C’est amusant…
(…)
Non content d’expliquer qu’il quittera la France si Marine Le Pen est élue (on appréciera le courage que cela révèle, comme la qualité morale du propos…), Laurent Ruquier parle dans l’Obs d’un sujet que j’approche d’assez près et qui m’intéresse.
Extrait…
Quelle place souhaitez-vous pour « On n’est pas couché » dans le débat public ?
« – Nous recevons des responsables politiques et nous leur posons des questions que nous estimons intéressantes, point. Si leur réponse ne nous satisfait pas – et c’est l’originalité de l’émission –, on y retourne. Nous exerçons le fameux « droit de suite » cher aux Anglo-Saxons. Nous prenons également le temps de discuter. C’est ce qui nous différencie. Notamment de ces interviews radio du matin, exercice où la connivence est totale – questions données à l’avance, réponses toutes prêtes – et qui, elles, s’inscrivent bien dans le règne de la « petite phrase ». « On n’est pas couché » est à l’opposé de cet exercice. Finalement, c’est une émission anti-buzz ».
Il se trouve que désormais, sur France Info, aux côtés de Fabienne Sintes et de Jean-François Achilli, je participe à l’une de ces fameuses « interviews radio du matin ». Par ailleurs, j’ai quand même quelques heures d’interviews politiques derrière moi. Que ce soit avec Laurent Guimier, puis Bérengère Bonte et David Abiker (et tous nos copains) dans « Des clics et des Claques », avant avec Karl Zero et John Paul Lepers sur le Web, avec Émilie Mazoyer, sur le Web et à la radio et aussi, seul, pour Le Post.fr (des archives existent de toutes ces interviews pour ceux qui ne connaissent pas) ou sur le plateau d’Arrêt sur images (sur le Web). Par ailleurs, j’ai aussi pratiqué l’entretien sociologique – et non plus médiatique – durant de très longues heures, dans le cadre de mes recherches universitaires consacrées aux dirigeants du Front national, il y a de longues années. J’ai donc quelques idées et depuis longtemps sur le sujet « interview politique » que j’abordais, longuement, dans ma thèse sur le Front national.
Venons-en aux remarques de Laurent Ruquier.
Le « droit de suite » ? Bah forcément quand on enregistre pendant 4 ou 5 heures une émission et qu’on passe parfois près de deux heures avec un invité politique (pauses comprises…) il vaut mieux poser et reposer les questions jusqu’à obtenir des réponses… En revanche, il est plus difficile d’exercer cette méthode sur une durée de 14 minutes quand les questions se bousculent et que l’actualité impose plusieurs angles et enjeux. C’est toute la différence entre une interview en direct dans une session d’actualité et une interview enregistrée pour un talkshow qui est là pour divertir sur la longueur, pas pour informer.
Alors pour continuer avec la « cuisine », évoquons notamment cette « connivence totale » que pourfend Ruquier qui, c’est bien connu, ignore tout de cette notion.
La plupart du temps, d’abord, je n’ai jamais rencontré de ma vie, ni dans une réunion, encore moins en tête à tête, les politiques qui viennent s’expliquer au micro. Cela ne rend pas la « connivence » trop évidente ! Quant à ceux – peu nombreux – que je connais – un peu – j’ai appris une chose depuis bien longtemps… L’Homo Politicus (terme générique et mixte) n’a du respect (quand il en a…) que pour celles et ceux qui lui posent des questions qui le surprennent ou le bousculent quant bien même sur le moment, il la prend mal (la question). Car, en vérité, c’est méconnaître la propension de ces « animaux » à s’animer, surtout quand on les challenge. Ils n’aiment que cela et une interview morne les rend terne.
Les « questions données à l’avance » ? Bah vraiment pas chez nous (que Ruquier vérifie, au passage, avec Olivier Mazerolle sur RTL et Léa Salamé qu’il voit toutes les semaines, ce qu’il en est et on s’en reparle…). Il arrive même, trois matins sur quatre, que, pour ce qui me concerne, j’oublie volontairement la question que j’avais escomptée et que je pose des questions, parfois en rafales, en réaction immédiate à ce que dit ou ne dit pas l’invité, sans les avoir aucunement préparées avant… C’est largement la mission qui m’a été confiée : ouvrir mes oreilles, écouter, rebondir, réagir. Surtout, contrairement au plat congelé, monté et remonté, que servent les équipes de Ruquier, nous travaillons sans filet, en direct, ce qui rend, évidemment, tout traficotage ultérieur impossible. Pour l’interviewé comme pour les intervieweurs.
Les « réponses toutes prêtes » ? C’est le seul point où Ruquier n’a pas tort. Les politiques sont tous rompus aux questions qu’on leur pose et préparent toujours leurs interviews. À nous d’essayer de les sortir de cette routine. Nous y parvenons assez souvent, même si parfois la langue de bois reprend le dessus. Mais dans ce cas, cela ne passe pas inaperçu…
La « petite phrase » ? Parce que Ruquier ne la cherche pas, la petite phrase ? C’est son ADN personnel !
Quant à « On n’est pas couché » qui serait une « émission anti-buzz », c’est un peu comme si un camembert bien fait disait à un roquefort qu’il pue…
Voilà, beaucoup d’approximations en si peu de lignes, c’est assez révélateur. Mais chacun a compris, et depuis longtemps, que mauvaise foi, cynisme et mépris du travail des autres sont des qualités importantes (pas les seules, certes, mais elles sont nécessaires) pour émerger, exister puis durer très longtemps dans les médias audiovisuels. C’est plutôt sur ce sujet-là que Ruquier pourrait donner des leçons à nombre d’entre nous.
Post scriptum et disclaimer Le titre – excellent – de ce billet est de Jean-François Achilli. Je ne connais pas très bien Laurent Ruquier, je l’ai interviewé une fois dans #DCDC ; je n’ai jamais été invité dans #ONPC.
J’aurais espéré, cher Guy, que tu abordes plutôt que la mousse médiatique fastidieuse pour le commun des mortels qui ne sont pas de ce milieu, et à mon sens assez superficielle, plutôt le fonds des choses. Surtout quand on connait, en effet, ton sujet de recherche universitaire. Quand Ruquier par exemple tacle un animateur de canal+ à propos de sa manière de travailler et de sa supposée connivence avec le fn, alors que lui-même a tant contribué à la propagation des thèses racistes en France, avec la popularisation d’un Zemmour… Et ce n’est pas tout. L’hypocrisie de ce type tourne à plein, on le sait bien. Inutile donc de te justifier.
Cher Guy, puisque tu te targues d’avoir fait des enquêtes sociologiques, tu devrais savoir qu’à l’accusation générale de Ruquier, on ne répond pas par « je ». Tout le monde sait bien que tu es une exception et que RTL, la meilleure des radios (un peu moins depuis le départ de l’irremplaçable Jean-Michel Aphatie), est aussi une exception dans le paysage médiatique.
On aura deviné que j’ironise.
Par ailleurs, je ne fais pas de grande différence entre la connivence qui ferait fournir à l’avance les questions aux politiques invités et le manque de culture politique et de professionnalisme qui fait que les questions posées par des dindes comme Léa Salamé sont éminemment prévisibles.
Ah, Léa Salamé, la fine fleur des intervieweuses ! Si elles n’existait pas, ses collègues éditocrates l’inventeraient :
http://www.acrimed.org/Meilleure-intervieweuse-un-jury-de-consacreurs-auto-consacres-consacre-Lea
Il y a quand même un point que l’on doit concéder à l’amuseur Ruquier – pour regretter cet état de fait : c’est dans son émission que les politiques ont le plus de temps pour s’expliquer, pour développer une idée, sans être interrompus à tout bout de champ par des pseudos journalistes obsédés par tout ce qui tourne autour des questions de personnes et qui ne s’intéressent jamais aux questions de fond (comme par exemple les programmes politiques).
Et cela, que l’émission de Ruquier soit montée ou non.
Ce n’est tout de même pas de la faute de Ruquier s’il n’y a plus d’émissions politiques dignes de ce nom à la télévision.
Tu as eu raison d’écrire ce texte si tu en as éprouvé le besoin. Mais je n’imagine pas une seconde que vos auditeurs rationnels pensent que les questions de Jean-François Achili et les tiennes sont préparées ou qu’il y a quelque connivence de caste. Les autres trouveront toujours des traces de complots dans toute situation. Quant à Ruquier c’est dans son ADN aussi de dénigrer tout ce qu’il ne maîtrise pas.
Bonjour à tous,
Effectivement Guy, vous n’avez jamais eu l’honneur d’être invité chez Ruquier. Ses équipes sont pourtant (j’imagine) à l’affût de tout ce qui se publie… Ils n’ont pas jugé pertinent de vous convier pour la sortie de ‘Vous m’avez manqué’.
Tolérance à la frustration.
Par ailleurs, c’est vrai que vous bossez en radio (publique) et donc forcément en direct, sans filet. Cela change tout. Ne rien pouvoir couper, monter à posteriori rend l’exercice bien plus difficile.
Il n’est qu’à ré-écouter l’interview de F Phillipot il y a quelques jours, quand il vous a déstabilisé ainsi que vos deux collègues tous très neutres politiquement…
Comme dit le poète Cali, c’est pas facile tous les jours…
Je ne sais pas de quoi vous parlez réginald. « DéstabiliséS » il y a quelques jours par monsieur Philippot ? Expliquez moi.
Oui Varlin c’est vrai, il n’y a aucune émission politique digne de ce nom à la tv, tout à fait d’accord avec ça.
Gédéce, ce que tu nommes la mousse médiatique fait justement le lit de l’extrémisme… Expliquer que les politiques et les journalistes sont connivents tous les jours, c’est exactement ce que j’entends chez ceux qui justifient leur rapprochement avec le FN. CQFD
Et Ruquier, ses infos sur les questions données à l’avance, il les tient de qui? De Lea Salame?
J’allais sans doute écrire une tartine sur le pourquoi du comment j’éprouve une profonde sensation de malaise quand je regarde Laurent Ruquier à la télé et plus particulièrement dans ONPC. Et puis non, je fais faire court mais sincère: Je n’aime pas ce monsieur.
C’est purement subjectif mais il y a un truc en lui qui me chiffonne et m’invite à la méfiance. Il y a un truc faux en lui.
Voilà pour ce commentaire très éclairant qui fait grandement avancer le schmilblick.
Ps: Sacha, vous êtes le genre de garnement qui aime pincer sa petite soeur juste pour le plaisir de la voir hurler.
Je sais la jouissance des petits plaisirs sadiques mais ne devenez pas cruel, c’est affreusement mal élevé.
Si vous voulez jouer, n’usez pas de mauvaise foi.
Du panache, bordel, du panache!
On peut parer Guy, de travers et de défauts (qui n’en a pas?) mais je pense que le jour où mr Birenbaum sera déstabilisé par un politique a fortiori par un frontiste, bah il pleuvra de la merde à cause de cochons volant en escadrille au dessus de nos têtes.
C’est sur cette image poétique que je vous souhaite le bonsoir.
D’accord As, je ne recommencerai pas…
Pour ma petite sœur, comment avez-vous su ?
Toujours autant d’ invités chez Laurent Ruquier ? Pour moi, il tentait de répondre aux reproches qui lui sont fait. Et vous en rajoutez une couche… Vous allez encore vous faire un ami. Je ne regarde pas On n’ est pas couché. Je ne trouve pas les questions aux invités intéressantes. Au-delà du complot, toutefois, vous êtes tous soumis à ne pas perturber l’ ordre public et comment vous en vouloir ? Les politiques sont également soumis à l’ information et doivent souvent réagir en fonction de cette dernière… Normal qu ils essaient de la contrôler un peu. Et puis, David Abiker ne fait jamais part de ses opinions comme il est journaliste. Il en va de l’ information comme du pouvoir en interdépendance
Cher Sacha,
Je ne vous interdis pas d’être vous.
Je vous prie juste de le faire avec une certaine élégance. Je sais que vous en êtes capable.
Nos avis sont souvent divergents mais vous n’êtes point sot.
J’ai tendance à aimer un bon match de boxe à condition qu’ils se déroulent entre gentlemen.
Pour votre soeur/cousine/camarade d’école, je peux évoquer l’instinct, la psychologie de comptoir basée sur la structure de vos phrases ou une certaine forme de malice (je suis une incorrigible pécheresse en la matière).
Avant quand les invités m’intéressaient j’avais du plaisir à regarder l’émission de Ruquier. Ça devient impossible de rester devant la télé sans que je comprenne trop pourquoi. Ça vient de moi ou l’accoutumance rompt l’effet?
On pourrait écrire un dictionnaire des idées reçues rien qu’en notant le verbatim de Léa Salamé.
Mise en scène: dire qu’elle vous déroute.
Timbre de la voix: personne n’a le même. Se scandaliser quand plusieurs chanteuses ont le même.
Etc.