Je pourrais raconter mille moments magnifiques vécus au micro.
Je pourrais dire le mal que m’a fait l’antenne aussi.
Mais c’est un tout autre souvenir que j’ai choisi.
Il me renvoie à mon premier passage à Europe 1, entre 2007 et 2014.
La scène se déroule le 22 février 2012.
J’arrive à Europe 1 pour rejoindre les bureaux de « Des Clics et Des Claques » (émission culte).
Pour m’y rendre je passe devant le grand studio où sont enregistrés les musiciens qui passent en live sur l’antenne dans l’émission de Thierry Lecamp « On connaît la musique ».
Et là…
J’entends une ritournelle de guitare.
Je ne l’entends pas, je la reconnais.
Elle me saisit au bide cette gratte…
Je regarde à travers les stores du studio en pensant qu’un groupe joue des reprises.
Là ce que je devine me troue.
Mais je continue quand même à avancer machinalement, automate, vers nos bureaux.
J’ouvre la porte dans un nuage.
Je pose mon sac sur mon bureau comme un dingo en hurlant à moitié d’une voie étranglée :
« Y’a les Stranglers à Europe ???? »
Eh oui…
Y’a les Stranglers à Europe.
Les Stranglers.
La ritournelle, dans le couloir c’était ça…
Je m’installe en régie et là.
Je suis soulevé du sol par une émotion énorme.
Une boule dans la gorge. Une autre à l’estomac.
Des frissons.
Me voilà en décembre 1981 dans le parc du lycée.
Parce que les quatre gars en face moi commencent…
Ce clavecin là est devant moi.
Dans mes oreilles.
Pour mes yeux.
C’est LE jour de chance.
Le groupe se reprend plusieurs fois pour que l’enregistrement soit le meilleur possible.
Le plaisir est doublé, triplé même.
Je suis collé contre un poteau dans la régie.
Môme.
Projeté plus de trente ans en arrière.
Hier, j’ai eu vingt ans et des poussières.
À la fin de l’enregistement, l’ingénieur du son a dit dans le micro d’ordres … « That’s Live Music Baby ! »
Ce texte a été publié sous le titre « C’était hier » le 23 février 2012
Je me permets => https://twitter.com/croisepattes/status/1399678527490990080
quelle chance… une des plus belles chansons du monde, non ? Pour moi, sans que je puisse dire pourquoi, ce bijou est le rejeton d’un autre bijou, le Days Of Pearly Spencer de David McWilliams. Quand je pense à l’une, je pense à l’autre. Des chansons qui ouvrent des territoires à elles seules, et que personne n’explore derrière…
😉