Le retour du Cabinet Noir

Précision

Je lis Valeurs actuelles...

Je lis Valeurs actuelles...

(…)

Et cette semaine, je tombe sur une phrase de moi, entre guillemets, au milieu d’une colonne…

Oh bah tiens, j’ai écrit ça moi ?

Non. Je ne l’ai pas écrit dans « mon » Cabinet noir.
Je l’ai dit. C’est ici, une citation à l’arrache, une phrase isolée et coupée, issue d’une longue conversation, « orale » et téléphonique, avec un journaliste de l’Express, datant de juillet 2014 :

« Aujourd’hui, Guy Birenbaum se dit ‘dubitatif’ sur l’existence d’un cabinet noir à l’Elysée. ‘Ce n’est pas dans la culture de la gauche. Mais c’est vrai que Nicolas Sarkozy ayant par le passé été victime de ce type d’agissement, ça explique sans doute psychologiquement pourquoi’ l’accusation ressort aujourd’hui dans l’entourage de l’ancien chef de l’État ».
J’expliquais surtout (de mémoire), parlant des équipes actuelles au gouvernement, que n’ayant pas occupé l’Élysée depuis 1995, elles n’avaient pas la même « culture » de ce genre de méthodes barbouzardes, dont la droite avait fait son miel.
Mais en vérité, le problème de beaucoup de journalistes c’est qu’ils ne lisent pas les livres.
Ils se contentent de lire les citations qu’on prête à leurs auteurs ; des citations tronquées, attrapées à la volée et reproduites à l’infini d’articles en articles et qui finissent par devenir une vérité gravée dans le marbre.
Pourtant le mieux, lorsque l’on parle d’un bouquin, c’est de le lire.
Et justement si l’auteur de l’article avait feuilleté, ne serai-ce que distraitement mon bouquin, écrit en 2008, il serait peut-être tombé par hasard sur ces quelques lignes parlant notamment de la gauche et de François Mitterrand…
« Un cabinet noir avant la lettre ».
Sous François Mitterrand.
Pendant les quatorze ans où la gauche occupa l’Élysée donc.
Ce n’est pas tout.
J’ajoute au passage que puisque Valeurs actuelles se passionne pour le sujet « cabinet noir », il faudrait que l’hebdomadaire aille jusqu’au bout.
En effet, dans ce journal, il y a quelqu’un qui est assez bien documenté sur le genre de méthodes de basse police utilisées par le cabinet noir ; celui qui exista vraiment… Sous Jacques Chirac.
Celui dont j’ai démontré, preuves matérielles à l’appui, sans être ni démenti, ni poursuivi (Yves Bertrand a abandonné ses poursuites contre moi, la veille de l’audience…) qu’il existait, dans mon livre justement.
Son nom ?
Éric Branca, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles.
Éric Branca qui se passionne pour ces sujets et qui le montre cette semaine (la nappe c’est cadeau)…
Mais au fait …
Qui est ce Éric Branca dont les compétences semblent établies en cabinet noir ?
Bah… C’est simple.
Voici, par exemple, ce qu’écrivait de lui Le Monde, en 2008: « Rumeurs, ragots, et ‘tuyaux’ en tout genre, l’ancien patron des Renseignements généraux (RG), Yves Bertrand, ne se contentait pas de les récolter, et de les écrire. Il savait aussi les distiller. C’est lui qui a ainsi inspiré quelques-uns des chapitres d’un livre intitulé Histoire secrète de la droite – 50 ans d’intrigues et de coups tordus, à paraître le 16 octobre, d’Eric Branca et Arnaud Floch (Plon). Où l’on découvre une scabreuse tentative de déstabilisation de la famille Oussekine. Après la mort, le 6 décembre 1986, de Malik Oussekine, victime d’une bavure policière lors d’une manifestation d’étudiants, les auteurs affirment que le cabinet de Robert Pandraud, ministre délégué à la sécurité, ‘avait réclamé aux Renseignements généraux un dossier complet sur le défunt et sa famille’ puis ‘fourni clé en main’, quelques-uns des éléments dudit dossier à des représentants de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute. Y figuraient, notamment, des renseignements sur un frère qui aurait eu des démêlés avec la justice et sur l’une des soeurs prétendument prostituée. Ce que les envoyés spéciaux de Minute iront vérifier… L’affaire, nauséabonde, a tourné court car rien de tout cela, bien sûr, n’était vrai. Yves Bertrand était alors directeur adjoint des RG. Des années plus tard, ‘c’est lui qui m’a mis sur la piste de cette histoire, affirme Eric Branca. Il m’a confirmé qu’il s’agissait bien de discréditer la famille’. Autre exemple des ‘infos’ distillées par le responsable policier : l’imputation à un actuel ministre d’une ‘tentation’ de s’allier aux élections européennes de 1999 avec l’extrême-droite. Yves Bertrand, assure Eric Branca, ‘avait eu des choses là-dessus’. Les deux hommes se connaissent bien. Eric Branca, journaliste à Valeurs actuelles, reconnaît qu’il faisait partie des visiteurs du soir réguliers d’Yves Bertrand. Ce dernier fera d’ailleurs appel à lui pour rédiger son livre Je ne sais rienmais je dirai (presque) tout (Plon, 2007) dans lequel celui qui dirigea pendant douze ans les RG avait trié quelques ‘informations’ du passé ».
Oui oui…
Yves Bertrand, le même, le patron du cabinet noir de l’Élysée sous Jacques Chirac.
L’homme, malheureusement décédé depuis, et dont je démontais les turpitudes, manipulations et méthodes barbouzardes dans mon livre, Le cabinet noir.
Le monde est petit, non ?

7 Commentaires

  1. « Ce n’est pas dans la culture de la gauche ».
    J’ai du mal, pour ma part, à confondre le pouvoir actuel avec la gauche.

  2. C’est un peu HS ce commentaire non ?

  3. C’est le moment de réactiver le blog correspondant au livre et de préparer une réédition.

  4. Effectivement Éric Branca dans l’éditorial se vante d’en connaitre un rayon sur les pratiques, comme vous le confirmez. Mais quand il dit que le chantier était mal fichu… Il se fait plaisir pour pas cher, car cela pourrait simplement être que ce n’est pas le chantier de celui qu’on croit. Je me demande: Éric Branca n’est-il pas dans le coup? Pour asséner ainsi le coup de grâce final de ce « chantier »? i.e. « L’Elysée trop nul », qui est le leitmotiv qu’on entend partout, et qui cache même le son de cloche de ceux qui disent une simple vérité: « l’Elysée pas assez à gauche ».

  5. Difficile! Le cabinet est toujours une seconde vue, au bout d’un couloir à gauche très souvent, mais avec une porte à droite.
    Ceci étant, l’Elysée a François a depuis deux ans un cabinet tout blanc.

  6. valeurs actuelles est au cabinet noir ce que l’huma est au PCF.

  7. GB : « C’est un peu HS ce commentaire non ? »
    Pourquoi ce serait HS ? Je reprends une citation de Guy Birenbaum qui dit, en substance, que les méthodes de « la gauche », c’est pas pareil, ce dont on peut douter vu que la politique de cette « gauche », celle qui est aux manettes, ressemble fort à celle de ses prédécesseurs.

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21 Nov, 2014

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