Ah le joli débat…
(…)
« Ouais, bah si Charlie s’était foutu de la gueule des juifs, vous seriez moins nombreux à hululer : ‘Je suis Charlie‘, hein ?!
La preuve, Dieudonné… Vous le lynchez, vous le jugez, vous l’étranglez , vous l’interdisez et Charlie, vous les défendez.
Deux vitesses, injustice, liberté d’expression, mon cul sur la commode…
Et peut-on rire avec tout le monde ? Et si Desproges ? Et si Coluche ?
Et si mon oncle…
Et bla bla bla.
Comme j’en ai ras le bol de ces faux débats, je vais tenter, à mes risques et périls, de démontrer à ceux qui n’ont pas compris (et aux escrocs) que la différence entre le racisme et l’humour, c’est un truc tout con…
Soit c’est drôle et on se marre.
Là c’est facile.
On peut aussi ne pas se marrer, parce que l’on est choqué.
Mais ça ne signifie pas que ce qui ne me fait pas rire, que ce qui me choque, est du racisme.
Soit c’est raciste, parce que ça blesse, et si l’on a vraiment envie de rire – et pas juste de faire le petit malin en flirtant avec la ligne jaune – c’est peut-être bien que l’on a manqué une étape.
Vous êtes prêts ?
Wolinski…
Et puis Reiser…
Je ris.
Deux fois.
C’est grave docteur ?
En revanche, « Je me sens Charlie Coulibaly« , ça ne me fait pas marrer. Ni sourire.
Même pas un rictus.
Et ce même si la garde à vue de Dieudonné pour moi, c’est too much.
Je ne ris pas non plus quand je vois ce vieux salopard de Faurisson sur « scène » avec Dieudonné. Ni quand son régisseur débarque en pyjama rayé de déporté, avec une étoile jaune.
Voilà.
Je sais déjà que ceux qui ne veulent pas comprendre ne comprendront pas.
Et que certains seront choqués par les deux dessins.
Dans ce cas, voyez avec mon avocat…
Nota Bene Ces deux couvertures sont tirées du Journal Le Monde des Médias qui est en kiosque et qui est largement aussi drôle que le Charlie que tout le monde a acheté.
Sous couvert d’humour, le confusionnisme à la manœuvre : http://confusionnisme.info/
Ne pas trop fantasmer au risque d’un nouveau burne-out
OK, mais vous parlez du Charlie d’avant 2001 (et même de celui des années 70). Le Charlie d’après, moi, il ne me faisait pas rire. Et tout pareil pour Dieudonné.
Les « confusionnistes » jouent sur la différence entre sujet et objet.
Quand Dieudonné rit de la Shoah ou d’un carton dans une superette casher, il prétend moquer la « religion » juive. Or, il ne rit pas de pratiques (religieuses) : il s’amuse de massacres, d’homicides et de génocide (objet). Cela n’est pas drôle.
Quand Dieudonné rit de la Centrafrique, il moque le personnage d’un chef d’Etat. Il ne viendrait à personne l’idée de moquer les massacres Hutus-Tutsis.
Il a beau jeu de dire ensuite « tout le monde en prend pour son grade ».
Là est le « deux poids, deux mesures » confusionniste.
On peut moquer des pratiques religieuses. Mais moquer le massacre d’être humains, c’est l’art des confusionnistes.
Et si on disait tout simplement : on peut rire de tout le monde, mais on ne peut pas rire de tout ?
Je vois pas où est la différence entre avant et après 2001, leur humour est toujours resté le même.
Quand on n’aime pas un dessin, on ne tue pas les gens. On en fait un plus joli.
Léa 6 ans.
Oui dans les années 70 on pouvait même se marrer sur des caricatures se moquant de juifs rentrant de déportation. Il y a quelques années BHL a pu expliquer que la liberté d’expression ne pouvait plus être la même qu’avant. Il n’a pas dit pourquoi.
De toute façon Val a bien verrouillé.
Certaines caricatures de Mahomet ont pu me faire rire, globalement comme ça s’alliait à une ligne éditoriale islamophobe je trouvais ça douteux et malgré Siné je n’achetais plus puisque Cabu était de toute façon dans « le canard ». Mon impression a été validée par un « Charlie » récent (récent par rapport à l’époque -années 70 – où je le lisais chaque semaine, où le musulman était moqué surtout comme travailleur immigré, imam chiite iranien ou émir, pas comme prophète) :
http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous
(suite)
J’ajoute qu’une fois Siné licencié (de manière abusive selon les prud’hommes) je me suis tourné vers « Siné-hebdo » pour continuer à rire sans me demander si je suis raciste ou non.
Oui, Guy. Ces deux couvertures sont plus drôles que « Je me sens Charlie Coulibaly » ou mieux, pour vous rejoindre : elles sont drôles et cette phrase de Dieudonné ne l’était pas.
Mais c’est pas parce que Dieudonné est humoriste qu’il est condamné à être drôle, non ? Il a le droit d’exprimer un SENTIMENT, aussi gênant que ce sentiment peut être à un moment donné ? Donc je ne comprends pas trop le débat…
Et Faurisson sur scène, ça n’était pas non plus un sketch, ni destiné à être drôle, et je comprends tout à fait qu’on n’aime pas Dieudonné pour ça. Le sketch sur Faurisson en revanche, où Dieudonné le décrit comme un personnage « qui nie tout », est simplement génial.
Ici l’usage péjoratif fait a priori peu de doute, mais j’ai été surpris en écoutant une chanson de ces années la d’entendre le terme « nègre » utilisé a priori vraiment sans sens péjoratif. Il s’agit des paroles de « Peut-Etre Demain » (1970), de Triangle :
Si tu es gauchiste
Contestataire
Nègre ou Juif
Ces pas dans la nuit
Sont pour te prendre
Un exemple de difficulté de contextualiser le vocabulaire en remontant dans le temps. La bascule entre le terme sans sens péjoratif et avec terme péjoratif a l’air d’être entre les années 70 et 80.
Bonjour Guy, bonjour à tous,
Très drôles oui, mais c’étaient Raiser et Wolinski, une autre époque, moins religieuse. Plus talentueuse aussi.
Si on devait faire un bête inventaire chiffré des »une » qui s’attaquent :
1 aux chrétiens,
2 à l’islam,
3 aux juifs
Il est évident que les deux premiers cités sont ceux qui ont le plus morflé. Mention spéciale pour les chrétiens.
Cette couverture semble dater de 1978. Avez-vous quelque chose de plus récent (car moi, des caricatures du pape, je puis vous en produire xxx sur ces deux ou trois dernières années (idem pour les musulmans).
NB : j’étais à la marche Charlie à Angoulême avec ma petite femme. Pas de procès en sorcellerie please.
Pour finir sur une note plus drôle et un peu nostalgique, je bénie l’époque où les dames avaient encore des poils comme sur ce dessin.
« Opportunistic troublemaking »
http://www.dailydot.com/entertainment/mike-epps-thats-racist-webseries/?tw=dd
Le sujet, chers lecteurs, n’est pas récent ou pas récent, pour ce qui me concerne, mais la différence entre humour et racisme.
Quand Charlie Hebdo fait ce genre de dessin, il se moque de la religion ?
http://negronews.fr/wp-content/uploads/2014/10/CHARLIE-HEBDO.jpg
Non, moi je vois des noires avec des gros nez et des grosses lèvres, voilées, qui défendent leurs « allocations ». Noirs-Musulmans-Allocations… Le même dessin, strictement le même, à la Une de Minute, soulèverait des cris d’indignations.
A-t-on le droit de véhiculer des clichés racistes quand se dit « de gauche » ?
Je pourrais évoquer celle-ci :
http://img.over-blog-kiwi.com/0/32/37/32/201308/ob_7ac8d4c39315c2d12d0e6acad603e71c_coran-merde.JPG
Une répression militaire faisant des centaines de morts, tout ce que ça inspire à des gentils humanistes anti-militaristes, c’est « Le Coran c’est de la merde » ?
Suite aux attentats, il va devenir totalement impossible de débattre du fond idéologique douteux dans lequel baignait Charile-Hebdo depuis une bonne dizaine d’années. Et pourtant, y aurait à dire sur la conversion de ce journal aux visions néo-conservatrices du « choc des civilisation ».
Mais écrire ça, on le sait, c’est déjà être suspect de justifier les djihadistes, les fanatiques islamistes…
Gelluck se fait insulter par les Inrocks parce qu’il s’interroge sur l’utilité du fait de représenter Mahomet avec une tête en forme de bite ou en train de se faire sodomiser.
Justement, le charlie récent -d’après 2001 disons- n’était pas si clair que les exemples que vous montrer sur la question de la ligne jaune entre racisme et humour.
Vous faites partir ce débat (à la con, peut-être) de la comparaison entre charlie hebdo (des années 2000) et Dieudonné (des années 2000). Il n’y a pas de débat selon moi sur les images que vous montrez, et qui correspondent au vieux charlie.
e suis raciste, et j’aime ça. J’aime les Juifs et Juives parce qu’ils sont juifs, qu’importe le flacon. J’aime les maghrébins et maghrébines, musulmans aussi, parce qu’ils sont maghrébins parfois musulmans. J’aime les japonais, surtout les, enfin La, japonaises, shintoïstes, bouddhistes ou pas. Parce tous en prenaient plein la gueule, et parce que ça continue. Mais les gens que j’aime comme j’aime l’odeur de la terre, le scintillement de l’eau entre deux mottes d’herbes, la pluie, le vent, la neige, les aimer jusqu’à l’émerveillement, jusqu’à la rupture de la raison, ce sont les indiens d’Amérique parce que c’est le premier génocide qui a réussi. Et je ne sais pas quoi faire de mon cœur.
C’est un type dans le métro qui voit un noir en train de lire un livre en hébreu. Il s’approche de lui et lui dit : « ça vous suffisait pas d’être noir ? »
Le problème c’est que les mecs mitraillés étaient pas drôles, jouaient dans la même cour que le Dieudonné, et pour faire croire qu’ils étaient drôles on nous présente des pages du journal de Choron dont ils ont usurpé le nom.
Wolinski se conformait á la ligne Val-Charb
« Je suis Charlie Coulibaly » ne me fait pas du tout rire, mais je peux donner une interprétation. Dieudonné est très attaché à la communauté noire et il a ressenti la mort de Coulibaly comme le lynchage, l’assassinat d’un membre de sa communauté. Il n’a d’ailleurs pas écrit « Je suis Kouachi ». C’est vrai qu’il n’y a pas eu beaucoup d’efforts faits pour lui sauver la vie à ce Coulibaly, il a été abattu comme un chien, et là on peut comprendre son empathie. En revanche, il ne manifeste pas beaucoup de pitié pour les victimes (ou autres victimes si on suppose Coulibaly lui-même victime d’un système) et ça ce n’est pas acceptable. Quant au coup du pyjama rayé et de l’étoile, c’est stupide et odieux, il ne peut nier que ce sont des symboles de souffrance et de mort.
En 1977, Jacques Brel chantait: « Ni l’élégance d’être nègre, ni le courage d’être juif ». Personne ne trouvait ça choquant. Sa chanson sur les flamingants, par contre…
Je ne découvre ce billet qu’à l’instant. Et je me suis marré… Je me sens moins seul en lisant Birenbaum. Peut-être une question d’âge. Ou de construction intellectuelle. « Et si Desproges ? Et si Coluche ? » Et s’ils revenaient aujourd’hui, on les foutrait au trou ? C’est bien possible…