Nous t’avons accompagné, Frédéric.
Nous t’avons accompagné, Frédéric.
(…)
Avec Séverine, vos enfants, les familles, les amis…
Il y a un an, le 1er avril (!!!), nos livres étaient sortis. Ensemble.
Hier, après la messe, depuis la Place, un improbable cortège, étiré comme un serpentin, a grimpé la grande rue du Marché, pour rejoindre le petit cimetière.
Voilà.
Tu es là maintenant.
Tout près.
Je viendrai t’y parler de temps en temps.
Je passe très souvent devant le cimetière mais, jusqu’ici, je n’avais jamais osé entrer.
Maintenant, j’y ai mon but. Au fond de l’allée où nous t’avons laissé ; tranquille.
Je viendrai bientôt te raconter le concert de Paul. Et puis après, surtout, je te dirai comment se passe la sortie de L’Intervalle, ton livre.
Salut Fred !
Au fait, je vais faire un effort et, c’est promis, un de ces jours, j’essaierai de reprendre la Recherche…
«Collapsus»
Je passe le week-end avec un livre : Le cinquième Beatles, la biographie du footballeur George Best par Vincent Duluc. Les destins fracassés m’intéressent, désormais. La descente aux enfers du footballeur, sa dépression, ses addictions, l’alcool, sa mort… Tout me parle et tout résonne. Comme si je connaissais et comprenais, désormais, une langue que je n’avais jamais apprise.
Pendant ce temps, Proust et la Recherche sont toujours posés sur ma table de nuit. J’explique à mon ami Frédéric que j’ai le sentiment que la résolution de lecture de la Recherche, à l’aube de la nouvelle année, a participé de ma dépression, et que depuis je n’ose reprendre ma lecture là ou je l’ai arrêtée…
Quelques jours plus tard, Frédéric qui, lui, a tout lu m’écrit : « Je pensais à ta remarque l’autre soir, quand tu établissais un rapport entre la description d’une église dans la Recherche et ton collapsus (appelons ça comme ça). Tu parlais de ton étonnement devant l’intérêt que tu prenais à ces minutieuses et interminables descriptions mais aussi de ta crainte à reprendre cette lecture, puisqu’elle coïncide avec l’effondrement. Mon hypothèse : ce qui t’a retenu presque à ton insu c’est la jouissance du langage. Proust fait vibrer la langue comme un violoniste virtuose les cordes de son instrument. D’où jouissance. Le contraste avec la vie réelle était trop violent. D’où: dépression. C’est pourquoi on pourrait parler de révélation.
Un artiste/écrivain que je connaissais avant qu’il ne meure répétait souvent : “Tout est symbolique parce que tout est symbolique.” Et en effet les parties sérieuses se jouent dans ce cercle. » (Extrait de Vous m’avez manqué, Les Arènes, avril 2015).
Et puis reprendre « la recherche » comme tu écris, ça pourrait signifier qu’on a rien trouvé, ou que c’était pas ça…
C’est délicat.
http://youtu.be/JiL5JpUtjqY
@Pierre, la Recherche, avec un R… Celle de Proust.
Bonsoir,
Oui j’avais bien compris !
ou que c’était là …que c’est là et qu’on ne pouvait pas voir,…En réalité tout ce dont nous avons réellement besoin nous le connaissons, nous le savons, et quand nous le comprenons …le temps…l’angoisse dans la recherche du temps perdu,… Avec le temps retrouvé le sens de ce temps qu’il faut et certainement, la reconnaissance du temps qu’il fallait.
En somme il nous faut, fallait Chercher.