Il y a des matins, on ne sait plus très bien ce qu’il faudrait faire…
Il y a des matins, on ne sait plus très bien ce qu’il faudrait faire…
(…)
J’ai écrit, le 24 janvier 2008 (sur le Post), un billet titré « Juste un marronnier« .
Le voici…
Je l’ai appris hier en lisant les dépêches de l’AFP.
Le marronnier d’Anne Frank semble sauvée de l’abattage ; pour 5 ou 10 ans.
Je devrais me réjouir de cette information, puisque je m’inquiétais ici, en novembre dernier, de son triste sort.
Pourtant, lorsque je suis entré dans les détails de la décision, j’ai eu un peu froid dans le dos.
Ce marronnier, le seul lien d’Anne Frank avec la nature, et donc la liberté, dans son Journal (la jeune fille juive vécut cachée des nazis durant près de deux ans) devrait, en effet, achever sa vie dans…un carcan d’acier.
Un accord, signé lundi, et impliquant aussi bien la Fondation Anne Frank, la Fondation pour les arbres, le propriétaire de l’arbre (qui voulait l’abattre), la ville d’Amsterdam et des riverains prévoit que l’arbre sera soutenu par une structure métallique l’empêchant de tomber.
C’est que le marronnier pourrit, attaqué par des parasites.
La Fondation Support Anne Frank Tree, chargée de l’application de l’accord et de l’entretien de l’arbe, devra donc faire placer autour « une ceinture ancrée dans le sol par des tiges d’acier ».
Ce n’est pas tout.
J’ai découvert en terminant la lecture de la dépêche que « plusieurs greffons ont été prélevés sur l’arbre, qui devraient permettre à terme de replanter un marronnier génétiquement identique à celui qu’observait Anne Frank, lorsque aucun sursis ne sera plus possible pour celui qui vient d’être sauvé ».
Vous avez lu comme moi : « replanter un marronnier génétiquement identique à celui qu’observait Anne Frank ».
Un de ces jours, on pourrait donc cloner le marronnier d’Anne Franck.
Puis remplacer le vrai par son clone.
Je n’aime pas cette nouvelle.
Eh bien, j’ai l’air malin ce matin.
Depuis hier exactement.
Le marronnier est tombé.
Mauvais, le vent…
Voilà.
Je me relis et je ne sais plus du tout ce que je dois penser des greffons prélevés sur l’arbre, pour permettre de replanter un marronnier génétiquement identique à celui d’Anne Franck…
23 février 1944, extrait du Journal d’Anne Franck :
« Nous avons regardé tous les deux le bleu magnifique du ciel, le marronnier dénudé aux branches duquel scintillaient de petites gouttes, les mouettes et d’autres oiseaux, qui semblaient d’argent dans le soleil et tout cela nous émouvait et nous saisissait tous deux à tel point que nous ne pouvions plus parler ».
il n’y a qu’un arbre, qu’un marronnier d’Anne Frank, le greffon sera un autre arbre, un arbre qu’elle ne voyait pas de sa fenêtre, deux jumeaux ne sont pas les mêmes personnes.
C’est l’Histoire , c’est le temps qui fait les hommes. Le recours à la génétique, ici, c’est juste une expression moderne de notre impuissance, une volonté désarmante – et touchante- de mettre du concret sur notre mémoire, mais la mémoire d’Anne Frank est dans nos têtes, et c’est notre responsabilité ; nul greffon ne saurait l’endosser.
En son temps j’avais approuvé le carcan en tiges de métal, à l’instar de Frida Kahlo dans son corset métallique, l’acharnement thérapeutique devait figurer le projet d’éternité de la mémoire d’Ann Franck. Après vouloir maintenir un marronnier pour greffer les esprits à l’idée d’espoir dans l’horreur est une entreprise honorable dans un monde qui manque de repères.
J’espère que ce n’est pas un présage..
Un sublime hommage serait de reconvertir ce marronnier en pâte à papier.
Le greffon même cloné, ne sera jamais celui sur qui Anne Franck a écrit, rêvé. Il n’aura pas été le témoin de la folie des hommes. Je trouve illusoire cette idée de clone.
Cet arbre a subi les affres du temps, de la maladie. Il a poursuivi son cycle de vie, observateur impassible des grandes horreurs et des petits bonheurs de l’humanité.La nature toute puissante a mis fin à sa destinée d’observateur silencieux. C’est la fin d’un cycle. Le début d’autre chose. Vouloir charger symboliquement « le passé » de cet arbre dans ses greffons ou ses clones est inutile. Il nous restera à jamais la présence et l’intensité de ce modeste marronnier dans les écrits d’Anne Franck. Il suffira ensuite de pénétrer une forêt pour ressentir toute l’intensité du manque et de l’isolement ressenti par la jeune vie. Pour se sentir imprégné par la peur et l’espoir insensé d’une vie face aux plus traumatisantes blessures de l’humanité.
Je suis sûre de trouver plus d’émotions à relire son journal à l’ombre protectrice d’un arbre quelconque que devant le greffon d’un arbre disparu dont l’authenticité sera validée par une petite plaque apposée dessus.
Après cela n’est que mon avis et peut-être d’autres personnes ont besoin de préserver ce symbole « vivant » mais si c’est fictivement via des clones.
Je ne juge pas négativement la démarche, je donne juste mon opinion.
Bonne journée à tous.
http://twitpic.com/2hhnsm
Du coup ça m’a beaucoup fait rire cette histoire
@astrid
Cloner un arbre pour le symbole touche un peu au ridicule c’est vrai, tout comme laisser le soin a un arbre gigantesque entouré d’habitations de choisir son moment pour s’écrouler.
L’arbre est tombé, la mémoire humaine peut s’arrêter.Puis reprendre à Paris, où une autre Anne, ou Myriam, ou Djezabel, ou Luludja (arbre de vie en Rom) y retrouvera ses paillettes d’eau et ses pigeons francdus (rendus par la france du IV reich) à l’errance.
Il est des mots qui font peur. Il est est ainsi de clonage. Pourtant le clonage des végétaux est aussi vieux que le monde. Il ne faut pas confondre avec le clonage des mammifères, et encore moins avec celui des hommes. Cela n’a rien à voir avec les OGM non plus. La plupart des végétaux (et pas mal d’animaux) se reproduisent par « clonage », les repousses de fraisier, par exemple, c’est du « clonage ». Quand ce sont les hommes qui le font, en langage courant, on appelle cela une bouture. Cela ne met pas en danger la planète.
Alors, Guy, une bouture pour le marronnier, cela gêne ta conscience ?
Pourquoi ne pas laissez mourir ce marronnier.
La mémoire, est bien plus importante que ce marronnier dont j’ignorais qu’il fut encore là.
….Ma fille rentre dans mon bureau au moment ou j’écris ces lignes, elle a 15 ans , je lui pose la question, elle se souvient évidement d’Anne Franck mais pas du marronnier,la maison me dit-elle oui, mais le marronnier, répète-t’-elle perplexe, avec une moue ne laissant aucun doute sur l’étonnement (peut être l’insignifiance),la perplexité que suscite mon questionnement….
IL faudrait planter, au même endroit un jeune marronnier plein de sève donnant des feuilles s’élevant fièrement au printemps….comme devrait l’être celle de cette, ces jeunes vies volées.
L’ émotion, la transmission, la mémoire ne se clonent pas.
Encore du sentimentalisme, mâtiné de misérabilisme.
loooves BA o_O
Encore une objet de l’Histoire (ou « l’histoire ») qui ne sera pas éternel.
On récupérera des morceaux du tronc et on les exposera dans un musée…
Le marronnier d’Anne Franck, c’est un marronnier ?
http://anthropia.blogg.org
Sob.
Il y a des réactions bizarres sous ce billet.
Curieuse de ce que la presse écrivait sur le sujet, j’ai lu, que sachant la fin prochaine en 2005, 150 marrons avaient été prélevés et les jeunes poussent furent clairsemé ça et là….http://lci.tf1.fr/science/histoire/2010-08/le-marronnier-d-anne-frank-sauve-en-2007-de-l-abattage-renverse-6044413.html
Voilà la transmission assurée
Oui les jeunes poussent mais dans le texte….pousses
claisemées
Ce marronnier n’est pas prisonnier du passé et des symboles. La mort fait partie de la vie.
@bibi
paradoxe
et la vie ne peut se concevoir sans la mort
Bizarre, vous avez dit bizarre…