C’est une phrase passée inaperçue…
C’est une phrase passée inaperçue…
(…)
Il y a le flux, le vent, le rien.
Et il y a le reste.
Dans ce reste, il arrive que l’œil reposé, car s’épargnant les buzz à deux balles, repère une perle.
L’auteur est l’avocat Gilles-William Goldnadel.
Il plaide dans l’Obs la cause de son client Patrick Buisson.
D’après l’hebdomadaire, l’ex-conseiller du Président Nicolas Sarkozy ne devrait plus tarder à répondre de soupçons de « favoritisme » et de « détournement de fonds publics » pour avoir facturé à la présidence plus de 5 millions d’euros entre 2007 et 2009 pour des sondages, sans appel d’offres.
Cela n’inquiète nullement l’avocat qui vante les mérites de son cher client…
« … mon client a analysé les sondages avec la qualité et l’acuité que même ses pires détracteurs ne lui contestent pas« .
Ah bon ???
« Il n’y a pas un seul type sérieux, de droite, de gauche comme du centre, qui puisse contester son statut de maître irremplaçable sur le plan de la sociologie électorale et politique«
Ah non ???
J’espère pour Patrick Buisson qu’aucun magistrat ne lira cette interview. Il vaudrait mieux pour lui que son avocat ne reprenne pas cette défense devant un juge…
Rétroviseur…
Veille du premier tour de la présidentielle…
Grisé et oubliant la prudence – élémentaire – inhérente aux métiers de l’ombre, l’éminent conseiller Buisson donne une interview au Monde (18 avril 2012)…
Sous ce titre, éminemment prédictif et péremptoire, on pouvait lire ce qui suit à propos du candidat François Hollande :
« Il est à peu près au niveau de premier tour où les instituts situaient Ségolène Royal en 2007 à pareille époque et tout indique qu’il rassemblera le 22 avril moins de suffrages que celle-ci. Il n’y a aucune dynamique en faveur du candidat PS ».
Voyons, voyons…
En avril 2007, Ségolène Royal avait obtenu 9.500.112 voix sur 36.719.396 suffrages exprimés.
En avril 2012, François Hollande a recueilli, 10.273.582 voix sur 35.885.739 suffrages exprimés.
François Hollande a donc rassemblé plus de voix (qui plus est sur moins de suffrages exprimés…) que Ségolène Royal, contrairement au pronostic foireux et foiré de monsieur le « maître irremplaçable sur le plan de la sociologie électorale et politique« .
Donc, si on ne parlait pas d’argent public, je pourrais rire quand je lis – pour justifier l’absence d’appel d’offres et les émoluments inouïs touchés par Buisson – qu’il « a analysé les sondages avec la qualité et l’acuité que même ses pires détracteurs ne lui contestent pas » et qu’il « …n’y a pas un seul type sérieux, de droite, de gauche comme du centre, qui puisse contester son statut de maître irremplaçable sur le plan de la sociologie électorale et politique« .
merci
Et bing.
Vous en voulez encore ?
Le Monde 14 Janvier 2012
« Dans l’entourage du président, on dresse un parallélisme entre François Hollande et Edouard Balladur, en 1995. ‘Il était haut dans les sondages, mais on ne rencontrait personne qui votait pour lui’, se rappelle Henri Guaino, conseiller spécial de M. Sarkozy. De là à espérer qu’il en sera de même pour M. Hollande, il y a un pas, franchi par M. Buisson : ‘Il y a une fracture souterraine. Elle va apparaître brutalement.’ »
Le Monde 20 Janvier 2012
« M. Sarkozy parie sur un effondrement à terme de François Hollande et espère préserver son socle électoral grâce à sa stature présidentielle. Un 21 avril bis, jugé plus probable qu’un 21 avril à l’envers par Patrick Buisson, conseiller de M. Sarkozy, le sauverait d’un deuxième tour jugé perdu face à M. Hollande. (…)
Le Monde 23 avril 2012 (entre les deux tours de la présidentielle)
« Un conseiller du président diagnostique : ‘La stratégie de Buisson était la bonne’ (…). A l’Elysée, Patrick Buisson jubilait, jugeant sa stratégie confortée. (…). ‘Jamais la droite n’a été aussi élevée, saluait Guillaume Peltier’ (…) »
Le Point 9 Mai 2012
« ‘Si Nicolas Sarkozy perd, c’est que je l’aurai mal conseillé’ Patrick Buisson faisait claquer ces mots devant nous, il y a un an tout juste, en mai 2011. »
Europe 1 10 Mai 2012
Nathalie Schuck (Le Parisien – auteure de Coups pour Coups – Editions du moment) :
« Patrick Buisson répète à Nicolas Sarkozy : ‘tu vas voir, François Hollande va se balladuriser, il va tomber jusqu’à 20% dans les sondages, on peut même avoir un 21 avril à l’endroit’ où François Hollande aurait été éliminé par Marine Le Pen. C’est ce qu’il lui répète et ça ne se produit jamais. »
CQFD @thomas
Ce n’est si bête que ça en a l’air.
L’article 35 III 4° du CMP prévoit une procédure de mise en concurrences très « allégée » pour les marchés qui ne peuvent être confiés qu’à un seul prestataire
Il doit être prouvé qu’un seul fournisseur est capable d’effectuer les prestations en cause. Les motifs peuvent tenir à des raisons techniques, artistiques, ou relatives à la protection de droits d’exclusivité. En outre, le besoin de l’organisme ne doit pouvoir être satisfait que par cette prestation.
Donc, en plaidant que seul Patrick BUISSON était à même de mener à bien ces analyses, son avocat se place implicitement sous le bénéfice de cette exception au respect strict des règles de passation des marchés publics….ça se plaide.
Amicalement.
Ça se plaide en droit et je pige l’argument mais tout indique qu’on est face à une arnaque majeure, (in)compétences comprises si je puis dire…
Sans doute, mais dans ce métier (je parle de celui de Goldnadel) on fait avec ce qu’on a, et la ligne de défense est assez adroite. Bref il fait son boulot, et plutôt pas mal si je puis me permettre un avis personnel.
J’imagine la suite de la plaidoirie, quand la compétence de Buisson aura été mise en cause : « mon client avait l’obligation de moyens, pas de résultats. La sondologie n’est pas une science exacte ».
A cette époque, les sondages étaient affaire de communication et comme, les journaux télévisés étaient tous orientés dans le même sens, cela n’a jamais fuité.
C’était une commande de sondages pour « permettre » à Sarkozy de se faire réélire…
Et ça n’a pas marché, parce que les sondages étaient orientés surtout anti-immigration mais aussi anti-pauvres
Et quand je dis que c’est normal d’avoir de tels pervers au pouvoir quand les entreprises s’épanouissent dans un rôle anti-social, on ne ma croit pas
Buisson est peut-être le comte de St Germain et secret oblige,ils ne peuvent pas nous le dire.
peut-être!!
Peut-être que ce serait une défense habile si, comme l’avocat l’espérait, les journalistes avait repris ses éléments de langage en leur nom. Là le côté « c’est l’avocat qui le dit » risque de ne pas plaire aux magistrats, c’est quand même une grosse manoeuvre.
Si il ne finit pas en prison et si cela ne mouille pas d’autres personnes (l’argent était vraiment pour Buisson?), on verra si ces grosses manoeuvres sont là pour sauver la face de la justice, une fois de plus dans son rôle d’ « impuissante » comme face à Sarkozy. Ou si c’est juste une ligne de défense nulle, parce qu’il n’y en a pas d’autre.
Trop de non-lieux ont eu lieu.
Souhaitons juste que pour le choix de l’avocat, Buisson ait fait preuve de « sa qualité et son acuité » tellement probantes et donc qu’il soit condamné.
C’est pas faux comme titre. Je lui ai toujours trouvé une tête de gourou…
C’est le buisson qui cache la forêt! Sous-sol de l’Élysée, où ces officines dévouées au sarkoschisme, poussaient comme des champignons.Irremplaçable parce qu’il est le seul a ne plus virevolter de plateaux télé en studios média….
Je n’aime pas du tout Gilles-William Goldnadel, mais pas du tout. Il est tout ce que j’execre…
Oui Goldanel pour la cause buissonière c’est comme m^me une drôle d’époque ce mélange des genres…. il fut un temps ou ces deux là n’auraient jamais pu frayer ensemble…
Je sais les avocats lalala, je connais et j’en défends le principe avec férocité, mais là c’est autre chose, ça dit des choses…
Salut Martin