À ta Santé, Frédéric !

SLA

Me voilà Frédéric…

Me voilà Frédéric…

(…)

Il faut que je le dise, avant jeudi, au monde qui nous entoure.

Que je leur dise à tous que ton livre est grand. Plus grand que toi, plus grand que nous.

Que tu y vaincs ta maladie. Par un incroyable KO. Toi qui ne peux plus lever les bras…

J’ai lu les épreuves de ton livre en finissant d’écrire le mien.

Nous deux, vieux amis, voisins (nous vivons à cent mètres l’un de l’autre), écrivant et terminant, en même temps, nos deux livres sur nos deux maladies.

Bien évidemment, je ne compare pas ma dépression, celle que tu nommes joliment mon « collapsus » dans mon livre, où tu apparais souvent, à la saloperie qui te mine.

Ta SLA, sclérose latérale amyotrophique, la maladie de Charcot, ramène à peu près mes soucis personnels au rang d’un très vague rhume de cerveau.

Mais voilà que je parle encore de moi… Décidément je ne m’arrange pas ; alors que je veux écrire sur ton livre !

D’abord, si je veux en parler, c’est parce que, toi, tu ne peux plus en parler… C’est qu’il devient difficile de te comprendre, lorsque tu parles.

Eh bien, le voilà, justement, le premier tour de force de La grande santé. À chaque phrase, je t’entends et ton lecteur t’entendra !

Alors j’en parlerai, crois moi. Dès que possible je placerai ton nom sur un plateau de télévision ou de radio ; dès que je le pourrai, je brandirai ton livre, même, en un happening sauvage.

Comme pour dire « Lisez-le, lui qui n’est pas là, parce qu’il ne peut pas ! » J’y arriverai . Je te le promets.

Mais, il y a autre chose.

Ta maladie a connu la médiatisation la plus incroyable de ces dernières années, notamment grâce au Web : le Ice Buckett Challenge… Eh oui… Le défi débile du seau d’eau glacée qu’on se balance sur la tronche, ce défi qu’ont relevé la plupart des people voire des « leaders » qui sévissent en ce bas monde, avait bel et bien pour objet  de médiatiser la lutte contre ta maladie et de collecter des fonds.

Tant mieux pour la recherche.

Mais une fois qu’on s’est aspergé et qu’on s’est gelé pour la bonne cause, une fois qu’on a donné (dans le meilleur des cas), nul ne sait davantage ce que vit celle ou celui qui est atteint.

Et, ça, toi, tu le dis.

Mieux que personne.

Et en plus tu es drôle. Parce que tu te moques. De toi. D’abord. Et du drôle de Gregor que tu es devenu, Gregor, le scarabée de Kafka…
Parce que ton livre, inouï, profond, n’est pas larmoyant – jamais – ni anxiogène. Au contraire c’est une leçon de vie, d’énergie, d’érudition, de savoir, d’optimisme…

Bien sûr, il y a aussi des pages où les larmes pourraient surgir sans prévenir. À cause d’un détail, souvent, car le diable qui t’a saisi est bien dans ces détails…

Et puis parce que l’on devine, au détour d’un silence, en fin de page, tout ce que tu ne dis pas. Par pudeur et par égard pour ton lecteur. Comme pour lui faire croire, avec cette élégance qui ne te quitte jamais, qu’il y a bien pire que ce que tu endures…

Ok Fred… OK. Je te crois… Promis…

Alors, je me suis demandé quel passage je pourrais bien voler au Seuil et publier, ici, pour convaincre le monde entier qu’il FAUT lire ton livre.

J’ai hésité entre plusieurs « scènes »…

Tes recherches infructueuses mais toujours savoureuses pour savoir d’où t’es venu ce mal, tes chutes, tes rendez-vous médicaux farfelus, ta traversée de l’aéroport en fauteuil roulant, ta dernière phrase aussi… Mais non, Fred, je ne gâcherai pas ta chute !

Non… J’ai choisi la page 102 parce que tu n’y es pas tout seul…

LISEZ La Grande Santé

9 Commentaires

  1. Bonjour Guy,
    Voilà, je ne dépose pas ici une réclamation mais une promesse: je lirai « La grande santé ».

  2. Merci Stéphanie.

  3. Moi qui souhaitais parler dans un billet de ma maladie invalidante, je vais attendre un peu, et lire un autre Fred…Merci Guy, et à VOTRE santé:)

  4. Merci Guy. En ce moment, je n’ai pas beaucoup de possibilités financières, mais j’achèterai le livre de Frédéric avant le tien, faudra pas m’en vouloir, d’autant moins que tu es responsable puisque tu nous en parles, le tien sera pour le mois prochain.
    Je l’achèterai pour toutes les bonnes raisons que tu donnes, et qui coulent de source, +1, que tu donnes aussi, mais qui fait écho en moi.
    Pour cette phrase que tu as écrite : « A chaque phrase je t’entends, et ton lecteur t’entendra ».
    Parce que je sais combien pousser un cri contre cette putain de maladie est important. Parce que voilà 7 ans maintenant qu’à la mesure de mes moyens, régulièrement, fidèlement, je relaie celui de Thierry Latran, atteint de SLA. Thierry qui a lancé sur le web son premier cri d’incompréhension, de colère, de désespoir pour l’homme de foi qu’il est et demeure. Depuis il a créé la Fondation qui porte son nom et qui regroupe des fonds destinés à la recherche, notamment sur les marqueurs de la maladie.
    Alors oui, quand le souffle vient à manquer, c’est à nous de porter la parole, la voix, le cri, de ceux qui ne le peuvent plus.
    Vraiment merci.

  5. Touchée.. C’est vrai que tout d’un coup on reprend le sens de la relativité. Même si… Partagé sur FB Guy… et une pensée de Marseille à partager avec Frédéric

  6. Bonjour Guy,
    Sur votre conseil, je vais donc acheter «La grande santé». Naturellement, le vôtre est aussi sur la liste…
    Merci!
    fm

  7. Voilà, je viens de lire « La grande santé ». Je crois que c’est un ré-si, une mélodie à deux notes, comme un dialogue symphonique qui vous laisse meilleur qu’il ne vous a trouvé. Plus apaisé, aussi…Ou quelque chose comme ça. Autant le dire simplement, après tout : c’est un bonheur.
    Il faut transmettre un merci. Un grand et simple merci à Frederic d’avoir trouvé la force de la transmission.
    Merci.

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