C’était hier matin. J’étais assis sur le sable, face à la mer. La Manche. La plage de Trouville était encore quasiment vide. La dame en maillot violet est arrivée derrière moi, avec son sac, sa petite serviette et ses chaussures à la main.
C’était hier matin. J’étais assis sur le sable, face à la mer. La Manche. La plage de Trouville était encore quasiment vide. La dame en maillot violet est arrivée derrière moi, avec son sac, sa petite serviette et ses chaussures à la main.
(…)
– « Bonjour monsieur » me dit-elle.
– J’ai grommelé un vague « Bonjour ».
C’est que je déteste que l’on me parle, quand je suis en train de regarder la Manche qui monte.
– « La mer monte, là, monsieur ? »
– « Oui, madame, la mer est en train de monter ».
– « Et, dites-moi, monsieur, est-ce qu’il y a assez d’eau pour se baigner ? »
Devant mon silence totalement interloqué, la dame en maillot violet a répété une deuxième fois sa question. Pensant probablement que je ne l’avais pas entendue.
– « Est-ce qu’il y a assez d’eau pour se baigner, monsieur ? »
J’ai tenté de réprimer le fou-rire qui, du coup, montait, lui aussi…
– « Bah, oui, madame, regardez devant vous, des kilomètres de mer »…
Et je lui ai montré la Manche immense, face à elle. Avec le Havre sur la droite, évidemment aucune côte visible en face et la digue, sur notre gauche…
– « Des kilomètres et des kilomètres de mer, madame… »
– « Très bien, merci monsieur. Bah je vais me baigner, alors. »
La dame en maillot violet a posé ses affaires et est partie dans la mer… Non sans m’avoir demandé de surveiller son sac, sa petite serviette et ses chaussures.
Je ne l’ai pas vue repartir.
Depuis que des gens pensent que je suis capable de leur répondre, lorsqu’ils me posent une question, personne ne m’avait encore jamais demandé s’il y a assez d’eau dans la Manche, pour se baigner.
0 commentaires