Un livre, c’est un chemin sans raccourci(s)

Distance

Il est très frappant…

Il est très frappant…

(…)

… Cet écart.

Ce GRAND écart.

Depuis juste une semaine – une semaine seulement ! – que le livre est sorti, il y a deux catégories de réactions très intéressantes.

Elles permettent de différencier assez finement ceux qui l’ont lu et ceux qui m’ont vu l’évoquer ou ceux qui en ont entendu parler.

Quelle que soit la qualité de mes interlocuteurs croisés dans les médias, il ne m’est pas possible – le temps… – d’y développer le fil complet de ce que je parviens à exposer à l’écrit, mais en plus de quatre cent pages.

Beaucoup de journalistes privilégient une approche centrée sur le Web, l’hyperconnexion, les dangers des réseaux sociaux, etc. Puis la déconnexion, voire la détox digitale. Des sujets à la mode.

Cet angle – au sens journalistique du terme – est le plus commode pour eux. Il est bien présent dans le livre. C’est donc bien normal qu’ils l’exploitent et me sollicitent sur cette dimension. C’est le « jeu ». Rien à leur reprocher si ce n’est parfois de la titraille, un peu caricaturale : « le naufragé de Twitter« , « Esclave du net« , etc… Autant d’images destinées à frapper le lecteur.

En revanche, mes lecteurs me parlent de dépression, de maladie, de douleur, de mal-être, de leurs propres difficultés, de leurs angoisses, parfois similaires aux miennes.

Si je dis qu’ils m’en « parlent », c’est qu’ils commencent à m’écrire, beaucoup. Chaque jour, je reçois via mon mail ou sur les réseaux sociaux des témoignages, des soutiens, des confirmations, des questions, des demandes, même, auxquelles je ne peux forcément répondre.

Mais chacun comprend, en tout cas, et très rapidement, à la lecture que les dimensions numérique ou médiatique ne sont là que comme des symptômes qui signifient la présence d’une maladie bien plus complexe qui touche tout le monde, indistinctement.

Je savais très bien en écrivant ce livre qu’il y aurait une différence de perception entre ce qu’en diraient les journalistes qui suivraient leur angle, ceux qui le lisent et mesurent sa « complexité » et ceux qui n’auraient  connaissance de mon travail que par sa médiatisation et les filtres que les médias créent immanquablement entre un écrit et ce que l’on peut en dire.

Cet article paru hier dans Sud-Ouest est de ce point de vue très intéressant.

Je précise que je trouve cette interview de vraiment bonne qualité.

Il n’empêche que vous voyez probablement la « distorsion » qui existe entre le sens mes réponses et le caractère « explosif » du titre, des intertitres et des mots choisis.

Il y a là, justement, tout le paradoxe qui renvoie au fond de mon livre.

Comme je l’explique désormais aisément, je ne veux plus être esclave (là c’est bien moi qui le dis) du temps court, ni du temps réel, encore moins de l’instantanéité.

J’ai repris la main sur le temps, sur cette grande pendule.

Je restreins le flux du trop. Je le canalise.

Ceux qui me questionnent sont, en revanche toujours – et c’est normal – dans la dimension temporelle – et même « spatiale » – que je décris, que je critique et dont je me retire en plus de 400 pages. Puisque le livre illustre le parcours qui existe entre ces deux « distances » irréconciliables.

Il est donc normal que la lecture du livre, et elle seule, permettre à chacun d’arpenter ce chemin qui n’emprunte aucun raccourci ; à l’instar de ma dépression, au demeurant…


Post Scriptum

D’un certain point de vue, cette interview de plus de quinze minutes, menée, hier, sur BFM Business (rires) m’a permis d’aller assez loin dans une bonne direction…


 

MAJ 17h32

Finalement, mon livre ce sont les blogueurs qui en parlent le mieux… À lire : marcelsel.com

 

19 Commentaires

  1. Merci guy. Simplement…
    Pour moi ce livre est avant tout une histoire d’amour, de reconnexion à soi, à l’autre, à la Vie…
    Parce que pour rendre consciente notre relation à notre histoire familiale, nous avons à éclairer nos loyautés inconscientes. Afin que nos choix de vie soient un peu plus les nôtres..
    Prenez soin de vous

  2. Le je retrouvé

    La superficialité peut tuer, étouffer, pas la vie, mais l’esprit, nous savons toujours quand nous tordons le cou à ce que nous sommes, à nos aspirations, à ce fameux « Je ». Parfois pour payer les factures et parfois aussi c’est une course en avant d’unijambiste de la « réussite ». Sunligt…, cette sorte de lumière peut aussi se retrouver dans les entreprises pour n’importe quel travail, et partout ou il est question de groupes, de gens, d’interactions.

    Il est heureux, je pense qu’un caillou vienne enrayer la machine pour qu’enfin marcher sur deux jambes, permettent à l’esprit de concentrer l’effort là ou il devient créatif.

    Je n’ai pas lu encore votre livre, mais je suis assez contente de ce qui vous arrive, c’est une chance GB….

    PS : vous êtes parfois interwiver par des qui sont pris dans la toile,la course, celle dont vous vous êtes échappé…..

  3. Le je retrouvé

    La superficialité peut tuer, étouffer, pas la vie, mais l’esprit, nous savons toujours quand nous tordons le cou à ce que nous sommes, à nos aspirations, à ce fameux « Je ». Parfois pour payer les factures et parfois aussi c’est une course en avant d’unijambiste de la « réussite ». Sunligt…, cette sorte de lumière peut aussi se retrouver dans les entreprises pour n’importe quel travail, et partout ou il est question de groupes, de gens, d’interactions.

    Il est heureux, je pense qu’un caillou vienne enrayer la machine pour qu’enfin marcher sur deux jambes, permettent à l’esprit de concentrer l’effort là ou il devient créatif.

    Je n’ai pas lu encore votre livre, mais je suis assez contente de ce qui vous arrive, c’est une chance GB….

    PS : vous êtes parfois interviewer par des qui sont pris dans la toile,la course, celle dont vous vous êtes échappé…..

  4. Vrai ce que dit Guy, après avoir lu ce (bon) livre, me suis demandé si les critiques l’avaient vraiment lu, même angle à chaque fois, mêmes conclusions, quasi rien sur une des clés du livre, le rapport à la judaïcité, l’histoire familiale, quasi rien sur l’angoisse du quinqa et le coté « marche ou crève » de nos vies ..
    Bref, il faut lire les livres plutôt que les critiques, j’en ai convainqu mon libraire qui en recommande plusieurs exemplaires après que j’ai eu acheté l’unique qui trônait au rayon santé 🙂

  5. quel bonheur de vous avoir « retrouvé »..Je n’ai pas encore lu le livre, mais j’ai vu votre interview, je crois, sur la 5.
    Qu’importe… Et quel bonheur de voir aussi la plage de Trouville déserte. C’est comme cela que je l’aime !

  6. Bonjour Guy,

    J’ai pu t’entendre chez David Abiker sur E1 et ensuite sur RMC dans les Grandes Gueules.
    J’ai passé un bon moment sur E1.
    Par contre l’orientation sur RMC m’a laissé sur ma faim. Ils n’ont pas lu ton livre sans doute.

    A bientôt, le 17 avril !

    Ervé

  7. On peut se perdre quand les choses nous échappent…. Puis, une unegrande douceur quand on se retrouve….

  8. J’ai lu votre livre et n’ai pu empêcher quelques larmes de couler. J’ai reconnu tous ces symptômes annonciateurs de la maladie, puis la descente dans le néant, mais également cette remontée que l’on croyait impossible, vers une nouvelle vie bien plus heureuse.
    Merci pour votre témoignage qui permet d’expliquer à ceux qui ne sont pas passés par la dépression que non, on ne se laisse pas aller volontairement. La dépression est une maladie.

  9. Bonjour,
    Comme je vous le disais sur FB j’ai lu votre livre, j’ai été très touchée par l’histoire de vos grands-parents et de vos parents. Vous en parlez si bien, j’espère que vous avez vidé le « sac » bien plein que vous avez « trainé » sans que vous en ayez eu conscience, cette page ne s’effacera pas, vous pouvez désormais vivre avec. Je vous souhaite de continuer votre chemin sereinement pour vous, votre famille et… Jedi.
    Amicalement.

  10. C’est bien cela, « la lumière revient », peu à peu l’envie renaît.Les matins ne sont plus une torture.
    Mais vous avez raison Guy, c’est un long chemin. Un chemin tortueux, un chemin semé d’embûches, de virages aveugles.
    La guérison ? Oui, sans doute. Encore que je me demande si la fragilité ne persistera pas, si on parvient à guérir vraiment. Pour l’instant dans le travail que je fais il n’en est pas question.Juste explorer, trouver les failles par lesquelles la maladie s’est glissée.
    Peut-être que je deviendrai un « autre moi », pas tout à fait différent, un peu comme la copie d’un tableau peut avoir quelques notes, quelques nuances différentes.
    Continuer, croire qu’il y a d’autres possibles.

  11. Las, pas de Guy samedi chez Ruquier (je sais, l’émission invite, l’auteur décide d’y aller ou pas). Dommage.

    J’aurais aimé vous voir face à des interlocuteurs pugnaces, voire de mauvaise foi.

    Il vous reste Z et N…

    PS : en cours de lecture.

  12. N’ayant pas été invité, je n’ai aucune difficulté à ne pas y être.

  13. Aller chez Ruquier ? Pour quoi faire ? Leur pub ? bof. #isntit

  14. J’ai envie que ce lien trouvé sur twitter perdure plus longtemps en étant ici (si ça ne dérange personne, auteur ou GB)
    http://htl.li/3xJvlq

    Pourquoi ne trouve-t-on plus ce niveau d’écriture dans la presse écrite?

    …/qui a ce grand talent d’avancer en funambule sans tomber jamais ni dans l’excès du pathos, ni dans la banalité du diagnostic. Dès lors, embringué dans ce rythme tendu qu’offre son écriture, /…

  15. Pardonner ma naïveté mais, ce n’est pas le boulot d’un attaché de presse ? (à défaut, celui ou celle de votre éditeur).

    Ruquier et Caron sont ENERVANTS mais tellement prescripteurs…

    Toutefois, l’auteur a du temps pour se livrer et je parie que Léa Salamé aurait su vous…pénétrer.(honni soit…).

    PS : C’est un pavé, work in progress.

  16. Commovente …

  17. Il faudrait vous demander plutôt pourquoi je ne suis pas invité. Pour ça il faut lire le livre. Pour comprendre.

  18. Inutile d aller chez Ruquier,votre dépression est la dépression de milliers de gens qui n osent en parler de peur de passer pour des naïfs ,votre livre comme celui de monsieur Labro parlent et touchent bien du monde et je ne supporterais pas qu il soit ne fut ce qu un instant mépriser ou critiquer ,cette douleur terrible qui paralyse jusqu a nos muscles et nos organes,cette maladie qui fait si mal que les larmes nous innondent le visage ,cette tristesse qui nous prend jusqu aux tripes a besoin d ETRE compris avec tendresse ,avec gentillesse ,avec respect et avec une intelligence de la vie.
    Ruquier comme d autres font leur boulot ,ils se doivent d attirer l audimat ,il faudrait leur dire a tous ces grands hommes de télévision que « nous »les tristes courageux « nous avons besoin d un peu de rire ,de joie et j espère que plus jamais nous verrons dans ces émissions un petit zemou rien.

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