M., M. M.

Fiction

Je n’ai pas envie de continuer…

Je n’ai pas envie de continuer…

(…)

Après le débat sur la diffusion des images des meurtres, voilà déjà l’écrivain qui se met dans la tête de…

C’est une fiction titrée…

« Moi, Mohamed Merah »

À l’invitation du Monde des livres, c’est l’écrivain Salim Bachi, auteur de Moi, Khaled Kelkal, qui est – je cite – « entré dans la tête du tueur, mort le 22 mars à Toulouse ».
« Entré dans la tête du tueur »…

Et ça débute comme ça :

« Vous ne m’aurez pas vivant, je suis déjà mort, je leur ai dit à tous ces flics qui m’encerclent et lancent leurs grenades contre les murs de l’appartement. À peine né, déjà crevé ».

Je vous l’avoue, je me suis arrêté là, avec une légère gêne pour l’auteur.

Et je n’ai aucune envie de continuer.

Bien évidemment, chacun est libre de lire, d’écrire, de dire, de faire. Et la fiction a et donne tous les droits.

Mais quand même.

Une semaine après l’assaut ; alors que Merah n’est même pas encore enterré et que les familles de ses victimes sont en miettes, ce « Moi, Mohamed Merah » participe d’une forme d’indécence généralisée.

Tout  – le monde – va beaucoup trop vite.

38 Commentaires

  1. Ca me rappelle le papier de Duras sur Christine Villemin…

  2. GB ce n’est pas plus indécent et ou nécessaire que cette question qui nous taraude, comment devient , qui est, qui sont ces Kalkal les Merah ( mais aussi à l’extrême droite, avec des noms des cultures différentes, et aussi, dans le monde arabe avec d’autres revendications etc etc), et tant que nous n’arriverons pas à poser une analyse si peu acceptable comme le/les cancers, ils tuereront sans que nous puissions nous protéger….un peu tôt mais nécessaire.

    Autrement certainement….

    Mardi soir sur F 3, certaines analyses étaient intelligibles….

  3. ps/

    l’écrivain n’a pas su dire non ( ou pas voulu ?), mais que penser du Monde qui lui à formater sa question, qui est le plus coupable selon vous…perso, j’hésite….

  4. a formaté

  5. Bientôt dans le Monde : « dans la tête du père qui a attaché son fils à un poteau électrique ».

  6. Il fut un temps où j’aurais commenté et fait des « tartines » autour de cette question !
    Là j’ai la nausée, je dois être devenu lâche ou très fatigué !
    Je ne supporte plus d’entendre parler de cette affaire !
    Tout a tellement été déjà dit et on fait mine à chaque fois de découvrir ! Ça rajoute à l’indécence ! Trop c’est trop !
    Ce gout pour le sensationnel sur le dos de tant de souffrances ! Ça m’écœure au sens le plus concret !
    Ce n’est pas de l’irrespect pour ces familles brisées mais je n’ai plus rien à dire sur cette catastrophe !

  7. Je propose qu’on ne le nomme plus. Il vaut mieux dire « le tueur de Montauban et Toulouse », « l’assassin illuminé »…tout ce que vous voudrez, sauf une existence sur le net.

  8. Je rejoins « Malbrouk » ! Trop c’est trop, et ce livre est « trop » aussi !

  9. « Je vous l’avoue, je me suis arrêté là, avec une légère gêne pour l’auteur. »

    Moi, la gêne, c’est surtout pour la rédaction du Monde, qui – les plus anciens s’en souviennent peut-être – fut autrefois qualifié de journal de référence. Le trio Minc, Plenel, Colombani l’avait déjà fait tomber bien bas. Il ne risque pas de se relever aujourd’hui qu’il appartient (en co-propriété avec Pierre Bergé et Mathieu Pigasse) à un type qui a fortune avec le minitel rose et des peep-shows :
    http://www.acrimed.org/article3795.html

  10. un seul mot résume tout cela….l’argent….

  11. +1.

    Bizarre, cette obsession à se mettre « dans la tête » des terroristes…

  12. Moi Myriam Monsonégo je vais raconter à mes copines que ce matin, mon maman a été méchante. Elle n’a pas voulu que je mette ma robe bleu et c’est pas juste. Je préfère de loin la robe rose……tiens, mais que fait ce monsieur avec son casque sur la tête…..qu’est-ce qu’il tient dans sa main……..

    Voulez-vous que je continue? C’est vendeur d’après vous? Je cherche un éditeur.

  13. Outre la nécessité de vendre du papier et un certain penchant du public pour la tératologie, cette « obsession », V, vient peut-être du fait que la violence du terrorisme n’est quasiment jamais verbalisée, contrairement à la violence de l’État… (je ne cherche pas à excuser qui que ce soit, et surtout pas les divers responsables de cette publication)

  14. (… et encore moins son sinistre inspirateur, il va sans dire)

  15. Guy, dis Guy, j’ai le droit de vomir?

  16. Et malbrouck, tu as tort, infiniment tort. Le problème n’est pas le pouvoir d’achat, mais bien l’emploi. J’attends ta contradiction.

  17. Je n’en suis plus à discuter des problèmes de fond à résoudre dont l’emploi et l’activité bien entendu 🙂
    Quand j’évoque le pouvoir d’achat des salariés pauvres c’est simplement pour contenir cette population, la plus en colère, la plus remontée et qui à force d’être oubliée, dénigrée va nous faire gagner le FN un de ces beaux matins !
    Reculer cette échéance d’un nationalisme étriqué qui nous pend au nez ce serait déjà pas mal et c’est en cela que je salue le miracle Mélenchon !
    L’emploi bien sur, pourvu qu’on ne donne pas l’impression de n’avoir d’intérêt que pour les chômeurs ! Sujet piégé de toutes parts !

  18. Je viens de le lire avant d’entrer dans l’épicerie… Je n’aurais pas du, c’est pathétique : du Duras en plus mauvais, effectivement (koramarok), ce qui est un véritable exploit. N’oublions d’ailleurs pas que Marguerite « n’a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmées. » (Pierre Desproges)

    PG

  19. Bientôt une boisson énergisante à l’effigie du tueur, et les mémoires de sa petite copine, qui selon son avocat « elle n’était pas vierge, M. Merah le savait,il était ouvert, il aalit en boite de nuit. » Aucune pudeur pour appréhender la douleur des familles des enfants abattus.

  20. Et puis l’emploi pour quoi faire ? 🙂 Qu’il y ait un problème de manque d’activité ne permettant pas à chacun de s’épanouir, qu’il y ait des besoins collectifs non satisfaits et qu’il y ait par ailleurs un problème de répartition des revenus : tout ceci ne m’oblige pas de m’enfermer dans une logique de la nostalgie du plein emploi salarié ! Le plein emploi salarié n’est pas un objectif à défendre et à quel titre devrait il l’être ?
    J’attends toujours qu’un candidat ose tenir ce genre de propos suicidaire 🙂
    Je n’aime pas le salariat : toute activité humaine devrait être gratuite et non rémunérée !
    Je dissocie la question de l’activité de celle du revenu !
    La vraie fin du libéralisme c’est de mon point de vue l’abolition du salariat : aucun danger qu’on y parvienne !
    Rassurez vous 🙂

  21. L’abolition du salariat c’est l’abolition du chômage ni plus ni moins ! Tout citoyen étant considéré en pleine activité de sa naissance à sa mort en raison du tapage et du bruit qu’il manifeste (bien trop actif à mon gout d’ailleurs)
    Cette dictature capitaliste du tout salariat a perverti l’objet même de l’humanité !
    Je n’accepte pas les normes, les paradigmes institués parceque je ne leur trouve aucun sens sinon l’aliénation à une fabrication mentale délirante !
    Parlez moi de besoins réels, de choses utiles et nécessaires (s’il en existe) !
    Parler de l’emploi dans le cadre d’une figure imposée, obligatoire c’est un peu trop court à mon gout !

  22. C’est exactement la réflexion, au mot près que je me suis faite. Un peu de silence est-il tout simplement inconcevable, parfois ?
    Au moins, la réaction d’Olivier Rolin dans le même Monde des Livres m’a paru plus simple. Même si elle était assez primale voire primaire, même si elle laissait passer une colère ad hominem qui n’allait pas bien loin, elle assumait ça justement, elle disait que l’écrivain est parfois démuni ( et pourquoi le serait-il moins que n’importe qui d’autre ?) et donc que faire de la littérature dans l’immédiateté est une vue de l’esprit et oui, une forme d’indécence.
    On en revient toujours à la même chose : ne parler que quand ce qu’on a à dire est plus important que le silence…

    Mais Guy, une petite question à ce propos : à l’heure de la « grande conversation » généralisée, réseaux sociaux et tutti quanti, peut-on à la fois la célébrer (je ne dis pas que tu le fais sans recul critique, au contraire, mais quand même, tu en es un acteur) et s’étonner voire regretter que le bruit s’immisce partout, tout le temps, en balayant la décence ?

    Amicalement
    Thomas

  23. L’équilibre est difficile à tenir mais par exemple je n’ai pas contribué aux discussions sur les images de la tuerie. Et lorsqu’un sujet m’indispose, je le dis. Mais je cède parfois évidemment à la tentation de l’instant.

  24. @ Guy : Aucun problème, par contre @si nous a infligé pendant une semaine la sale gueule de ce petit salaud, ce qui est franchement pénible !

    @ Malbrouck : Le véritable problème cher Malbrouck, graphomane confirmé et cependant fort sympathique, c’est qu’il faudra se résoudre à brouter l’herbe, les poulets n’ayant hélas pas l’habitude de choir tout rôtis dans les mandibules des affamés…

    C’est un détail, j’en conviens, mais qui mérite d’être envisagé, surtout que le raisin ne pousse pas non plus tout seul et que – circonstance aggravante – il ne se transforme pas spontanément en vin (pour pouvoir lever le coude entre amis) ni en vinaigre pour accommoder l’herbe du jardin du Luxembourg (je vais au plus près) qui a l’inconvénient d’être peu goûtue…

    PG

  25. Patrice,

    Ton gout pour la bonne table n’est plus un secret pour personne et tu as au moins le mérite d’avoir énoncé des besoins réels y compris combinés à la culture qu’on se veuille épicurien ou rabelaisien 🙂
    Quand on commence à parler de choses sérieuses on en revient vite à parler des métiers agricoles, paysans etc…
    J’adore l’image de poulets rôtis qui viendraient choir dans les mandibules affamés !

  26. Et pour parvenir à ce festin de Babeth, à cette belle table agrémentée de bon vin, il est bien rare d’entendre qu’on va se mettre à labourer un champs puisqu’il s’agit d’aller participer à je ne sais quel plein emploi salarié dont le but n’est même plus de dresser une quelconque table à l’arrivée !
    C’est le sens que je questionne non sans provocation 🙂

  27. Les tombes sont encore fraîches, encore bouffis les yeux (toutes douleurs confondues) quand, à chaud et à flot, jaillit la diarrhée verbale d’un certain “ Salim Bachi, auteur ”. Indécence ! Outrecuidance ! Qu’un gratte-papier, en mal d’inspiration et de sensations fortes, exploite un sanglant fait divers et mue en hyène ratiocineuse et psychologisante, c’est déjà consternant. Qu’il récidive « à la demande du Monde des Livres », c’est un comble. La pornographie de l’âme, la pire qui soit. Pouah !

  28. Et Sarkozy qui compare ce drame au 11 septembre ….

    les mots on un sens, pour l’écrivain comme pour l’homme politique,
    chez l’homme politique elle est infiniment plus perverse….

    c’est ce que je pense et peu me chaut si je suis peu ou pas suivie sur le sujet.

    J’ai lu le monde des livres et après lecture, je ne change pas grand chose à ce que je pense, je ne lirai pas ce livre comme les précédents car je crois que pour traiter le sujet Malaparte ( au hasard) et d’autres, sont plus forts, précis et troublants ….bref

    S,i le le sujet est blâmable, limite, trop tôt certainement, c’est celui qui en fait l’offre, qui à mes yeux est responsable… et l’attitude de O Rollin, n’est guère plus élevée, comme si le Mal était comme le diable une force invincible…. si on doit hiérarchiser….ou noter.

  29. @ Malbrouck : ton questionnement est très pertinent, lorsqu’on est dans une impasse il est indispensable de se demander comment continuer !

    Je suis enchanté de t’avoir fait rire avec l’évocation des opportunes chutes de volatiles tout cuits aux bons endroits…

    D’un autre côté je ne défends pas une seconde le modèle imbécile dans lequel nous nous sommes laissés enfermer, par contre je pense qu’il faut bosser pour bouffer, et il ne me semble pas qu’il soit possible de nier cette évidence, sauf à recourir à l’esclavage (statut des pays dits “émergents” que je connais bien en Asie) ce qui reste pas mal honteux du point de vue éthique, non ?

    La provocation est le seul moyen d’avancer un peu, merci cher Malbrouck de l’utiliser avec talent !

    PG

  30. J’ai eu les réponses Malbrouck et je t’en remercie. Dictature capitaliste et chômage font effectivement ménage, d’ou pour caresser l’idée de la disparition de l’une, comme de n’importe quelle, commencer à se débarrasser de cette notion torturante de division sociale du travail. Vieux peut, vœux pieu.

  31. Voeu pieux.

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29 Mar, 2012

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