Vingt ans et des poussières…

La Folie

C’était hier…

C’était hier…

(…)

J’arrive à Europe 1 pour rejoindre les bureaux de Des Clics et Des Claques.

Pour m’y rendre je passe devant le grand studio où sont enregistrés les musiciens qui passent en Live sur l’antenne dans l’émission de Thierry Lecamp, On connaît la musique.

Et là…

J’entends une ritournelle de guitare.

Je ne l’entends pas, je la reconnais.

Elle me saisit au bide cette gratte…

Je regarde à travers les stores du studio en pensant qu’un groupe joue des reprises.

Là ce que je devine me troue.

Mais je continue quand même à avancer machinalement, automate, vers nos bureaux.

J’ouvre la porte dans un nuage.

Je pose mon sac sur mon bureau comme un dingo en hurlant à moitié d’une voie étranglée :

« Y’a les Stranglers à Europe ???? »

Eh oui…

Y’a les Stranglers à Europe.

Les Stranglers.

La ritournelle, dans le couloir c’était ça…

Je m’installe en régie et là.

Je suis soulevé du sol par une émotion énorme.

Une boule dans la gorge.

Une autre à l’estomac.

Des frissons.

Me voilà en décembre 1981 dans le parc du lycée.

Parce que les quatre gars en face moi commencent…

 

 

Ce clavecin là est devant moi.

Dans mes oreilles.

Pour mes yeux.

C’est LE jour de chance.

Burnel et ses potes se reprennent plusieurs fois pour que l’enregistrement soit le meilleur possible.

Le plaisir est doublé, triplé même.

Je suis collé contre un poteau dans la régie.

Môme.

Projeté plus de trente ans en arrière.

 

Hier, j’ai eu vingt ans et des poussières.

 

http://www.stranglers.net/

 

Post scriptum Non je n’ai pas filmé, pas pris de son, pas de photo, pas dit un mot, pas serré de mains. Transi j’étais. Je suis encore. Trop ému. Trop fan. Trop môme. Ça passe le 24 mars sur Europe.Merci Lecamp.

À la fin de l’enregistement, l’ingénieur du son a dit dans le micro d’ordres … « That’s Live Music Baby ! »


That’s Life Music…

 

29 Commentaires

  1. La musique est toujours vivante.

  2. Splendide, et splendide histoire vraie

  3. dommage pour les photos vidéos!sympa quand mm le compte-rendu lucky boy

  4. Ce qu’on aime bien chez toi, c’est ton côté sentimental.
    Sans charre !

  5. Ah c’est beau de ré-ecouter ça en te lisant.

    Je suis passé rue François 1er Dimanche assister à l’enregistrement du Grand Rendez où la « Dame de la Région »

    C’était cool de voir JP Elkabbach travailler. Etonnant.
    J’ai fait de chouettes portaits du bonhomme en pleine action, tenté de réveiller Croissandeau et Darmon.

    Mais je regrette bien de ne pas t’avoir croisé.
    Une autre fois à #DCDC pour vous faire le portrait en pleine action?

    http://www.flickr.com/photos/segoleneroyal/sets/72157629401176425/

  6. 😉

  7. Oh ! Un fan d’Elkabbach, dis-donc ! Savais pas que ça existait !

  8. sans Cornwell…

  9. You are a lucky mam GB don’t change nothing….

  10. Ah les Stranglers. Musique totalement simple, totalement efficace, sans un gramme de chichis (mais le petit tactac de la percu dans Always…, j’adore).

    Essayez aussi sur youtube les Silencers (Sacred child) ; Fairground Attraction (Perfect, avec une fabuleuse réverb’ de guitare dans le deuxième tunnel du canal, et le clip est top).

    Et Boy George (si,si) dans To be reborn (clip classieux). A pleurer d’émerveillement.

  11. quelle chance!
    superbe

  12. Hey hey my my
    rock n roll will never die…

  13. Bernard, non fan je ne dirais pas vraiment cela 🙂
    Je l’ai vu dans ses pires œuvres, dans sa totale complicité avec le pouvoir, je l’ai vu aussi dans le mépris, etc…

    Mais voir bosser un éditocrate de cette génération, c’est peu toute proportion gardée comme avoir la possibilité de voyager dans le temps pour voir travailler un Pierre Lazareff :))

  14. Razak,

    Tu fais bien de préciser « toute proportion gardée » sinon j’aurai fini foudroyée en lisant qu’Elkabbach c’était comme Pierre Lazareff.

    Faut eviter de faire ce genre de frayeur aux gens, c’est mauvais pour le coeur. Ma parole, j’en suis toute retournée.

  15. Dans le genre archéologie, j’ai pensé à Albert Londres, mais je me suis dit que mettre JP Elkabbach et A. Londres dans la même phrase ce serait un crime. Ooops je viens de le faire.

  16. donc il existe une communauté de gens qui sont capables d’etre hantés , habités , envahis par la musique quelle qu’elle soit (bonne de preference mais çà reste une affaire de gout) au point d’afficher un sourire, non un rictus, non plus, une beatitude de la face, ouais c’est çà, dès qu’ils entendent une musique assez forte pour les percuter ou les bercer , c’est selon et du coup comme on est sous le choc on a besoin d’un poteau. et bien je me sens moins seule.
    merci guy (au passage j’ai l’impression, au fil de la lecture de l’epicerie, que nos affinités musicales ont pas mal de choses en communs)

  17. La prochaine fois tu m’appelles steuplé. Merci. 🙂

  18. WaouW vous en avez eu de la chance. Les stranglers, c’était mon groupe préfère au collège et au lycée, j’ecoutais en boucle feline puis un jour au mois de juin la bande magnétique de ma cassette à fondu, Walkman foutu.

  19. Pour moi « Always the Sun », chanson magique, c’est d’abord et surtout celui qui chante et joue ce petit gimmick de guitare, c’est à dire Hugh Cornwell, le chanteur-guitariste, l’âme du groupe, l’auteur-compositeur principal.

    Pour la petite histoire, il a quitté les Stranglers en 1990!

    Les Stranglers que tu as entendu ne sont probablement pas les « vrais »… à moins qu’ils ne se soient re-formés.

  20. J’adore les gars qui t’expliquent que depuis que Cornwell est parti c’est pas les vrais. Vous avez raté un truc les gars…

  21. Ouais, c’est comme le Golden Gate Quartet.
    C’est pas les mêmes qu’au début mais c’est bien quand même.
    Ils feront même en 2012 la tournée « Âge tendre et Têtes de bois » saison 7, c’est dire.

    Il parait qu’en 2034, les Rolling Stones se produiront toujours.
    Je suis sûr que ce sera bien aussi.

  22. Je ne connais pas ce groupe mais je connais cette sensation.
    L’abolition d’une frontière, la chute du mur. Et/ou un remugle enfoui de la mémoire, qui efface toutes les tricheries construites et fait réapparaitre, comme une radiographie, http://www.c2rmf.fr/images/pages/bitmaps/c2r_1_radiocheval.jpg le bricolage qui nous tient debout.
    Ou environ à peu près si on veut ce que j’ai cru essayer de comprendre.

  23. Razak

    Mon coeur d’un penchant sans doute trop romanesque, s’est brisé quand tu as sorti de ton chapeau le nom d’Albert Londres.

    C’est une mort sans cadavre. Cette petite mort que seuls les mots peuvent vous infliger.

    Puis, j’ai imaginé Elkabbach grand reporter bravant le danger et je suis de nouveau morte (de rire cette fois) en tombant de ma chaise.

    Comme on doit chercher du bon dans toute situation, je te remercie car tu m’as donné l’envie de lire une biographie d’Albert Londres pour retrouver l’esprit de cet homme hors du commun.
    Si quelqu’un sait vers quoi je dois me diriger pour avoir une bonne bio, merci de vos tuyaux.

  24. Rhhhaaaa, un des groupes les plus créatif de l’histoire de la musique ! Et le plus misogyne aussi (au second degré on va dire, parce qu’on les aime :)).
    Bon, je dois avouer, Always the Sun, c’est pas ma tasse de thé, même si le titre est très beau, ça sonne pas aussi déjanté que les 3 premiers albums 🙂
    Mais encore aujourd’hui, ma sonnerie de tél c’est « Peaches » des Stranglers (en parlant de misogynie d’ailleurs :D) http://www.youtube.com/watch?v=XF3P4AAaVIg
    Et je l’ai raté mais il y a très peu de temps il y a eu un concert de Cornwell qui jouait Rattus Norvegicus en entier !

  25. Pat

    Midnight summer dream c’est ma préférée des Stranglers et avec le recul je me rends compte qu’on était ados romantiques dans les années 80…Pas romantiques au sens d’aujourd’hui, mais tous ces groupes musicaux sont venus nourrir une sensibilité que je n’observe plus aujourd’hui dans la jeunesse ! Dans cette New Wave on a beaucoup de mélodies sombres, tristes et qui nous rendaient paradoxalement heureux comme si quelque part eux, ces artistes savaient parler à la jeunesse, eux comprenaient les états d’âmes d’une génération, d’une époque et savaient les retranscrire, les magnifier ! Je pense qu’on a eu une chance incroyable d’être accompagné ainsi ! Ils sont partie prenante de nos émotions ! Et après tout quoi de plus naturel que la nostalgie de ses 20 ans 🙂

  26. Malbrouck, je crois bien que le romantisme n’a pas d’âge 😉

    Dans mon entourage, il y a quelques jeunes musiciens (dont certains ne font que ça, avec des petits boulots alimentaires à côté), talentueux et … un brin romantiques. Ce qui n’empêche pas les désaccords profonds sur certains goûts musicaux : celui qui vénère Jim Morrison ne comprend pas, mais alors pas du tout, que sa copine puisse aimer AUSSI les BB Brunes 😉

    Bref, comme dans les années 80, où les cohabitations musicales pouvaient être à l’origine de quelques petits sarcasmes… notamment entre filles et mecs, non ?

    Et qui, dans ces mêmes années, assumait un penchant pour Travolta et Saturday Night Fever, tout en vantant les groupes comme The Stranglers ? Pas grand monde, de mémoire.

    Selon Emmanuel Kant, « la musique est la langue des émotions »
    Selon Thomas Mann, « la musique est le domaine des démons »
    Selon Björk, « la musique vous permet de devenir imprévisible »

    J’aime bien le point de vue de Björk, en fait.

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