Le début d’une nouvelle

AA

Je n’ai pas le temps de l’écrire…

Je n’ai pas le temps de l’écrire…

(…)

C’est dans le Pays d’Auge d’hier.

Je compte sur vous pour me faire découvrir la suite….

 

 

21 Commentaires

  1. il manque un parapluie à cette annonce pour qu’elle soit parfaite

  2. J’ai lu en titre Occasions d’Ivresses… Je suis fatigué !

  3. – LA BELLE DES CHAMPS ET LE CON TOUT-TERRAIN Matthieu Rosières, en découvrant cette annonce à l’heure du petit déjeuner, n’avait pas hésité longtemps. Cabourg-Trouville, il se coltinait la route tous les jours. La longère familiale, héritée de sa belle-famille, se situait dans un bled en bordure de la Dives. Son agence immobilière, elle, était en plein centre de Deauville. Non pas que les bicoques à colonnades s’arrachent moins bien du côté de Cabourg que de celui de Deauville ou Trouville mais, bon, il avait sauté sur la première opportunité professionnelle offerte à son arrivée de Paris. Ras le bol de l’agressivité, du stress, du climat de plus en plus oppressant de la capitale ! La disparition de ses beaux-parents avait précipité les choses : sa femme et lui, le deuil passé, n’y avaient pas réfléchi à deux fois. Leurs deux ados sous le bras (ceux-là avaient bougonné un temps mais, ils finiraient bien par s’y faire…), ils avaient rédigé leur lettre de démission respective et rendu fissa les clés de leur 70m2 du XIème pour investir ces 200m2 habitables ‘tombés du ciel’. Vive l’air marin et bucolique de la Normandie ! En cas de nostalgie ou d’ennui, Paname n’est pas très loin, s’étaient-ils dit. À la lecture de cette annonce du ‘Pays d’Auge’, donc (ah, ce petit bonheur intime et un peu snob d’abandonner Libé, le Canard Enchaîné et l’Expansion pour ne plus que se plonger dans la lecture quotidienne des fraîches régionales…), Matthieu Rosières avait saisi son téléphone. Partager les frais, peu importe (une vingtaine de bornes, bon…) mais, voici l’occasion, peut-être, d’une belle rencontre. En plus, son auto-radio partait en vrille. Une légère déception, au son de la voix à l’autre bout du fil. Il n’avait pas songé spontanément – c’est idiot – qu’il puisse s’agir d’une femme. La ligue 1 ne serait donc pas souvent évoquée durant ces trajets d’une demi-heure, avait-il pensé, un tantinet frustré, un brin sexiste. La voix était douce, posée. Elle lui expliqua les raisons de cette petite annonce : la mort subite de son tacot, une obligation hebdomadaire de se rendre à Trouville pour son travail.  » Essayons ! « , s’était-il dit. Rendez-vous fut pris pour le jeudi suivant. La voix de la femme resta, les jours suivants, dans l’esprit de Matthieu Rosières. –  » À quoi réfléchis-tu ? « , l’interrogea son épouse durant un déjeuner où son manque d’attention n’était que trop flagrant. –  » À rien, à rien. Je rêvasse…  » La vérité était que, l’homme étant toujours une boîte à fantasmes sur pattes, Matthieu Rosières visualisait une belle brune aux cheveux bouclés et teint diaphane, dépliant son mètre soixante-dix avec l’agilité et la grâce naturelles d’une panthère à la sortie de son véhicule, qu’il saluerait d’une main polie sur le parking de la gare avant de la rejoindre dix minutes plus tard, loin des regards curieux, dans une chambre de l’hôtel du Port. Matthieu Rosières n’était pas un mari particulièrement infidèle mais, par définition, les fantasmes… –  » Qu’est-ce que c’est que ça ? Ça ne peut pas être elle… « , s’écria-t-il à haute voix, le jeudi suivant, en se garant devant la mairie de Cabourg. –  » C’est bien ma veine !  » La femme postée sur le parking s’approcha. –  » Matthieu ? Bonjour, je suis Nadia. Vous allez bien ?  » Matthieu Rosières grimaça un sourire. Elle s’installa dans le véhicule, conservant son sourire aimable lorsque Matthieu Rosières alluma une clope sans lui demander. –  » Je peux baisser légèrement la vitre ? « , se risqua-t-elle tout de même, n’osant pas évoquer son problème d’asthme. Il marmonna un  » oui, oui  » peu avenant. Si le trajet était court, en terme de kilométrage, il parut cependant interminable à la pauvre Nadia. Elle tenta bien de chanter les beautés de la Côte Fleurie à Matthieu Rosières mais, celui-ci ne se montra guère réceptif. Lorsqu’il se décida à desserrer les lèvres, ce fut pour se renseigner sur la profession de Nadia.  » Aide-soignante ? Eh ben, on ne va pas se risquer à parler de géo-politique ensemble…. « , ironisa-t-il intérieurement. Soudain prolixe en questions mais, sans se déparer de son masque hautain, il lui demanda : –  » Et vous êtes d’où ?  » –  » Je suis Normande. Je suis née à Caen.  » –  » Ah, oui… « , lança-t-il, regard fixe sur la route et sourire cruel aux lèvres. Nadia avait bien saisi le malaise mais, elle se contenait. Elle n’avait pas le choix : sa voiture fichue, elle devait se rendre le jeudi coûte que coûte à la maison de retraite trouvillaise. –  » Et… Vous êtes mariée ?  » –  » Pas encore « , répondit-elle, désormais franchement mal à l’aise face à ce qui ressemblait de plus en plus à un interrogatoire en bonne et due forme. Consciente que ce voyage en compagnie de Matthieu Rosières ne se reproduirait pas, elle sentir monter en elle des velléités provocatrices, comme en ont souvent les gens timides. –  » J’attends qu’elle fasse sa demande « , lança-t-elle, bravache et sourire radieux. Matthieu Rosières frôla le malaise. Il ne décrocha plus un mot jusqu’au rond-point de la gare. Nadia, elle, fière de son coup, conservait son sourire aux lèvres. –  » La semaine prochaine, j’y pense, je ne suis pas sûr de pouvoir. Je vous téléphone, ok ?  » –  » Ok ! « , répondit-elle, désormais hors du véhicule, les yeux dans les yeux. Matthieu Rosières, maintenant seul, marmonna : –  » Je rêve ! Je quitte pas Paris pour retrouver ‘ça’ !  » Nadia, elle, de son côté, regardant la peau ébène de sa main gauche, tout en marchant le long du quai, appela son amie sur son portable et lui dit, en s’esclaffant :  » Tu sais, je vais re contacter le journal et rajouter ‘gros cons s’abstenir’ dans mon annonce !  » Elle en riait car, bien entendu, elle ne savait que trop bien qu’on ne les voit jamais surgir, ceux-là.

  4. Comme chaque jour, Denis feuilletait Le Pays d’Auge, attablé au Café de la Digue de Cabourg. La veille il était encore allé au Casino risquer une partie de ses allocations chômage. Tout ce qui lui manquait à présent, c’était un travail. Maintenant que sa mère avait rejoint la maison de retraite AA de Trouville, son quotidien était plus léger malgré le manque d’argent.

    Gérard, assis en face de lui, lui lança Tiens, regarde la première annonce de la rubrique « occasions diverses » ! C’est pour toi.

    Denis lu : Cherche personne allant chaque semaine au AA de Trouville/mer qui pourait me prendre à Cabourg pour m’y emmener. Partagerais frais de carburant.

    Mais tu as raison, répondit Denis à Gérard. C’est un bon plan. En rentrant chez moi tout-à-l’heure, j’écris.

    Denis rédigea sa réponse, précisant qu’il se rendait tous les dimanches au AA de Trouville pour visiter sa vieille mère, sans omettre de donner son numéro de téléphone.

    Après deux jours, le portable de Denis sonna enfin. Bonjour Monsieur, merci de votre réponse à mon annonce. Je suis Maître Renard. Si vous êtes toujours d’accord, nous irons ensemble dimanche prochain à la maison de retraite. Je compte y passer une heure.

    Denis reconnu une voix d’homme posée et grave. Il en fut surpris et intrigué car il n’imaginait pas un tel homme sans voiture.

    Le jour venu, au point de rendez-vous, Denis reconnu tout de suite l’homme vêtu d’un costume sombre et grand. Allez, montez lui dit-il. Puis avenant comme à son habitude il enchaîna par une question : Qu’est-ce qui vous amène au AA de Trouville ?

    Maître Renard répondit obséquieusement : Mon travail. je suis notaire et je vais voir un client qui n’est plus très jeune. Je rédige avec lui ses dernières volontés.

    Ah, et vous n’avez pas de voiture pour vous y rendre ?

    Non, je ne conduis pas. Je suis un adepte du covoiturage. Cela me permet de faire des économies.

    Un silence de plomb s’installa. Denis se dit en lui-même Et moi qui croyais faire une affaire !

    Puis regardant son passager avec malice, Denis revint à ses moutons : L’aller à Trouville me coûte 4 litres d’essence. C’est du super à 1,60 €. Cela vous fera donc 3,20 €.

    Maître Renard un peu surpris, Et pour le retour ? Je compte la même somme ?

    Denis avec un léger sourire en coin : nous n’avons rien convenu pour le retour. Je dois faire un détour par le supermarché. Vous vous arrangerez pour rentrer.

    Plus un mots ne fut prononcé entre les deux hommes jusqu’à l’arrivée. Ils se mirent d’accord pour renouveler l’expérience aussi longtemps que nécessaire puis, se séparèrent sur le trottoir en face du AA après que Maître Renard se soit acquitté de son du.

    Le surlendemain, Denis attablé au Café de la Digue de Cabourg, feuilletant Le Pays d’Auge à la rubrique « Occassions Diverses » lu ceci :

    Cherche personne équipé d’un véhicule diesel allant des AA à Trouville/mer à Cabourg qui pourait m’emmener. Partagerais frais de carburant. Ecrire au Journal….

  5. BRAVO !

  6. Roman noir ?

  7. Je ne sais pas…

  8. – AU PAYS DES TULIPES, LES BUTINEURS SONT ROIS . –  » Elles jouissent de la langue, arrivées à un certain âge !  » –  » T’as raison ! Faudrait un lecteur de carbone 14 pour les repérer sous le maquillage maintenant; serait plus commode…  » Les deux lurons se tenaient les côtes pendant que maintes oreilles féminines d’âge mûr sifflaient probablement sévèrement alentour. René Graillon et Richard Raboisson étaient déchaînés. –  » Messieurs, passe encore que vous soyez misogynes et complètement ronds mais ne bifurquez pas sur le chemin de la vulgarité, bordel de Dieu ! Je ne l’tolèrerai pas ! Ma maison a sa réputation ! « , s’époumona la tenancière. –  » On plaisante, M’dame Yvonne ! On plaisante… Tiens, remettez-nous les p’tites jumelles je vous prie ! Je les entends d’ici geindre et supplier, rêvant de venir enfin à notre rencontre… « , s’esclaffa René Graillon en tendant son verre-tulipe vide. –  » Le dernier, alors ! Ça va bien, maintenant ! Ça va bien ! Ça dégénère sévère, là ! « , tonna la dame, en saisissant la bouteille de calvados à portée de main. Une heure qu’elle menaçait mais, comment résister à de si bons clients ? L’appétence de ces deux-là pour la pomme était, commercialement parlant, assez irrésistible. –  » On a notre quota quotidien de fruit ou pas, là ? « , lançait Richard Raboisson, provocateur, à intervalles réguliers. Le chevalier Graillon avait rencontré le sire Raboisson en répondant à cette petite annonce du canard régional :  » Cherche personne allant aux AA de Trouville/Mer chaque semaine pouvant me prendre à Cabourg et m’y amener. Frais partagés.  » Sa dame le tannait depuis Mathusalem à se reprendre, à se contenir, se modérer au moins, lassée de venir le récupérer complètement bu, chaque soir de l’an, dans l’un des zincs de Cabourg (quand ça n’était pas sur la plage) mais, il n’avait jusqu’à présent jamais voulu entendre parler de cette association nouvellement créée à Trouville. –  » Rien que l’nom de la cité est un appel au végétarisme liquide ! « , plaisantait-il lourdement, puéril. Mais madame criait, insistait, chargeait à chaque nouvel écart (c’est-à-dire tous les jours). On n’en était pas encore à évoquer le divorce (faut pas exagérer, elle ne découvrait pas son moineau, mais, tout de même, le ton se faisait de plus en plus rude chaque jour…) La lecture de cette petite annonce, un matin de juillet, lui parut être un encouragement du destin.  » C’est vrai que j’abuse et que je ne ferai pas de vieux os à ce rythme… « , s’était-il sermonné silencieusement, devant son pâté-Bordeaux matinal. Chaque occasion, sur le chantier, était bonne pour trinquer : avant le boulot, pendant, après. Une naissance dans le couple d’un collègue ? –  » Ça se fête !  » Un décès ? –  » J’vais te remonter le moral !  » Un contrat fini ? –  » Santé !  » Un licenciement ? –  » Tu vas pas partir comme ça ?  » Il ne l’avouait pas à sa moitié mais, ses souffles au cœur se faisaient récurrents. Un acolyte, quelqu’un sur qui s’appuyer ou un gonze à motiver (et, par ricochets…) : ça faciliterait, c’est sûr. Il présenta ainsi l’affaire à son épouse : –  » Tu vois? C’est pour toi que j’le fais ! J’veux bien faire des efforts !  » Elle applaudit des deux mains et, l’enlaça, l’œil humide et la truffe coulante. Il répondit donc à l’annonce et ne tarda pas à recevoir un coup de fil. Mr Raboisson, vieux garçon, retraité, dont la principale occupation était de courir les bals normands pour 3ème âge à la recherche d’une nouvelle amie avec qui passer le temps (les précédentes étaient  » pas rigolotes « , selon lui…) Par malheur et malédiction, il se retrouvait accolé au bar plus souvent que virevoltant sur la piste de danse ! Un méchant retrait de permis, survenu lors d’un contrôle sur le chemin de Caen, l’avait à la fois poussé à l’inscription aux Alcooliques Anonymes (geste fermement encouragé par le tribunal) et, par la suite, à publier cette annonce. Aujourd’hui était le premier jour du sommet Graillon-Raboisson et, quinze minutes après leur première rencontre (soit 7 bornes plus loin), de là où ils étaient, Trouville ne leur avait jamais semblé aussi excentrée. Dans un moment de lucidité, entre deux rires sots et hoquets incontrôlés, Richard Raboisson, conscient et de l’heure trop tardive pour la séance collective et de leur état mutuel, demanda à René Graillon : –  » Qu’est-ce tu vas lui dire ?  » Dans un éclat de rire sonore qui fit lever le sourcil droit à Mme Yvonne, ce dernier s’esclaffa : –  » Que la 1ère séance est une étape de transition !  » Ils se tordirent de rire comme des sales gosses heureux du pétard mammouth lancé sur une passante apeurée et firent tinter leur verre en beuglant : –  » Je m’appelle….  » Mme Yvonne, mi figue-mi raisin, reboucha la bouteille de calva violemment mais, malgré tout, roublarde aguerrie, ne put s’empêcher d’esquisser un sourire complice et amusé. –  » Allez ! À la vôtre, les gars ! Mais, c’est la dernière ! J’ai ma réputation, moi ! ‘La tulipe joyeuse’ n’est pas une maison de soûlards, nom de Dieu ! « 

  9. ALLER SIMPLE

    Comme la plupart des gens au QI supérieur, Charles avait la certitude d’être très peu digne d’intérêt. Et comme Charles revendiquait le droit de n’avoir raison sur rien, sauf sur ça, il en trouvait les preuves partout. Quitte à les fabriquer. Lorsqu’il rédigea une annonce dans le journal, il pris soin de choisir un langage approximatif, délicatement parsemé de fautes d’orthographe, ce qui donnerait une image très juste de qui il était et aurait l’avantage de n’attirer aucune réponse. Il pourrait alors prouver à sa femme que vraiment c’est sûr, il est trop nul, car même sans le connaître, pas une personne pour lui accorder un brin d’intérêt. Personne pour lui répondre, même par la négative. La parution de l’annonce couronna de succès sa stratégie de l’échec, bien au-delà de ses espérances. C’est avec un sourire de vainqueur qu’il annonça à sa femme que son annonce avait été rangée dans la rubrique Occasions Diverses. « Tu vois Coco, même le journal ne me range pas dans les occasions uniques. Si ça c’est pas une preuve.» Coco savait qu’il était inutile d’entamer une conversation absurde dont elle connaissait la fin. Selon l’humeur, l’interrogeant sur pourquoi elle l’aimait tant depuis si longtemps, Charles finirait par se répondre à lui-même en la rangeant dans l’une ou l’autre de ces catégories : celle des Mère Thérésa ou celle des femmes de mauvais goût. A la question « comment peut-on aimer un être aussi intelligent et aussi con à la fois », Coco, elle, s’était déjà répondu que le plus con, c’était de se poser la question.

    Lorsque deux jours plus tard, l’inconnu au téléphone dit « bonjour, je m’appelle Frédéric, j’appelle pour l’annonce, c’est ok pour moi », Coco triompha mais en silence, afin de ne pas blesser Charles, lui qui tenait tant à sa certitude. Et finalement, Charles triompha aussi, mais en silence, afin de ne pas blesser Coco. Dire qu’on y croit quand on est sûr qu’on va échouer, c’est cruel.

    C’est donc le cœur joyeux et la joie bien planquée sous un air renfrogné, que Charles se rendit au rendez-vous. Ce Frédéric lui avait semblé très fiable, au téléphone. La voix ça ne trompe jamais; on a beau ne pas choisir sa voix, elle vous ressemble toujours, se disait Charles. Et cette coïncidence, qu’ils puissent faire la route ensemble, chaque semaine, pour se rendre aux réunions des Alcooliques Anonymes, c’était un signe. Ca tombait pile poil. C’est surtout ça, qui rendait Charles si joyeux. Si le hasard faisait si bien les choses, si le hasard allait même jusqu’à faire foirer ses plans-pour-foirer-à-coup-sûr, c’est que cette fois, c’était sûr. Il allait tenir. Sûr de sûr. Pas comme la dernière fois.

    Charles attendait tranquillement. Emporté par la joie, sa crainte de se sentir redevable au point d’être obligé de faire la conversation s’était envolée. De toute façon, il paierait sa part d’essence, donc match nul. Charles était joie. De toute façon, il avait préparé une parade au cas où ce Frédéric se chercherait un nouvel ami: nous nous devons de rester anonymes, hé hé. Joie joie. De toute façon, si Frédéric se révélait être un con fini, il deviendrait une source de fierté supplémentaire : tenir sans alcool tout en se tapant un con une fois par semaine euh… un con aller-retour, c’est fierté compte double. Double joie. Et ça, il le dirait à Coco, mais pas avant deux-trois mois. Et de toute façon, Charles espérait bien que Frédéric ne soit pas un type génial. Ca l’angoisserait trop, un type génial qu’il se serait dégoté par petite annonce foireuse et grâce à qui il réussirait ce que la dernière fois, seul, il avait raté. Trop de chance, ce serait suspect. Et puis ça l’obligerait à planquer Frédéric. Que dirait- on, sinon ? Quelle chance, de tomber sur Frédéric-génial. Sans Frédéric-génial, tu n’aurais jamais tenu tes réunions, Charles. Non mais Charles, qu’as-tu fait pour remercier Frédéric-génial ? Sans lui, hein, pas sûr que… bon. Si la dernière fois, il y avait eu un Frédéric-génial pour te motiver, t’aurais pas flanché, Charles. Frédéric-génial est génial et toi, Charles, mais regarde toi, Charles. Tu lui dois tout. Sans lui, t’aurais perdu Coco. Tiens, d’ailleurs Charles, je les ai vus boire un café tous les deux, Frédéric-génial et Coco. Tu trouves pas ça suspect, que Coco préfère Charles-zéro à Frédéric-génial ? T’as pas envie de le buter, Frédéric-génial, Charles ? Qu’est-ce que t’attends, Charles ?

    C’est là que Charles eut une idée géniale : prendre un vélo. Cabourg-Trouville, 25 km, une heure, ça lui ferait un bien fou.

    Et le moteur, ce serait lui.

  10. MERCI !!!

  11. Les Anonymes.

    Son téléphone ne sonnait jamais. Depuis, bien avant qu’il vienne s’installer ici, à La Croix Kerpin. Depuis bien avant qu’il rachète ce ticket gagnant qui lui avait légalement permis de devenir l’heureux propriétaire des murs qui l’entouraient. Personne ne le recherchait pour les libertés qu’il avait prises avec la loi. Il savait qu’à part ses complices et les gens dont il s’était servi pour accéder au ticket, nul ne savait quel traitement il avait réservé à cette coquine. La loi n’attend qu’un rapport non consentant, aimait-il se répéter, elle aime qu’on la prenne violemment, il n’y a qu’à regarder comment les politiciens la traite, la cochonne. Il savait qu’il ne pourrait pas dire cela aux réunions.

    Le journal lui avait dit qu’il l’appellerait quand quelqu’un se présenterait. Pour l’hiver, c’était son seul projet pour lier un contact, avec un autre être humain. Il savait que pour cent pour cent des gens autour de lui, il ne faisait pas local. Il n’allait pas s’inscrire à un cours de zumba à Cabourg. Pour ses voisins, il devait être le pd de la capitale qui était venu s’installer à la campagne sans le permis, le fada au vélo. Il valait mieux qu’ils le voient ainsi, célibataire sans enfant à plus de quarante ans. S’il s’inscrivait à la zumba, il deviendrait le vieux pervers qui saute des filles, dont il pourrait être le père. Et puis transpirer dans un endroit clos avec des inconnus ne l’inspirait point.

    Les réunions recommençaient après le quinze août et beaucoup de gens étaient en vacances. Faudrait-il qu’il repasse son annonce en Septembre? Aurait il même, ne serait ce qu’une réponse ?

    Maintenant qu’il était là, il devait nouer des liens avec des gens. Il n’avait pas le permis de conduire, officiellement. Non pas qu’il ne sache déplacer différents véhicules, mais il avait un léger problème avec l’idée de renseigner l’état sur ses capacités. Officiellement il ne savait pas conduire et logiquement, il n’avait pas de voiture. Il s’en accommodait parfaitement. Cela l’obligeait à la sobriété dans ses déplacements, et à l’humilité de partager les transport en commun. Il avait fait le calcul que si un ancien addict s’engageait à le conduire tous les mardi soir, pour être aux réunions., alors il pourrait construire avec cette personne une relation de service mutuel. Il n’envisageait pas d’avoir des services à demander à cette personne dans l’immédiat, mais les relations se construisent sur le long terme. Dans cette éventualité, il devait provoquer la rencontre.

    Pour lui, il avait invoqué un esprit. Il n’avait aucune appréhension sur l’apparence physique de celui qui répondrait à cette annonce. Il souhaitait en son fort intérieur que ce soit quelqu’un qui eu au minimum cinq années d’abstinence. Il ne se considérait pas lui même comme un anonyme. Et il n’était définitivement pas abstinent. Mais il estimait que les abstinents à l’alcool, fréquentant, les anons, étaient des gens fiables, avec qui on pouvait bâtir une relation respectueuse. Il était venu s’installer là, parce qu’il trouvait les gens de la capitale trop haineux. Il n’était pas non plus venu se cacher. Il se savait toujours entouré d’haineux, mais il les savaient moins nombreux. Il savait que s’il y avait un non haineux, autour de lui, ce serait un abstinent.

    L’alcool ne faisait point partie de ses addictions. Mais il savait qu’il ne serait pas obligé de parler aux réunions. Pour ce qui était de son point de vue, de toute façon, toutes les addictions se ressemblent.

    Il s’imagina aux réunions :

    Bonjour, je m’appelle Bruno et je suis alcoolique.
    Bonjour Bruno, qu’ils te lancent tous en cœur.

    Je me rappelle la première fois que j’ai bu de l’alcool. J’avais onze ans. C’était le jour de Noël. Mes parents m’avaient laissé chez mes grands-parents. Nous étions cinq cousins d’une dizaine d’années pleins de vigueur bloqués avec ces deux adultes de soixante-dix ans, le soir de l’arrivée de Christ ressuscité, sans aucune intention de passer une soirée calme. J’étais le plus jeune de mes cousins. Mais je me rappelle que nous n’arrêtions pas de courir, de jouer trop heureux de passer cette soirée entre cousins.

    Vers 21h30 alors que mon grand-père abandonnait tout espoir de regarder son film dans le calme et alla se coucher. Ma grand-mère décida qu’il était venu le temps pour nous de découvrir l’alcool.
    La pauvre malheureuse avait compris que seule, elle ne pourrait contenir les cinq éléments déchaînés, que nous étions. Ne s’avouant pas vaincue, et sûrement avec l’espoir de nous engourdir, elle nous servit à chacun, une rasade de rhum vieux.

    L’alcool fit son effet et après, nous ne courions plus partout.

    C’est à ce moment qu’elle jugea idéal pour elle d’aller se coucher. Mes cousins et moi nous servîmes une seconde rasade. Nous avions compris dans quel placard était le liquide qui fait rire.
    Après cette seconde rasade, nous ne mîmes pas longtemps à rejoindre nos lits, et Morphée dans des vapeurs éthérées. C’est mon premier souvenir d’ivresse et cela reste un bon souvenir.

    Ma grand-mère, paix à son âme, était atteinte d’un glaucome, dont elle ne se plaignait pas et devint aveugle devant l’ensemble de la famille. Je me torture de ne pas lui avoir demandé pourquoi elle n’avait pas dit qu’elle devenait aveugle. Elle ne peut plus me répondre Je ne sais pas si c’est cet épisode qui a fait de moi un addictif. Je reconnais avoir des comportements addictifs qui peuvent être nocifs pour moi ou mon environnement. Je réussis à être abstinent envers certains produits, quand je ne peux l’être à l’encontre d’autres pulsions.

    Ma première addiction, est les données. Alors que je suis totalement abstinent à l’égard de l’alcool, je suis totalement dépendant des données. Il me faut un certain poids de nouvelles données quotidiennement. Pour acquérir plus de données, j’ai limité mon interaction avec mon entourage.

    Oui, je prends des psychotropes un de mes produits de prédilections. Je suis aussi dépendant au sucre. Et dans le même temps, j’en suis devenu abstinent. Devenir abstinent au sucre ne fut pas aussi facile qu’arrêter l’alcool. Oui, j’avoue de manière pulsionnelle développer une conduite auto destructrice dans ma prise de produit. Mais qu’est ce que ça pouvait foutre aux gens ? Je n’ai plus d’entourage à détruire. Et je garde mes nuits d’ivresses pour la solitude de mon antre.

    Suis-je plus nocif à la société que la personne addict aux nouvelles technologies qui change de téléphone tous les six mois quand les produits technologiques qu’il consomme, ainsi que les vêtements qui l’habillent, sont le produit de l’esclavage.

    Il savait qu’il n’aborderait pas ces sujets aux réunions.
    Il n’allait pas se mettre à parler de lui aux réunions.

    La seule probabilité que son plan ne fonctionne pas, fut que ce soit l’animateur des réunions qui organise le trajet de ceux qui, après avoir perdu leur sésame sont contraint à une obligation thérapeutique. Dans ce cas son plan pour se lier à quelqu’un possédant une voiture prêt à lui rendre des services prendrait plus de temps. Il savait que viendrait quelqu’un acceptant de boire du thé en sa compagnie.

    A partir de combien de décilitres de thé par jour peut on se dire addict, c’était une question qu’il ne poserait pas aux réunions… Il avait prévu de donner vingt euros à toute personne se présentant prêt à le conduire, à l’heure aux réunions et à le ramener dans la sobriété à son domicile. S’il ne tombait pas sur la bonne personne du premier coup cela devrait être une incitation pour le remplaçant. La seule soirée qu’il pensait partager avec d’autres âmes, il pouvait se permettre d’être sobre. Le mardi serait son jour de jeûne.

    Il n’avait pas l’intention de faire du prosélytisme pour ses addictions. Il souhaitait qu’elles restent le plus anonymes, que ce fut possible. Les anciens addicts, les vrai abstinents, ont plus de compassion envers leur congénères que les gens qui ne se reconnaissent pas d’addictions. Ceux là, ils s’autorisent des jugements. Il recherchait quelqu’un qui aurait l’assiduité de le conduire aux réunions durant les mois d’hiver. C’est un de ceux qui avaient passé la neuvième étape, ceux qui étaient allé s’excuser auprès de toutes personnes pour le mal que leur addiction leur a fait faire, qu’il espérait rencontrer comme chauffeur.

    Personne ne le recherchait. Il se répétait que s’ils savaient ne serait-ce que le début, ils seraient déjà venus le chercher. Ils n’avaient aucune raison de le laisser en liberté. Ils ne savaient rien. Et s’ils arrivaient maintenant, il était trop tard, ils ne pourraient rien prouver. La défense Chirac, nier toujours nier.
    – Les événements auxquels j’aurais pris part selon votre imagination, sont abracadabrantesques.

    C’est alors que son discourt intérieur prononçait ces mots, que le téléphone sonna :

    Allons-y se dit-il, vers l’inconnue et au-delà, …

  12. SU-PER !

  13. Un petit coucou en passant 🙂

  14. Après quelques corrections …

    Les Anons

    Son téléphone ne sonnait jamais.Depuis, bien avant qu’il vienne s’installer ici, à La Croix Kerpin. Depuis bien avant qu’il rachète ce ticket gagnant qui lui avait légalement permis de devenir l’heureux propriétaire des murs qui l’entouraient. Personne ne le recherchait pour les libertés qu’il avait prises avec la loi. Il savait qu’à part ses complices et les gens dont il s’était servi pour accéder au ticket, nul ne savait quel traitement il avait réservé à cette coquine. La loi n’attend qu’un rapport non consentant, aimait-il se répéter, elle aime qu’on la prenne violemment, il n’y a qu’à regarder comment les politiciens la traite, la cochonne. Il n’avait aucun papier en sa possession avec son nom de naissance, dessus. Il savait qu’il ne pourrait rien dire de cela aux réunions.

    Le journaliste à qui il avait parlé, lui avait dit qu’il l’appellerait quand ils recevraient un courrier d’une âme ayant répondu à son annonce : CH. Pers. allant chaque semaine aux AA de Trouville/Mer qui pourrait me prendre à Cabourg, pour m’y emmener, partagerais frais de carburant. Pour l’hiver, c’était son seul projet pour lier un contact, avec un autre être humain. Il savait que pour cent pour cent des gens autour de lui, il ne faisait pas local. Il n’allait pas s’inscrire à un cours de zumba à Cabourg. Pour ses voisins, il devait être le pd de la capitale qui était venu s’installer à la campagne sans le permis, le fada au vélo. Il valait mieux qu’ils le voient ainsi, célibataire sans enfant à plus de quarante ans, s’il s’inscrivait à la zumba, il deviendrait le vieux pervers qui saute des filles, dont il pourrait être le père. Et puis transpirer dans un endroit clos avec des inconnus ne l’inspirait point.

    Les réunions recommençaient après le quinze août et beaucoup de gens étaient en vacances. Faudrait-il qu’il repasse son annonce en Septembre? Aurait il même, ne serait ce qu’une réponse ?

    Maintenant qu’il était là, il devait nouer des liens avec des gens. Il n’avait pas le permis de conduire, officiellement. Non pas qu’il ne sache déplacer différents véhicules, mais il avait un léger problème avec l’idée de renseigner l’état sur ses capacités. Officiellement il ne savait pas conduire et logiquement, il n’avait pas de voiture. Il s’en accommodait parfaitement. Cela l’obligeait à la sobriété dans ses déplacements, et à l’humilité de partager les transport en commun. Il avait fait le calcul que si un ancien addict s’engageait à le conduire tous les mardi soir, pour être aux réunions., alors il pourrait construire avec cette personne une relation de service mutuel. Il n’envisageait pas d’avoir des services à demander à cette personne dans l’immédiat, mais les relations se construisent sur le long terme. Dans cette éventualité, il devait provoquer la rencontre.

    Pour lui, il avait invoqué un esprit. Il n’avait aucune appréhension sur l’apparence physique de celui qui répondrait à cette annonce. Il souhaitait en son fort intérieur que ce soit quelqu’un qui fut au minimum à la neuvième étape. Il ne se considérait pas lui même comme un anonyme. Il n’était pas membre actif de l’organisation, il se voyait plus comme un affilié. Et il n’était définitivement pas abstinent. Mais il estimait que les abstinents à l’alcool, fréquentant, les anons, étaient des gens fiables, avec qui on pouvait bâtir une relation respectueuse. Il était venu s’installer là, parce qu’il trouvait les gens de la capitale trop haineux. Il n’était pas non plus venu se cacher. Il se savait toujours entouré d’haineux, mais il les savaient moins nombreux. Il savait que s’il y avait un non haineux, autour de lui,ce serait un abstinent.

    L’alcool ne faisait pas parie des produits qu’il consommait. Il savait qu’il ne serait pas obligé d’en parler aux réunions. Pour ce qui était de son point de vue, de toute façon, toutes les addictions se ressemblent.

    Il s’imagina aux réunions :

    Bonjour, je m’appelle Bruno et je suis dépendant.
    Bonjour Bruno, qu’ils te lancent tous en cœur.

    Je me rappelle la première fois que j’ai bu de l’alcool. J’avais onze ans. C’était le jour de Noël. Mes parents m’avaient laissé chez mes grands-parents. Nous étions cinq cousins d’une dizaine d’années pleins de vigueur bloqués avec ces deux adultes de soixante-dix ans, le soir de l’arrivée de Christ ressuscité, l’enfant roi, sans aucune intention de passer une soirée calme.J’étais le plus jeune de mes cousins. Mais je me rappelle que nous n’arrêtions pas de courir, de jouer trop heureux de passer cette soirée entre cousins.

    Vers 21h30 alors que mon grand-père abandonnait tout espoir de regarder son film dans le calme et alla se coucher. Ma grand-mère décida qu’il était venu le temps pour nous de découvrir l’alcool.
    La pauvre malheureuse avait compris que seule, elle ne pourrait contenir les cinq éléments déchaînés,que nous étions. Ne s’avouant pas vaincue, et sûrement avec l’espoir de nous engourdir, elle nous servit à chacun, une rasade de rhum vieux.

    L’alcool fit son effet et après, nous ne courions plus partout.

    C’est à ce moment qu’elle jugea idéal pour elle d’aller se coucher. Mes cousins et moi nous servîmes une seconde rasade. Nous avions compris dans quel placard était le liquide qui fait rire.
    Après cette seconde rasade, nous ne mîmes pas longtemps à rejoindre nos lits, et Morphée dans des vapeurs éthérées. C’est mon premier souvenir d’ivresse et cela reste un bon souvenir.

    Ma grand-mère, paix à son âme, était atteinte d’un glaucome, dont elle ne se plaignait pas et devint aveugle devant l’ensemble de la famille. Je me torture de ne pas m’être rendu compte qu’elle devenait aveugle et de ne pas lui avoir demandé pourquoi elle n’avait pas dit qu’elle devenait aveugle. Elle ne peut plus me répondre Je ne sais pas si c’est cet épisode qui a fait de moi un addictif. Je reconnais avoir des comportements addictifs qui peuvent être nocifs pour moi ou mon environnement. Je réussis à être abstinent envers certains produits, quand je ne peux l’être à l’encontre d’autres pulsions.

    Ma première addiction, est les données. Alors que je suis totalement abstinent à l’égard de l’alcool, je suis totalement dépendant des données. Il me faut un certain poids de nouvelles données quotidiennement. Pour acquérir plus de données, j’ai limité mon interaction avec mon entourage. Ce que les données m’ont amenés à faire…

    Oui, je prends des psychotropes, un de mes comportement de prédilections est de modifier la chimie de mon cerveau. Je suis aussi dépendant au sucre. Et dans le même temps, j’en suis devenu abstinent. Devenir abstinent au sucre ne fut pas aussi facile qu’arrêter l’alcool. Oui, j’avoue de manière pulsionnelle développer une conduite auto destructrice dans ma prise de produit. Mais qu’est ce que ça pouvait foutre aux gens ? Je n’ai plus d’entourage à détruire. Et je garde mes nuits d’ivresses pour la solitude de mon antre.

    Suis-je plus nocif à la société que la personne dépendante aux nouvelles technologies qui change de téléphone tous les six mois quand les produits technologiques qu’il consomme, ainsi que les vêtements qui l’habillent, sont le produit de l’esclavage.

    Il savait qu’il n’aborderait pas ces sujets aux réunions.
    Il n’allait pas se mettre à parler de lui aux réunions.
    Il ne devait jamais faire mention des données, à quiconque, en aucun cas.
    S’il était là, tout était la faute des données.

    La seule probabilité que son plan ne fonctionne pas, fut que ce soit l’animateur des réunions qui organise le trajet de ceux qui, après avoir perdu leur sésame sont contraint à une obligation thérapeutique. Dans ce cas son plan pour se lier à quelqu’un possédant une voiture prêt à lui rendre des services prendrait plus de temps. Il savait que viendrait quelqu’un acceptant de boire du thé en sa compagnie.

    A partir de combien de décilitres de thé par jour peut on se dire dépendant, c’était une question qu’il ne poserait pas aux réunions… Il avait prévu de donner vingt euros à toute personne se présentant prêt à le conduire, à l’heure aux réunions et à le ramener dans la sobriété à son domicile. S’il ne tombait pas sur la bonne personne du premier coup cela devrait être une incitation pour le remplaçant. La seule soirée qu’il pensait partager avec d’autres âmes, il pouvait se permettre d’être sobre. Le mardi serait son jour de jeûne.

    Il n’avait pas l’intention de faire du prosélytisme pour ses addictions. Il souhaitait qu’elles restent le plus anonymes, que ce fut possible. Les anciens dépendants, les vrai abstinents, ont plus de compassion envers leur congénères que les gens qui ne se reconnaissent pas d’addictions. Ceux là, ils s’autorisent des jugements. Il recherchait quelqu’un qui aurait l’assiduité de le conduire aux réunions durant les mois d’hiver. C’est un de ceux qui avaient passé la neuvième étape, un ceux qui étaient allé s’excuser auprès de toutes personnes pour le mal que leur addiction leur a fait faire, qu’il espérait rencontrer comme chauffeur.

    Personne ne le recherchait. Il se répétait que s’ils savaient ne serait-ce que le début, ils seraient déjà venus le chercher. Ils n’avaient aucune raison de le laisser en liberté. Ils ne savaient rien. Ils savent tout. Et s’ils arrivaient maintenant, il était trop tard, ils ne pourraient rien prouver. La défense Chirac, nier toujours nier.

    – Les événements auxquels j’aurais pris part selon votre imagination, sont abracadabrantesques.

    C’est au moment ou, son discourt intérieur prononçait ces mots, que le téléphone sonna :

    Allons-y se dit-il, vers l’inconnue et au-delà, …

  15. À Trouville, je buvais comme un trou, je serai un cas à Cabourg.
    C’était écrit, tout est écrit.
    Et ce qui est écrit, est. Ou bien sera.
    Incessamment sous peu.

    Les Amateurs d’Alambic étaient peu gais, peu bavards, peu ragoûtants.
    J’acceptais donc de payer ma tournée, de carburant, espérant deviser un peu de choses et d’autres.
    Causer de pays, de l’auge, de Maigret ou d’amiral, ça m’est égal.
    D’ailleurs je ne bois pas et je n’ai jamais bu. Je vais a AA pour écouter.
    Ensuite j’écrirai une nouvelle…

  16. Bravo Alexius, le début de votre nouvelle est très réussi. J’aimerais lire la suite.

  17. Dans le prolongement de la nouvelle d’Alexius.

    Il s’est toujours trouvé sombre. Depuis peu, il était venu vivre ici à Cabourg mais il avait encore accentué son isolement en quittant la capitale.

    Il était temps maintenant pour lui de faire un bilan sur sa vie. Finalement, toujours inadapté, à cause de sa parole, à cause de son regard aiguisé, à cause de son esprit parfois trop limpide, à cette foutue société de compromis, il avait toujours été plus ou moins brouillé avec le reste de l’humanité.

    Au plus bas de l’échelle, il avait l’habitude de gravir les échelons avec ses réflexions. Comme cette appréciation d’entretien de fin d’année avec ses supérieurs, concernant ses compétences : « plus qu’attendu ».

    Il s’était dit « plus qu’attendu » ce n’est pas attendu. Ca veut dire qu’on ne sait pas quoi faire de toi.

    Trop loin, tout ceci l’avait mené trop loin, et, au coeur du tabou. Il en était là. Privilégiant ses silences à ses mots. Prisonnier du secret, du tabou.

    Addict aux psychotropes comme tous les inadaptés chroniques, il n’était pas alcoolique. En passant cette annonce, il voulait voir comment les autres, au sein d’un groupe, se libéraient ensemble d’un ou plusieurs tabou, d’un ou plusieurs secrets. Il voulait voir aussi le devenir des mots. Est-ce que le groupe, soudé autour des secrets, se tairait à jamais ? Est-ce qu’il serait possible de parler à un des membres en dehors du groupe du tabou ? Ou le groupe sera-t-il comme une boîte à cadenas ?

    Faire l’aller et le retour avec un AA lui permettra peut-être, alors, enfin, d’ouvrir la fenêtre de sa prison, s’était-il dit.

  18. Quel beau chien.

  19. « Bonjour. Je m’appelle René et apparemment… Nous avons le même problème, lui dit-il, avec un clin d’œil, en lui tendant la main.
    -Bonjour »

    Elle avait répondu sans sourire, évitant son regard. Sa main délicate s’était à peine faufilée dans le broyeur à cinq branches qu’elle avait malgré elle cherché à fuir dans sa poche.

    Elle ne se l’imaginait pas si grand. Si gras, aussi…
    Il ne s’attendait pas à une femme. Jeune et belle, de surcroit. La corvée s’annonçait beaucoup plus agréable que prévu. Pas causante, la môme, mais cela n’était pas grave, vu la situation, ils allaient apprendre à se connaître.

     » Vous êtes de Cabourg? questionna-t-il
    – De Varaville.
    – Ah, zut, on doit rester anonyme! Faut pas que je vous pose de question. C’est la règle, non?
    – Je ne sais pas.
    – C’est votre première fois?
    – Oui.
    – A vrai dire, ce truc là, pour moi, ça fait un peu secte… Bonjour, je m’appelle machin, je suis une merde…
    – Heu… Ça ressemble peut être au film Fight Club?
    – Je connais pas. J’ai un peu d’appréhension, là!Par contre, je vous le dis tout de suite, quand je suis gêné, je suis bavard! Faut que je cause! Ca vous dérange pas?
    – Non, pas du tout! Mais moi, c’est le contraire!
    – Nan, parce que je crois, je suis presque sûr que je suis pas un alcoolo! C’est ma femme… »
    Il s’essuya la bouche, mis en route les essuie-glace et se frotta plusieur fois les dent avec sa lèvre supérieure, un vieux tic. Elle sourit pour la première fois.
     » Votre femme?
    – C’est elle qui m’oblige à y aller! C’est même grâce à elle que je suis avec vous! C’est elle qui a lu votre annonce! « Bonne motivation! Au moins si tu y vas pas pour toi, tu ira l’autre », qu’elle a dit. Mais pour moi, je suis pas un alcoolo, je suis un fêtard! Et puis, c’est ce que je vais dire tout à l’heure!
    – Vous répétez votre speech, alors?
    – Faut pas?
    – Pourquoi Pas?
    – Ouais, donc, voilà, j’ai pris une cuite l’année dernière et j’ai fait une connerie! Et ma femme m’a interdit de boire!
    – Quelle connerie?
    – J’ai fait un bisou sur la bouche de sa nièce! Je m’en veut! J’étais bourré, je m’en souviens pas… Mais bon, mais bon… Je bois pas, en semaine. Du vin à table, c’est tout!
    – Mais quand vous buvez trop vous vous contrôlez pas! C’est peut être un problème.
    – Hum! Mouais… Au fait, c’est quoi, votre prénom?
    – Nathalie… Nathalie Merlot.
    – Ah, attention! Anonyme! Et puis tant pis! Moi, mon nom de famille, c’est Leclerc! Mais vous êtes pas parente avec Isabelle Merlot?
    – C’est ma mère.
    – Mais je travaillais avec elle il y a vingt ans! Je vais vous dire: c’est fou ce que vous lui ressemblez!
    – Elle est morte, il y a six mois.
    – Oh, mon dieu! Je suis absolument désolé! C’était vraiment une personne admirable.
    – Elle est morte à cause de l’alcool.
    – Elle buvait?
    – Elle m’a élevée seule, c’était compliqué. On a pas eu une vie facile.
    – Et vous… Oh! Je crois que vous faites vraiment la bonne démarche! Je suis avec vous de tout mon cœur!
    – Avant sa mort, ma mère m’a dit qui était mon père. C’était son supérieur hiérarchique. Il était marié et a couché avec lui un soir de cuite. Il ne s’en souvenait pas. Elle était catholique, elle ne s’est pas fait avorter. Elle ne l’a jamais revu. Quand j’ai su son nom, je suis allé le voir et je suis tombée sur sa femme. C’était vraiment bizarre. On a parlé… Et en vérité, je ne bois pas! »

  20. OUPS!!
    UN PEU DE CORRECTION!
    « Bonjour. Je m’appelle René et apparemment… Nous avons le même problème, lui dit-il, avec un clin d’œil, en lui tendant la main.
    -Bonjour »

    Elle avait répondu sans sourire, évitant son regard. Sa main délicate s’était à peine faufilée dans le broyeur à cinq branches qu’elle avait malgré elle cherché à fuir en la remisant dans sa poche.

    Elle ne se l’imaginait pas si grand. Si gras, aussi…
    Il ne s’attendait pas à une femme. Jeune et belle, de surcroit. La corvée s’annonçait beaucoup plus agréable que prévu. Pas causante, la môme, mais cela n’était pas grave, vu la situation, ils allaient apprendre à se connaître.

     » Vous êtes de Cabourg? questionna-t-il
    – De Varaville.
    – Ah, zut, on doit rester anonyme! Faut pas que je vous pose de question. C’est la règle, non?
    – Je ne sais pas.
    – C’est votre première fois?
    – Oui.
    – A vrai dire, ce truc là, pour moi, ça fait un peu secte… Bonjour, je m’appelle machin, je suis une merde…
    – Heu… Ça ressemble peut être au film Fight Club?
    – Je connais pas. J’ai un peu d’appréhension, là! Par contre, je vous le dis tout de suite, quand je suis gêné, je suis bavard! Faut que je cause! Ça vous dérange pas?
    – Non, pas du tout! Mais moi, c’est le contraire!
    – Nan, parce que je crois, je suis presque sûr que je suis pas un alcoolo! C’est ma femme… »
    Il s’essuya la bouche, mis en route les essuie-glace et se frotta plusieur fois les dents avec sa lèvre supérieure, un vieux tic. Elle sourit pour la première fois.
     » Votre femme?
    – C’est elle qui m’oblige à y aller! C’est même grâce à elle que je suis avec vous! C’est elle qui a lu votre annonce! « Bonne motivation! Au moins si tu y vas pas pour toi, tu ira pour l’autre », qu’elle a dit. Mais pour moi, je suis pas un alcoolo, je suis un fêtard! Et puis, c’est ce que je vais dire tout à l’heure!
    – Vous répétez votre speech, alors?
    – Faut pas?
    – Pourquoi Pas?
    – Ouais, donc, voilà, j’ai pris une cuite l’année dernière et j’ai fait une connerie! Et ma femme m’a interdit de boire!
    – Quelle connerie?
    – J’ai fait un bisou sur la bouche de sa nièce! Je m’en veux! J’étais bourré, je m’en souviens pas… Mais bon, mais bon… Je bois pas, en semaine. Du vin à table, c’est tout!
    – Mais quand vous buvez trop vous vous contrôlez pas! C’est peut être un problème.
    – Hum! Mouais… Au fait, c’est quoi, votre prénom?
    – Nathalie… Nathalie Merlot.
    – Ah, attention! Anonyme! Et puis tant pis! Moi, mon nom de famille, c’est Leclerc! Mais vous êtes pas parente avec Isabelle Merlot?
    – C’est ma mère.
    – C’est fou ce que le monde est petit! Je travaillais avec elle il y a vingt ans! Je vais vous dire: c’est fou ce que vous lui ressemblez!
    – Elle est morte, il y a six mois.
    – Oh, mon dieu! Je suis absolument désolé! Laissez moi vous dire que c’était vraiment une personne admirable.
    – Elle est morte à cause de l’alcool.
    – Comment ça? Elle buvait? Jamais je n’aurais..
    – Elle m’a élevée seule, c’était compliqué. On a pas eu une vie facile.
    – Et vous… Oh! Je crois que vous faites vraiment la bonne démarche! Je suis avec vous, de tout mon cœur!
    – Avant sa mort, ma mère m’a dit qui était mon père. C’était son supérieur hiérarchique. Il était marié et a couché avec elle un soir de cuite. Il ne s’en souvenait pas. Elle était catholique, elle ne s’est pas fait avorter. Elle ne l’a jamais revu. Quand j’ai su son nom, je suis allé le voir et je suis tombée sur sa femme. C’était vraiment bizarre. On a parlé… Et en vérité, je ne bois pas! »

  21. TOP !

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6 Août, 2014

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