interroger à chaque bulletin dans l’urne, bien que ne représentant que 1/beaucoup de millions
Le texte est très joli, c’est indéniable.
Je vais casser l’ambiance mais…
« Trente ans après, je ne crois pas que la politique peut “changer la vie”.
Je n’y croyais pas davantage à 20 ans, sinon, j’aurais voté dès que j’en avais le droit.
…
Ce qui compte dans nos vies ?
Pas les dates historiques.
Ni des faits politiques. »
Je vais probablement être maladroite mais je reste séchée sur place. Je comprends même pas que tu écrives un truc pareil.
Des millions de gens ne vont plus voter parce qu’ils n’y croient plus. Ca ne fait qu’empirer. Ils ne s’y interessent même plus. Tu continues de t’y interesser mais tu ne poses pas de choix.
Dans l’épicerie, chaque jour (ou quasi) tu nous parles de ce qui te révolte, ce qui devrait changer.
Sans y croire.
Je trouve ça dingue.
(J’espère ne pas avoir été agressive, c’est pas le but mais ouais, je suis séchée sur place, je ne comprends pas 🙁
Vous ne votez pas … ça vous fait un point commun avec Apathie 😉
Je rejoins catnatt, j’ai du mal à croire que tu puisses considérer que la politique ne peut pas « changer la vie » alors que tu la commentes chaque jour.
Elle t’intéresse (voire plus) et tu ne lui accorderais aucune confiance ?
Tu l’avais peut-être déjà écrit auparavant, mais j’avoue que ça m’a fait tout bizarre de lire que tu ne votais pas.
Ton texte n’en reste pas moins beau. Je suis juste un peu surpris.
Vague à l’âme au 50ème surgissant pour moi aussi. La bouée, je l’avais devant moi ce dimanche, sur un petit voilier pour la première fois de ma vie.
Never complain
Never explain
Bof… La politique ne change pas la vie, mais visiblement, en regardant quelques exemples faciles à trouver, l’absence de politique (= de démocratie) semble elle changer la vie…
Texte neuneu mais beau mec sur la photo
Ne pas croire en la politique et éditer du politique?
je t’avais dit que wauquiez ne créerait aucun emploi,
tu m’avais répondu, tu verras
et j’ai vu!
Il perdit 1 million d’emploi.
alors que la crise pouvait en créer 1,5 million.
Mais tu as raison, sauf et parce qu’en france on ne fait pas de politique. puisqu’en politique le présent est initié par le futur, et la france reste collé à son louis XIV
Et plus bouffon que jamais Copé.
Chère Amie, Cher Ami,
Vous trouverez en téléchargement un « argu-flash » concernant le bilan de François Mitterrand.
Le parti socialiste s’est lancé, en ce 10 mai 2011, dans une grande « mitterrandmania » qui frise l’indécence au regard du bilan désastreux de l’ère Mitterrand pour la France et les Français. Les 14 ans de Présidence socialiste ont en effet plus rimé avec « désastre » qu’avec « espoir ».
Pour prendre conscience de l’échec de la politique de François Mitterrand, il suffit de comparer sa gestion de crise avec celle de Nicolas Sarkozy !
Sachant pouvoir compter sur votre mobilisation, je vous prie d’agréer, Chère Amie, Cher Ami, l’expression de ma sincère amitié.
On cherche toujours un coin pour commencer un dictionnaire, celui-là est juste, ni trop ni trop peu. :-))) pov not’p’tit Nicolas, avec des amis comme-ça, pas besoin de François Mitterrand.
Il faut bien reconnaître que c’est barbant toute cette communion avec l’histoire.
Cela dit, si vous le permettez, j’aimerais m’attarder sur votre phrase « Trente ans après, je ne crois pas que la politique peut “changer la vie ».
Je ne suis pas certain d’avoir bien compris votre expression qui aurait pu paraître sentencieuse si elle n’avait été formulée sur le mode de la croyance…
La vie ne change- t–elle pas même (et surtout) lorsqu’elle n’évolue pas dans la direction que nous aurions aimé la voir prendre sous l’impulsion des choix politiques qui nous paraissent meilleurs que d’autres ?
S’agit-il d’une provocation, d’un dépit ou de l’envie de saliver à nouveau avec vos certitudes d’adolescent ?
Peut-être vouliez-vous dire que la politique n’a pas changé votre vie ou que vous ne vous êtes pas rendu compte qu’elle l’a changé malgré tout ?
Pour le reste, vous me permettrez, même si je suis venu chez vous, de ne pas exulter à l’inventaire de ce qui a pu marquer votre existence. Désolé de ne pas partager vos maniérismes, je garde les miens.
Peut-être est-ce cela les changements que l’on peut attendre d’une certaine politique : nous permettre de nous côtoyer sans exiger que l’on communie de la même niaiserie (pardon, je n’ai pas d’autres mots).
Bonne journée quand-même.
En 1981 la politique a au moins sauvé la vie des 5 clampins qui attendaient de tutoyer la veuve. Et on pourrait multiplier les exemples à l’infini. Alors les postures téflon, Guy…
« le sud » de Nino ferrer ?
yes !
c’est un gag, Guy, c’est ça?
ouai, c’est forcément un gag, ouf!! j’ai eu peur…
Le gag c’est toi…
Pour une fois, je vais défendre Guy.
Relativiser, hiérarchiser, ne pas oublier ou risquer d’abîmer ce qui est vraiment important. Je partage cette conception.
« Le gag c’est toi… »
alors pourquoi se soucier d’être informé correctement en soutenant des projets comme @si ou en allant sur des blogs comme le votre pour essayer d’y voir un peut plus clair, si ce n’est au final pour nous aider à faire le bon choix le moment venu.
si ça sert à rien de voter, quelle importance que tf1 nous déverse la propagande gouvernementale à longueur de jités.
il doit y avoir quelques chose qui m’échappe, j’ai pas dû comprendre votre billet…
Bien sûr que ce qui compte dans la vie, c’est la vie ! Mais l’un n’empêche pas l’autre… Irez-vous voter l’an prochain, tandis que le FN rôde plus que jamais ?
Je ne crois pas à la vertu du vote ! Je ne vous mens pas, je ne vous le cache pas ! Je suis honnête. Vous préférez que je vous raconte des histoires, la main sur le coeur ? Je crois à l’action, à l’écrit, je crois au courage, et plus que tout je crois en l’Homme qui ne se confond pas avec ces bulletins de papier qui ne nous ont menés que dans des murs. Je ne vous demande pas d’être d’accord. Je vous demande juste d’éviter les leçons à deux balles. Merci.
Monsieur, Birenbaum, au risque de paraître egocentrique, je voulais savoir si votre message de 20h47 s’adressait à moi ?!? Mon dessein n’était certes pas de vous faire la leçon, de vous juger ou encore moins de vous blesser. Je m’en garderais bien : je respecte les choix de chacun et sachez que j’ai beaucoup d’estime pour votre rigueur intellectuelle et votre audace qui frôle parfois la provocation ou bien le simple désir d’appuyer là où ça fait mal (ce qui n’est pas pour me déplaire…). Sans aucune malice de ma part, je voulais juste savoir si, à un an des présidentielles et dans un contexte de crise économique,sociale et morale et de sociologie électorale sans précédent (en particulier du fait de la montée explicite et décomplexée du FN) vous envisagiez de voter en 2012. Voter n’exclut absolument tout attachement à la vie quotidienne, à ses joies, à ses peines, à l’amitié et plus largement à l’amour et en la foi en l’Homme. Je n’accorde pas au vote plus de vertu ou de pouvoir qu’il ne le mérite mais j’avoue que le simple fait de voter est un droit (je dirais même un rite collectif) que j’aime profondément exercer.
On dirait Richard Gasquet sur la photo. 🙂
Vous noyez le poisson dans vos croyances. Comme si, voter, un truc qui prend moins d’une demi-heure et techniquement simple, pouvait faire l’objet d’une telle emphase sur ce que nous sommes.
D’apres votre vrai métier, vous devriez reussir a distinguer les actions, les representations, les bulletins de vote, et les structures (sociales si vous voulez). C’est un rare moment ou concretement, vous vous interressez au sort de ceux que vous ne rencontrerez jamais.
Voila, j’ai ete assez cruel. La cruaute qu’implique vos croyances ne l’est pas moins.
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