Il y a deux jours, moquant d’avance la folie médiatique et l’engouement numérique qui allaient forcément accompagner la ruée vers les terrasses et autres lieux de nouveau ouverts, j’ai commis ce tweet :
Je ne sais pas ce qui sera le pire demain. Les gens, installés en terrasse ou dans les cinoches, qui partageront leurs clichés sur le web ou bien les chaînes d'infos qui filmeront les gens, installés en terrasse ou dans les cinoches, en train de partager leurs clichés sur le web.
— guy birenbaum (@guybirenbaum) May 18, 2021
Quelques membres avisé(e)s de la confrérie de l’oiseau bleu ont lu là la réflexion d’un pauvre mec blasé. Un de ces connards qui préfèrent critiquer les autres que de profiter de la vie et des quelques bonheurs qu’elle nous laisse encore, la vache.
Condescendance, mépris, aigreur, j’ai eu droit à de nombreuses remarques désagréables. C’est le jeu. Tu es visible, tu es visé.
Mais le sujet est trop important pour ne pas y revenir en quelques lignes.
Mon propos n’était pas le bonheur retrouvé… mais son partage numérique et son exposition médiatique.
Je pense, et plus les années passent, plus je le pense, que le bonheur, la beauté, nos émotions sont gâchés si nous les exhibons en temps réel, oubliant de simplement vivre ce moment présent. Je parle en connaissance de cause puisque je me suis comporté ainsi durant des années.
J’ai expliqué ça, notamment dans un bouquin qui n’a pas eu le sort que j’aurais souhaité pour lui. Mon Petit manuel pour dresser son smartphone, sorti en septembre 2017, chez Mazarine décrivait exactement ce que j’ai nommé (dès 2015, je crois) une « servitude volontaire. »
Voici quelques pages dédiées à cette servitude et à cette idéologie – car c’en est une – du partage.
En espérant être ainsi mieux compris qu’en deux cent quatre vingt signes.
Tssss ! Je t’avais invité, j’avais garé mon Aston Martin DB9 sur le parking et t’es jamais venu…
Mais je venais déjà dîner aux Vapeurs au début des années 70 en Ferrari, départ de Paris à six heures du soir et retour vers minuit !
Bah j’étais pas là…
J’avais très bien compris ton tweet de mon côté. Sinon, le partage modéré ne fait pas de mal à l’existence, je crois.
😉
T’étais pas là en 1970, ou en 2018 mon bon Guy ? Il faut me pardonner j’ai toujours aimé les voitures très rapides et la sonorité des V12 !!! Mais en 2018 j’aurais été content de passer un moment et de croquer quelques fruits de mer en ta compagnie aux Vapeurs !